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Une forteresse japonaise dans les nuages : les ruines du château de Takeda
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« Le château dans les nuages »
Les ruines du château de Takeda planent au-dessus de la ville d’Asago, dans la préfecture de Hyôgo, comme dans une scène tirée d’un conte de fées médiéval. Le sentiment d’irréalité est encore plus fort en automne et au début de l’hiver, quand la vallée tout entière est noyée dans le brouillard et que les ruines du donjon féodal ont l’air de flotter sur une rivière de brume. Le paysage enchanteur que l’aurore donne à voir a valu à l’ancien site son surnom de « château dans les nuages ».
Le château et son fascinant lit de nuages sont restés une attraction touristique relativement mineure jusqu’à la première décennie de ce siècle, quand la Fondation des châteaux japonais a inclus Takeda dans la liste des cent plus beaux châteaux du pays. Depuis lors, les ruines ont fait l’objet de films publicitaires, dont un pour Google Japon et, en 2014, elles ont servi de lieu de tournage pour la série fleuve de la chaîne de télévision nationale NHK. Cette année-là, les vestiges du château de Takeda ont attiré le nombre record de 580 000 visiteurs. Le regain d’attention s’est propagé aussi bien chez les touristes que chez les mordus de l’histoire, mais les foules restent relativement apprivoisées et leur présence n’enlève rien à la beauté des lieux.
L’apothéose
La meilleure période pour contempler le château de Takeda flotter sur la brume se situe entre les mois d’octobre et de décembre, quand les conditions météorologiques sont propices au brouillard. À ce moment de l’année, les eaux de la rivière Maruyama, qui coule à proximité, emmagasinent la chaleur produite par le soleil pendant la journée puis, au petit matin, leur surface ainsi réchauffée dégage de la vapeur au contact de l’air froid et un épais manteau de brume blanche recouvre la vallée. Pour jouir du spectacle, l’idéal est de venir par un clair matin sans brise, consécutif à une journée ensoleillée, quand l’humidité est élevée et que l’amplitude entre les températures hautes et basses est d’au moins 10 °C. Mais le phénomène est bref et le plus gros de la brume se dissipe quelques heures après le lever du soleil.
Une forteresse d’une importance vitale
Le château de Takeda a été bâti au milieu du XVe siècle par l’influent chef militaire Yamada Sôzen. Cette forteresse de montagne typique de son époque servait de sentinelle pour toute la région avoisinante. Le guerrier Hashiba Hidenaga s’en empara pourtant en 1577 au nom de son demi-frère, le seigneur de la guerre Toyotomi Hideyoshi, dans le cadre d’une campagne de réunification du Japon. Le château fut cependant abandonné en 1600, suite au suicide à l’épée que le seigneur du donjon, Akamatsu Hirohide, commit après s’être aligné avec le camp qui perdit la bataille de Sekigahara, un épisode majeur de la guerre de réunification de la nation.
Il ne reste aujourd’hui du château de Takeda que ses fondations et ses remparts en pierres, qui, 400 années plus tard, semblent toujours aussi solides qu’à l’époque de leur construction.
Un prodigieux travail de la pierre
Le château de Takeda, situé à 353 mètres au-dessus du niveau de la mer, n’était pas habité, mais il offrait aux hommes de guet une vue panoramique et sans obstacles sur les montagnes et les vallées des alentours. Aucune structure en bois n’a survécu jusqu’à nos jours, mais les fondations et les murs de la forteresse, qui sont restés intacts, constituent de beaux spécimens du travail de la pierre tel qu’on le pratiquait durant cette époque tumultueuse que fut la période des provinces en guerre (1467-1568). Ils sont constitués presque entièrement de roches non taillées posées avec une précision experte par des professionnels hautement qualifiés appartenant à la corporation des Anôshû, dont certains membres, dit-on, « entendaient » l’emplacement où une pierre voulait qu’on la pose…
La beauté du château de Takeda et l’intérêt qu’il présente au regard de l’histoire font que sa visite est un plaisir même lorsqu’il n’est pas enveloppé par la brume. Au printemps, les cerisiers [https://www.nippon.com/fr/features/h00103/] qui poussent sur le site et sur les rives de la Maruyama fleurissent de concert et déploient dans la vallée leur ravissante teinte rose. Les autres saisons ont tout autant de charme : bleus somptueux des ciels d’été, éclats des feuillages d’automne [https://www.nippon.com/fr/features/jg00004/] et formes mouvantes des neiges hivernales.
