« Kyûdô », l’art du tir à l’arc japonais
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D’une discipline pour forger le corps et l’esprit à un sport de compétition
Le kyûdô est l’art martial japonais du tir à l’arc. Autrefois appelé kyûjutsu, le tir à l’arc des guerres médiévales japonaises, il a évolué avec le temps pour devenir le kyûdô, « la voie de l’arc ».
Le but ultime du kyûdô est de forger son corps et son esprit en se concentrant pour tirer la flèche au moment propice, le ma-ai. Mais il est aussi pratiqué comme sport de compétition : il y a des clubs de kyûdô aussi bien dans les écoles qu’en dehors, et il est possible de passer des examens pour progresser dans les grades (dan), comme dans d’autres arts martiaux japonais. Les fans de kyûdô se multiplient grâce aux animes tels que « Hirahira Hyun », des manga et des jeux vidéos.
Le tir à l’arc a depuis longtemps existé dans le monde entier. Au Japon, un objet ressemblant à un arc et datant de l’âge de pierre a été découvert. Plus tard, au cours des cérémonies qui se tenaient à la cour impériale et dans la classe des samouraïs, le tir à l’arc occupait une place importante. Durant l’époque de Kamakura, une nouvelle pratique vit le jour : l’archerie équestre. Cette pratique visait à forger l’esprit et le corps des guerriers. Cependant l’arrivée des armes à feu au XVIe siècle a chassé les arcs et les flèches des champs de bataille, et le tir à l’arc est devenu exclusivement une voie martiale au même titre que le kendo, le judo, l’aïkido ou le karaté. L’arc deviendra pendant l’époque d’Edo la première arme à maîtriser pour les aspirants guerriers, selon la liste 18 arts martiaux.
Les fondamentaux du kyûdô : « shahô hassetsu »
Le shahô hassetsu définit la série des huit étapes du tir. Ils s’effectuent sans interruption tels huit noeuds d’une tige de bambou, à la fois indépendants et connectés.
1- Ashibumi : placement des pieds
2- Dôzukuri : affermissement du torse
3- Yugamae : mise en place de la flèche sur l’arc
4- Uchiokoshi : élévation de l’arc au-dessus de la tête
5- Hikiwake : abaissement de l’arc tout en écartant ses bras, ouverture de l’arc
6- Kai : ouverture complète de l’arc, harmonie entre le corps, l’esprit, l’arc et la flèche
7- Hanare : libération de la corde par la main droite, propulsion de la flèche
8- Zanshin : l’archer, toujours concentré, maintient la pose dans l’extension du kai
À la poursuite de la vérité, de la bonté et de la beauté
Les compétitions de kyûdô se déroulent sur courte ou longue distance. Dans les compétitions courte distance la cible est située à 28 m et a un diamètre de 36 cm. Le but est de frapper la cible. Dans les compétitions longues distances, la cible est à 60 m et le diamètre est d’un mètre. Plus les archers tirent dans le mille, plus ils gagnent de points. Selon l’enseignement du kyûdô, la flèche ira d’elle-même frapper la cible si l’on parvient à rester serein à travers des gestes précis et si l’on respecte l’étiquette. La dimension artistique du kyûdô s’exprime à travers le respect des rituels cérémoniaux défini par des écoles telles que Ogasawara-ryû ou Heki-ryû ainsi que par l’accomplissement des gestes fondamentaux et de l’application des principes de tir.
La tenue des pratiquants de kyûdô consiste en une veste blanche, un large pantalon noir et des chaussettes blanches. Un gant en cuir protège la main droite, celle qui tient la corde de l’arc. Les femmes peuvent aussi revêtir un protège poitrine. En mars 2014, il y avait 139 560 pratiquants au Japon, dont 73 774 hommes et 65 776 femmes (d’après les chiffres du All Nippon Kyûdô Federation).
Le plus grand arc du monde
Le wakyû (arc japonais) mesure 221 cm contre environ 160 cm pour les arcs occidentaux. On ne trouve pas d’arc plus long que celui du Japon. Le wakyû est asymétrique et il ne doit pas être pris en main au milieu mais en dessous. Il est fait simplement d’un pièce.
Trois types d’arcs sont aujourd’hui utilisés :
1) Takeyumi, l’arc traditionnel : cœur en bois et enroulé de bambou
2) Takeyumi moderne : cœur en carbone enroulé de bambou
3) L’arc pour débuter : entièrement réalisé en fibre de carbone ou de verre, il est facile à produire, bon marché et nécessite peu d’entretien.
Manifestations touristiques
Au temple Sanjûsangen-dô à Kyôto, les guerriers se rivalisaient au kyûdô lors du tôshi-ya, une compétition qui se déroulait dans le jardin long de 120 m du temple. Aujourd’hui, un évènement similaire et ouvert au grand public y prend place : Ômato Taikai. Seuls les jeunes hommes et femmes devenus majeurs cette année peuvent y participer. Les compétiteurs se mettent sur leur trente-et-un et revêtent de somptueux kimono.
Le yabusame, le tir à l’arc de flèches sifflantes à cheval, est une compétition de tir et un rituel religieux traditionnels. En admirant les archers visant les cibles avec de grands arcs depuis leurs chevaux lancés au galop, on se croirait en pleine époque médiévale du Japon.