Quand gourmandise rime avec plaisir

Les râmen, plébiscitées par les Japonais

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Les râmen connaissent aujourd’hui un succès croissant dans le monde entier. Un spécialiste revient pour nous sur l’origine de ce plat et ses perspectives.

Les râmen, un symbole japonais

En octobre 2014, un nouveau développement intervient, avec l’entrée de restaurants de râmen dans le Guide Michelin Tokyo 2015. Aucune étoile pour les nouilles, mais 22 établissements dans la section Bib Gourmand du guide, recommandés pour leur excellent rapport qualité-prix ; on peut y manger pour moins de 5 000 yens.

Jusque-là, pour les étrangers, la gastronomie japonaise était avant tout synonyme de sushi et tempura ; les râmen étaient considérées comme de la cuisine de fast-food ou un genre de plat chinois. L’apparition des râmen comme une spécialité à part entière dans un guide gastronomique à la réputation mondiale est donc un événement à marquer d’une pierre blanche. Ne craignons pas d’affirmer que les râmen sont aujourd’hui mondialement reconnues comme un pan de la gastronomie japonaise.

De plus, la même année, le Fonds Cool Japan, un organisme privé-public qui soutient la diffusion de la culture japonaise, a annoncé un financement de 2 milliards de yens pour la chaîne internationale de tonkotsu râmen Hakata Ippûdô. La place des râmen dans la gastronomie japonaise est prête à s’imposer au niveau international.

Pionnier du développement international

Le développement international des râmen a été initié par le restaurant Ajisen Ramen de Kumamoto, dans la région de Kyûshû. En 1994, une première enseigne est ouverte à Taïwan, suivie de Pékin en 1995, puis Hong Kong en 1996. L’implantation à Hong Kong, un marché particulièrement dynamique, a eu un impact certain sur la stratégie internationale des autres grandes enseignes comme Hakata Ippûdô ou Men-ya Musashi.

Le restaurant de Ajisen Ramen à Qingdao.

Ajisen Ramen a été fondé en 1972 par un restaurateur originaire de Taïwan. Il est l’un des pionniers des râmen de Kumamoto, des tonkotsu râmen agrémentées d’huile parfumée à l’ail. C’est aussi le pionnier du développement à l’international des restaurants de râmen. Aujourd’hui, l’enseigne possède quelque 700 implantations à l’étranger, alors que la plus grande chaîne nationale ne compte que 500 établissements au Japon.

Sur les traces d’Ajisen Ramen, Hakata Ippûdô s’est installé à Hong Kong en 2010. En coopération avec le numéro un local de la restauration, Maxim, l’enseigne a ouvert quatre restaurants à Hong Kong, et même en France. Le restaurant de New York, ouvert en 2008, a décroché la première place nationale du site d’avis américain YELP, déclenchant un boom des râmen à New York.

Hakata Ippûdô, réputé pour ses tonkotsu râmen blanches ou rouges, né en 1985 à Fukuoka, s’est installé à Tokyo en 1995. Ses restaurants, agencés de façon à attirer la clientèle féminine, ont renouvelé l’image très masculine des râmen.

Le restaurant Hakata Ippûdô à Shanghai.

Enfin, en 2015, l’ouverture qui attire la plus grande attention est celle de Ryukishin, un restaurant d’Osaka spécialisé dans les râmen au sel, dans le cadre de l’exposition universelle de Milan. Cette participation à un événement d’envergure mondiale va consolider le statut des râmen en tant que représentant de la cuisine japonaise et asiatique.

Les tonkotsu râmen, prisées à l’étranger

Les râmen sont de plus en plus appréciées à l’étranger, notamment en Asie, à commencer par la Chine, Hong Kong, Taïwan et Singapour, où elles sont souvent appelées « râmen à la japonaise », pour les différencier des nouilles locales. Alors que ces dernières coûtent environ 200 yens le bol, les râmen japonaises sont trois fois plus chères. Les restaurants japonais s’installent dans les grands centres commerciaux et les artères les plus fréquentées ; en Asie, les râmen japonaises sont souvent considérées comme un plat à déguster en famille ou en couple pour fêter une occasion spéciale.

Notons qu’à l’étranger, les tonkotsu râmen sont les plus prisées. Même Men-ya Musashi, connu au Japon comme un pionnier des râmen au bouillon à base de produits de la mer, sert des tonkotsu râmen en Asie. Comme autrefois à Tokyo, la clientèle préfère les saveurs riches, clairement différentes des nouilles locales au goût plus léger, d’où le succès des tonkotsu râmen.

Le washoku, inscrit en 2013 au patrimoine mondial immatériel, englobe la culture gastronomique japonaise digne d’être protégée et transmise. Les râmen, elles, doivent leur succès à leur renouvellement incessant. Souhaitons qu’elles deviennent une référence mondiale et qu’un jour, chaque pays concocte ses propres râmen locales.

(Photo de titre : le restaurant Hakata Ippûdô à New York, avec l’aimable autorisation de l’auteur)

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