Tokyo, une ville en perpétuelle métamorphose

L’évolution de Tokyo, de 1868 à nos jours

Culture Architecture

Après la Restauration de Meiji, en 1868, la ville d’Edo a changé de nom et pour devenir « Tokyo », c’est-à-dire la « capitale de l’Est ». Dès lors, elle s’est occidentalisée rapidement. Elle a aussi été complètement détruite à deux reprises, une première fois en 1923, à l’occasion du grand tremblement de terre du Kantô, et une seconde en 1945, au cours des bombardements intenses qui ont précédé la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais à chaque fois, elle a réussi à se relever et à commencer une nouvelle vie tout en restant fidèle au cadre urbain mis en place par le shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616).

Le pont Nihonbashi : un symbole entre changement et continuité

En 2020, la capitale du Japon accueillera une seconde fois les Jeux olympiques. Tokyo est à présent une métropole si résolument à l’avant-garde du progrès qu’elle n’a pas besoin de changer ses infrastructures et ses installations de façon aussi drastique qu’en 1964. Mais elle doit absolument être prête à contrecarrer d’éventuelles cyberattaques, à mettre en place les équipements nécessaires pour la circulation de véhicules autonomes et à faire face à une nouvelle catastrophe naturelle. Le processus de renaissance et de transformation qui caractérise l’histoire de la capitale du Japon continue de plus belle. Pourtant à bien des égards, Tokyo semble aussi être toujours fidèle à elle-même. Et si c’est le cas, c’est sans doute parce qu’elle est restée profondément ancrée dans le tissu urbain de la ville d’Edo fondée par le shogun Tokugawa, quels que soient les changements superficiels qui ont pu l’affecter.

En fait, les chantiers de reconstruction consécutifs au grand tremblement de terre du Kantô et aux bombardements de la fin de la Seconde Guerre mondiale ont suivi le tracé des douves et des canaux qui entouraient le château d’Edo et menaient à l’intérieur de la forteresse. Les lignes de métro passent le long des fossés extérieurs, et les grandes avenues et les voies express suivent le trajet des multiples canaux qui parcouraient autrefois la ville. Par ailleurs, une grande partie des bâtiments du gouvernement, des universités et des parcs sont situés sur les vastes terrains occupés jadis par les résidences des seigneurs féodaux (daimyô) de l’époque d’Edo.

Copie de la plaque marquant le point de départ des cinq grandes routes – Tôkaidô, Nakasendô, Nikkô kaidô, Kôshû kaidô et Ôshû kaidô – reliant Edo au reste du Japon. Elle est encastrée dans une pierre au pied du pont de Nihonbashi. L’original se trouve au milieu de la route qui traverse l’ouvrage.

Le premier pont appelé « Nihonbashi » (littéralement « le pont du Japon ») a été construit par Tokugawa Ieyasu en 1603, quand il a installé la capitale de son shogounat à Edo. Dès lors, cet ouvrage est devenu le point de départ officiel des cinq grandes routes partant de la ville en direction des provinces. Une plaque encastrée au milieu du pont marquait l’emplacement de cet endroit stratégique. Le pont qui porte aujourd’hui le nom de Nihonbashi est en pierre et a été édifié en 1911. Il a miraculeusement survécu au grand tremblement de terre de 1923 et aux ravages de la Seconde Guerre mondiale, en dépit des traces laissées par les incendies et les bombardements (voir notre article sur l’estampe de Nihonbashi).

Nihonbashi, ou le « pont du Japon », était une structure en bois datant du tout début de l’époque d’Edo (1603-1868). Il a été rebâti dix-huit fois avant de prendre la forme de l’ouvrage en pierre à double arche édifié en 1911 à son emplacement. Ce pont a résisté au grand tremblement de terre du Kantô et aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale et il continue à faire partie des infrastructures de la capitale.

Le ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme du Japon et le gouvernement métropolitain de Tokyo envisagent de démolir la partie de l’autoroute métropolitaine de Tokyo qui dissimule le pont historique de Nihonbashi et de la remplacer par un tunnel. Ce projet destiné à mettre en valeur un des ponts les plus célèbres du Japon devrait prendre forme peu après les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo de 2020. Le réseau d’autoroutes urbaines de la ville a été achevé en 1963, un an avant les premiers Jeux olympiques organisés par la capitale du Japon. À l’époque, les architectes ont jugé que construire une voie rapide au-dessus des canaux de la ville, y compris celui que franchit le pont de Nihonbashi, était la solution la plus rapide et la plus rentable pour terminer à temps les travaux entrepris en vue des Jeux olympiques.

50 ans plus tard, on s’apprête à dégager ce même pont pour le remettre en pleine lumière et lui rendre sa splendeur passée. Une décision emblématique des mutations perpétuelles et du caractère immuable qui sont en même temps le propre de Tokyo, une ville à la fois ultramoderne et fidèle à ses racines, et toujours partagée entre le changement et la continuité.

(Texte et photos : Nippon.com. Photo de titre : le pont Nihonbashi surplombé par l’autoroute métropolitaine de Tokyo)

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