La culture pop nippone se mondialise

Et le monde redécouvrit la City Pop japonaise

Culture

Le genre City Pop, dont l’importance fut énorme pour pousser au premier plan l’image urbaine et moderne de la musique japonaise, est né sous une forte influence de la musique occidentale, puis s’est développé de façon indépendante au Japon. Après avoir été à la mode dans les années 1980, la City Pop connaît depuis quelque temps une nouvelle évaluation dans le monde entier. Je me propose d’étudier le phénomène, de son apparition à nos jours.

L'âge d'or des années 80

Le succès hégémonique du genre City Pop ne fut cependant atteint que pendant les années 1980. En 1980, « Ride on time », de Yamashita Tatsurô avait retenu fortement l’attention, et Takeuchi Mariya obtint un grand succès avec « Fushigina peach pie ». En 1981, Igarashi Hiroaki avec « Pegasus no asa » et Minami Yoshitaka avec « Slow na boogie ni shite kure (I want you) » atteignèrent le sommet des charts. Mais le succès le plus impressionnant resta toutefois celui de Terao Akira avec « Ruby no yubiwa ». Le single d’esprit très dandy, qui parle d’un homme qui marche seul dans la ville, se vendra à 1,6 million d’exemplaires, un succès transgénérationnel, des enfants aux personnes âgées.

Le genre City Pop occupa depuis le leadership du monde musical japonais.

À gauche : Ride on time, de Yamashita Tatsurô, sorti en 1980. À droite : Reflections, album qui contient le single « Ruby no yubiwa » de Terao Akira (1981)

Après le succès phénoménal de Terao Akira, les années 80 deviendront l’âge d’or du genre City Pop. Des artistes portant une image « adulte », comme Kisugi Takao ou Sugiyama Kiyotaka & Omega Tribe, occuperont durablement les places de choix des émissions de variétés à la télévision. Des idoles comme Matsuda Seiko et bien d’autres s’engouffreront dans le son City Pop, ainsi que des vétérans du folk et du rock, comme respectivement Yôsui Inoue et Yazawa Eikichi. Sans compter toute une génération d’artistes de très grand talent qui émergent à ce moment-là comme Inagaki Junichi ou Stardust Review.

A Long Vacation, album de Ôtaki Eiichi en 1981

Le succès de la City Pop fut néanmoins à double tranchant : en devenant le courant musical principal de l’époque, son mouvement perdit en force. C’est alors le boum des « idoles » et celui des « bands » qui occupa depuis cette place, et les artistes de City Pop se retrouvèrent de plus en plus dans l’ombre des projecteurs, même s’ils n’avaient pas disparu, bien sûr. Ainsi, de puissants talents continuèrent à s’exprimer au sein du mouvement majoritaire des années 1990, ce qu’on appellera le « Shibuya-kei (*1) », qui donna un second souffle à des artistes comme Yuming ou Ôtaki Eiichi. Ensuite, les groups comme Kirinji et Kinmokusei émergent à la fin des années 90 quand le Shibuya-kei s’essouffle pour jeter les bases du neo-City Pop qui explose aujourd’hui.

(*1) ^ Mouvement de musique populaire des années 1990, centré sur le quartier de Shibuya à Tokyo. Les artistes et groupes représentatifs incluent entre autres : Pizzicato Five, Flipper's Guitar, Cornelius, Kenji Ozawa et Kahimi Karie.

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