Les grandes figures historiques du Japon

Les « cinq génies de Chôshû » et la fondation d’un État moderne au Japon

Culture

Peu avant la Restauration de Meiji (1868), cinq jeunes samouraïs du fief de Chôshû, la préfecture actuelle de Yamaguchi, se sont rendus clandestinement en Angleterre. À leur retour, ces intrépides jeunes gens sont devenus des personnages majeurs de l’histoire du Japon, en contribuant largement à la modernisation de l’Archipel grâce aux connaissances et aux compétences linguistiques qu’ils avaient acquises durant leur séjour à l’étranger.

Yamao Yôzô et la mise en place des infrastructures d’un État moderne

Une fois rentré d’Angleterre, Yamao Yôzô fut nommé ministre des Affaires populaires en 1870. Il commença à s’occuper des chantiers navals de Yokosuka. Toutefois, son travail assidu en faveur de la modernisation du pays dans une période où les fonds étaient limités fit l’objet de fortes critiques au point que l’affaire prit rapidement une tournure politique. Pour faire taire la polémique et prendre ses distances, Yamao Yôzô proposa de créer un ministère des Travaux publics dont les prérogatives se limiteraient exclusivement aux projets de modernisation. Il réussit à faire accepter l’idée d’un bureau central chargé de superviser les plans du gouvernement dans le domaine entre autres des chemins de fer, des mines, des phares, du télégraphe et de la construction navale.

L’entrée du ministère des Travaux publics (avec l’aimable autorisation du Musée de la Poste japonais)

Yamao Yôzô occupa une position centrale dans le nouveau ministère et se lança dans différents projets en relation avec la modernisation du pays. La mise au point des nouvelles structures de l’État japonais étant loin d’être achevée, il en profita pour prendre certaines libertés, par exemple refuser de passer tout son temps dans son bureau du ministère des Travaux publics et ignorer les ordres au moment de prendre des décisions ou de trouver des financements. Mais Yamao Yôzô n’en contribua pas moins à la création des infrastructures de base des transports et des communications de l’Archipel, en particulier la première liaison ferroviaire entre Tokyo et Yokohama, en 1872, et la ligne de télégraphe reliant la capitale et Nagasaki, l’année suivante. Dans le même temps, il s’efforça de constituer un appareil administratif et de donner une formation et du travail à ceux qui avaient du talent. Il veilla également à multiplier le nombre d’ingénieurs formés au Japon en fondant le Collège impérial d’ingénierie (devenu depuis Faculté d’ingénierie de l’Université de Tokyo), dont il a pris la direction. Le plus âgé des « cinq génies de Chôshû » s’était donc illustré non seulement en tant que membre du gouvernement mais aussi dans le domaine de la diffusion des techniques de l’ingénierie.

Yamao Yôzô finit par devenir ministre des Travaux publics, poste qu’il quitta en octobre 1881. Il assuma ensuite d’autres fonctions, entre autres celle de chef du bureau de la législation, mais sans jamais retrouver le niveau des réalisations exceptionnelles dont il avait été l’artisan du temps où il travaillait au ministère des Travaux publics. Il est vrai qu’à l’époque, le gouvernement de Meiji n’était plus aussi activement impliqué dans des projets de modernisation.

Suite > Inoue Masaru, le « père des chemins de fer japonais »

Tags

histoire Meiji biographie

Autres articles de ce dossier