La modernité de l’esthétique traditionnelle

« Raihô-shin », les visites rituelles de divinités masquées

Culture

L’Unesco a ajouté en 2018 le rituel japonais raihô-shin, les visites de divinités masquées et costumées, à sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. À cette occasion, nous vous présentons les effrayantes divinités les plus célèbres de la région du Tôhoku, au nord-est du Japon.

Un démon à la tête de chien, le Suneka (Iwate)

Le Suneka a un nez noir et pointu. (Photo avec l’aimable autorisation du Comité éducatif de la ville d’Ôfunato)

Le Suneka de Yoshihama de la ville d'Ôfunato (préf. Iwate) est un démon sinistre à la tête de chien. Le soir du petit Nouvel An (15 janvier), le Suneka visite les maisons et réprimande les paresseux et les enfants.

Assez similairement à Namahage, le mot Suneka proviendrait du japonais sunekawa takuri, signifiant « arracher la peau du tibia », les feignants étant souvent assis près du feu, où leurs jambes rougissent à cause de la chaleur. À l'image de cette ville côtière, les costumes en paille des Suneka sont ornés de coquillages d'ormeaux pêchés localement. Lorsque ces créatures se déplacent, le cliquetis provoqué par les coquillages suscite la peur des enfants.

Suie sur le visage et costumes de paille pour protéger des incendies (Miyagi)

Des hommes en costume de paille et jetant de l’eau autour d’eux (Photo avec l’aimable autorisation de la ville de Tome)

Mizukaburi de Yonekawa est un festival unique en son genre qui a lieu dans le quartier d'Itsukamachi de la ville de Tome (préf. Miyagi). Dans le froid hivernal de février, des hommes en sous-vêtements s'enduisent le visage de suie et se couvrent d'un costume de paille avant de courir dans les rues et de lancer de l'eau sur les toits des maisons.

La tradition veut que seuls les habitants du quartier participent à l'événement, car l’on dit que « des incendies pourraient être provoqués si d'autres personnes y prennent part ». On dit aussi que la paille des costumes protège du feu ; c'est pourquoi les habitants tentent d'en arracher pour en déposer sur les toits et protéger les habitations des incendies.

De jeunes hommes au masque de démon (Yamagata)

Le masque terrifiant d’un Amahage (Photo avec l’aimable autorisation du Comité éducatif de la ville de Yuza)

Koshôgatsu de Yuza est un événement traditionnel qui se perpétue dans trois villages de la ville de Yuza (préf. Yamagata). Bien qu'il ressemble au Namahage d'Oga, chaque village possède ses propres particularités : certaines divinités poussent un cri aigu alors que d'autres visitent les maisons dans le silence complet.

Des jeunes hommes se déguisent en Amahage en portant des masques d'oni (démon) ou d'okina (vieux homme) et en s'habillant d'un kendan, un habit composé de plusieurs couches de paille. Ils se rendent ensuite dans chacune des maisons afin de prier pour des récoltes abondantes et la santé des habitants.

Pour terminer, il est important de noter que les raihô-shin sont des rituels qui se tiennent chez les habitants de ces régions spécifiques du Japon. Il est possible d'observer directement les événements en se rendant dans les villages, mais il faut veiller à ne surtout pas déranger le bon déroulement de ces rituels traditionnels.

(Reportage et texte : Shoe Press. Photo de titre : les divinités Namahage descendent dans les foyers des communautés en hiver. Avec l’aimable autorisation de la ville d’Oga)

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