Les grandes figures historiques du Japon

Les « cinq génies de Chôshû » et la fondation d’un État moderne au Japon

Culture

Peu avant la Restauration de Meiji (1868), cinq jeunes samouraïs du fief de Chôshû, la préfecture actuelle de Yamaguchi, se sont rendus clandestinement en Angleterre. À leur retour, ces intrépides jeunes gens sont devenus des personnages majeurs de l’histoire du Japon, en contribuant largement à la modernisation de l’Archipel grâce aux connaissances et aux compétences linguistiques qu’ils avaient acquises durant leur séjour à l’étranger.

Inoue Masaru, le « père des chemins de fer japonais »

En octobre 1869, peu après son retour dans l’Archipel, Inoue Masaru se vit confier la responsabilité de la Monnaie et des mines du Japon. Les conseillers venus de l’étranger qui avaient pris les choses en main dans ces deux secteurs firent appel à lui car ils pensaient qu’il collaborerait facilement avec eux. Pendant la première moitié de l’ère Meiji, le gouvernement employa de nombreux spécialistes occidentaux dans les ministères et les établissements d’enseignement de l’Archipel pour permettre aux Japonais d’assimiler les techniques et les méthodes les plus modernes. En 1871, Inoue Masaru prit la direction du département des chemins de fer du ministère des Travaux publics où travaillaient aussi des experts occidentaux. Ses compétences linguistiques et ses connaissances scientifiques avaient facilité leur travail en commun et permirent à l’implantation du réseau ferré japonais de progresser à grands pas. La ligne Tokyo-Yokohama inaugurée en 1872 fut suivie par une seconde, reliant Osaka à Kobe en 1874, et la liaison ferroviaire entre Osaka et Kyoto fut inaugurée en 1877.

La première ligne ferroviaire du Japon reliant Shinbashi (Tokyo) et Yokohama a été inaugurée en 1872. La magnifique estampe polychrome (nishiki-e) que l’on voit ci-dessus a été réalisée pour commémorer l’événement. (Avec l’aimable autorisation du Musée de la logistique)

Inoue Masaru (avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de la Diète)

Pour assurer l’autonomie des chemins de fer de l’Archipel, Inoue Masaru engagea des Japonais ayant étudié outremer et forma des techniciens sur place. De ce fait, le nombre de travailleurs occidentaux très bien payés diminua considérablement et les fonctionnaires chargés de communiquer avec eux n’eurent plus aucun rôle à jouer. Ils furent par la suite remplacés par des jeunes diplômés du Collège impérial d’ingénierie et de la Faculté des sciences de l’Université de Tokyo qui assumèrent le développement ultérieur du réseau des chemins de fer. La ligne Tôkaidô reliant Shinbashi (Tokyo) à Kobe fut achevée en 1889 et la ligne Shin-Etsu entre Takasaki et Naoetsu sur la côte de la mer du Japon, en 1893. Pour arriver à ces brillants résultats, les Japonais avaient dû auparavant maîtriser les techniques de construction des ponts construits sur des fleuves et des chemins de fer à crémaillère destinés aux régions montagneuses.

Avec le temps, Inoue Masaru et les autres technocrates de la première heure finirent par être dépassés. Inoue Masaru quitta son poste en 1893. Au début de l’ère Meiji, il fut propulsé à une place de premier plan où ses connaissances lui avaient permis de se montrer très actif mais l’apparition progressive d’un système politique et administratif moderne l’a relégué à l’arrière-garde. Après son départ, le réseau des chemins de fer japonais continua de se développer à un rythme régulier.

Suite > Endô Kinsuke, l’homme qui dota le Japon d’un système monétaire moderne

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