Les heures de visite des ruines varient selon les saisons et le site est fermé pendant le plus gros du mois de janvier et tout le mois de février.
Heures de visite des ruines du château de Takeda
- Printemps (mars-avril) : 8h-18h
- Été (juin-août) : 6h-18h
- Automne (septembre-novembre) : 4h-17h
- Hiver (décembre- 3 janvier) : 10h-14h
- Fermeture : entre 4 janvier et la fin février
Les points d’observation des ruines
Les deux moyens les plus communément utilisés pour voir le château de Takeda sont l’ascension directe jusqu’aux ruines et la contemplation depuis les zones d’observation situées de l’autre côté de la vallée. La procédure standard commence par une ascension matinale jusqu’à Ritsuunkyô, où se trouvent trois points d’observation d’où l’on peut se régaler du spectacle éthéré du château de Takeda flottant parmi les nuages, suivie de la traversée de la rivière pour emprunter le chemin qui monte jusqu’au donjon.
Les trois points d’observation de Ritsuunkyô se situent à mi-chemin de la cime du mont Asago, un pic qui se dresse à 756 mètres de haut face au château de Takeda ; on y accède par un chemin escarpé. À l’entrée du chemin se trouve le parking de Ritsuun-kyô, à 40 minutes à pied de la gare de Takeda (sur la ligne JR Bantan). Le premier point de vue est à quelques minutes de marche du parking, mais les meilleurs panoramas du château se contemplent depuis les deux points de vue plus élevés, qui demandent de marcher 20 à 40 minutes de plus. L’accès au chemin coûte 200 yens.
Il peut arriver que les terrasses d’observation soient envahies par les visiteurs à la haute saison, qui va de septembre à décembre, avec un pic de fréquentation pendant les week-ends. Le parking de Ritsuun-kyô, avec ses quelque 50 places, est aussi vite rempli. On peut se garer en ville, la majorité des emplacements de stationnement se trouvant à une quarantaine de minutes de marche du site. Certains hôtels proposent des navettes et on peut trouver des taxis près de la gare.
Marcher jusqu’aux ruines
De nombreux chemins de randonnée mènent aux ruines du château de Takeda, notamment deux sentiers abrupts derrière la gare de Takeda et un autre près du sanctuaire de Hyômai. D’autres chemins qui passent à l’arrière des ruines sont accessibles par autobus, voiture ou taxi.
Voici les différents chemins possibles :
Le chemin Eki-ura : il part de l’arrière de la gare de Takeda, c’est l’un des chemins les plus fréquentés. L’ascension prend environ 40 minutes.
Le chemin du sanctuaire de Hyômai : l’ascension, dont une partie se fait par un escalier en pierres, prend environ 40 minutes.
Le chemin Ôtemon : soigneusement entretenu et pas trop abrupt ; son entrée se trouve à 15 minutes à pied du parking de Chûfuku.
Le chemin Minami : accessible depuis le sud de la gare de Takeda, il suit une route goudronnée à sens unique, généralement fermée à la circulation ordinaire, qui grimpe à flanc de montagne jusqu’au chemin Ôtemon. La marche prend en tout environ une heure.
Le chemin Nishi : à partir du parking Yamajiro no Sato, ce chemin suit lui aussi une route goudronnée, fermée à la circulation ordinaire, et rejoint le chemin Ôtemon. La marche prend en tout environ 40 minutes.
Pour visiter le château de Takeda avec le moins d’efforts, il suffit d’emprunter le bus Tenkû ou à prendre un taxi de la gare jusqu’à Yamajiro no Sato ou au parking de Chûfuku, puis de suivre le court chemin piéton qui mène aux ruines. Quel que soit le trajet pris, les visiteurs doivent savoir qu’il n’y a ni toilettes ni commodités d’aucune sorte après l’entrée des chemins. Il est également conseillé aux personnes qui veulent profiter des paysages au petit matin de se munir d’une lampe de poche ou d’une frontale.
(D’après un original publié en japonais. Texte et photos : Kuroiwa Masakazu. Photo de titre : le château de Takeda flottant sur une mer de nuages