Tokyo de jadis et d’aujourd’hui, à travers estampes et photographies
Ukiyo-photo Cent vues d’Edo [6] : le quartier de Surugadai et le pont Suidôbashi
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La signification du koinobori
La rivière dessinée par Hiroshige sur cette image est la Kanda-jôsui (aujourd’hui appelée Kandagawa). Le pont est celui de Suidôbashi. Sur la rive opposée, se trouve le quartier de Surugadai, aujourd’hui Kanda-Surugadai, dans l’arrondissement de Chiyoda, au sud-ouest de l’actuel quartier d’Akihabara. En observant une carte de l’époque d’Edo, on remarque de nombreuses résidences de hatamoto (familles de guerriers directement affiliés au shogun), ou de grandes familles de samouraïs. Aucune maison roturière, en revanche.
Le jour de la fête des enfants, les familles de samouraïs hissaient de grandes banderoles en tissu (nobori) ou des manches à air représentant leur blason, ou Shôki, un chasseur de démons issu de la mythologie chinoise. Les manches à air en forme de carpe, appelées koinobori, étaient réservées aux classes populaires.
Regardons de plus près l’estampe de Hiroshige. Le koinobori est hissé sur un mât planté au bord de la rivière. Et rappelons-nous que Hiroshige était d’abord officier d’une brigade de pompiers de la fin de l’époque d’Edo, en charge de la protection du château shogunal contre les incendies. Il a placé au centre de la composition ce koinobori symbolisant le peuple. Mais pourquoi est-il si grand par rapport aux maisons de samouraïs environnantes ? Peut-être pour ironiser la fin de leur règne qui s’approchait…
Pour cette photo, je me suis levé tôt un matin de début mai. J’avais préparé un koinobori que j’ai installé et que j’ai photographié, de façon à avoir le pont exactement dans le même axe que sur l’estampe. Il m’a fallu pas loin de 400 clichés en tout, jusqu’à en obtenir un où l’ondulation de la carpe est identique à celle de Hiroshige. Les passants qui me regardaient devaient se demander ce que je fabriquais, mais j’étais en train de lutter désespérément contre le vent.
Pont Suidôbashi
Au début de l’époque d’Edo, une canalisation avait été installée sous le pont de façon à transporter l’eau potable du quartier de Kôrakuen vers celui de Kanda. Le pont a ainsi été nommé Suidôbashi, ou l’aqueduc en français. C’est aujourd’hui également le nom d’une gare sur la ligne JR Chûô. C’est un quartier fortement dédié au divertissement, avec le premier stade de base-ball couvert du Japon (Tokyo Dome), le premier parc de loisir (Tokyo Dome City), un établissement de sources chaudes (Laqua), un centre de paris hippiques, etc. On peut également y découvrir l’histoire de la distribution de l’eau à Tokyo, grâce au musée historique des voies navigables de Tokyo et au parc de distribution de l’eau de Hongô, non loin.
- Accès : à quelques pas de la station Suidôbashi sur la ligne JR Chûô
- Quartiers rive sud : Kanda-Misakichô 1 chôme et 2 chôme (l’arrondissement de Chiyoda, Tokyo)
- Quartiers rive nord : Kôraku 1 chôme et Hongô 1 chôme (l’arrondissement de Bunkyô, Tokyo)
Cent vues d’Edo
Les Cent vues d’Edo sont à l’origine un recueil d’estampes ukiyo-e (« peintures du monde flottant »), l’un des chefs-d’œuvre d’Utagawa Hiroshige (1797-1858), qui eut une énorme influence sur Van Gogh ou Monet. De 1856 à 1858, l’année de sa mort, l’artiste se consacre à la réalisation de 119 peintures de paysages d’Edo, alors capitale shogunale, au fil des saisons. Avec ses compositions audacieuses, ses vues « aériennes » et ses couleurs vives, l’ensemble est d’une extraordinaire créativité et est acclamé depuis lors comme un chef d’œuvre dans le monde entier.
- Ukiyo-photo Cent vues d’Edo [1] : le sanctuaire Kameido Tenjin
- Ukiyo-photo Cent vues d’Edo [2] : le pont Nihonbashi
- Ukiyo-photo Cent vues d’Edo [3] : la rivière Otonashi à Ôji
- Ukiyo-photo Cent vues d’Edo [4] : le pavillon Kiyomizu Kannon à Ueno
- Ukiyo-photo Cent vues d’Edo [5] : le jardin des pruniers de Kamata