Tokyo, une ville en perpétuelle métamorphose

La naissance de Tokyo : comment un village marécageux est-il devenu la plus grande mégalopole du monde

Culture Architecture

Il y a quatre siècles, Tokyo n’était qu’une modeste bourgade au pied du château que le shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616) venait de faire construire le long d’une anse de la baie d’Edo. Depuis, la ville a connu une remarquable expansion qui ne s’est jamais démentie. En dépit des multiples destructions dont elle a été victime, elle a en effet réussi chaque fois à renaître de ses cendres avec une énergie décuplée. Dans l’article qui suit, nous vous proposons un aperçu de son étonnante histoire, et en particulier des circonstances dans lesquelles elle a pris son apparence actuelle.

Les spécialistes étrangers et l’occidentalisation de Tokyo

En 1867, l’année qui a précédé la Restauration de Meiji, le régime des Tokugawa est arrivé à son terme et le pouvoir politique a été restitué à l’empereur. La capitale impériale installée à Kyoto depuis plus d’un millénaire a été transférée à Edo qui a pris dès lors le nom de Tokyo, littéralement la « capitale de l’Est ».

Résolu à moderniser le Japon en y introduisant les idées et les techniques les plus avancées, le gouvernement de Meiji a fait appel à des spécialistes occidentaux qui ont collaboré avec les agences de l’administration et les universités. En 1872, une première ligne de chemin de fer reliant le quartier de Shimbashi de Tokyo à la ville de Yokohama a commencé à fonctionner. Sa construction avait été supervisée par l’ingénieur britannique Edmund Morel (1840-1871) mort de la tuberculose sur place, à l’âge de 30 ans. Les résidences en bois des daimyô qui entouraient le nouveau palais impérial bâti à l’emplacement du château d’Edo ont été démolies et remplacées par des édifices en brique et en pierre conçus par des occidentaux. Les plans du ministère de la Justice ont été dessinés par deux architectes allemands, Hermann Ende (1829-1907) et Wilhelm Böckmann (1832-1902). L’imposant bâtiment de briques rouges – connu aujourd’hui sous le nom de « bâtiment collectif n° 6 des ministères centraux » – qu’ils ont conçu a été édifié en 1895 sur le site de la résidence à Edo des Uesugi, daimyô du fief de Yonezawa.

Ce superbe édifice du quartier de Kasumigaseki, dans l’arrondissement de Chiyoda, a été construit en 1895 pour abriter le ministère de la Justice. À l’issue des bombardements aériens à la fin de la Seconde Guerre mondiale, seuls subsistaient ses murs extérieurs en brique rouge. En 1994, il a fait l’objet d’une restauration qui lui a redonné son apparence première. À l’heure actuelle, il abrite des bureaux du gouvernement ainsi que le Musée du ministère de la Justice ouvert au public, au deuxième étage.

Dans le même temps, la firme Mitsubishi a acheté au gouvernement de Meiji un vaste terrain situé en face du palais impérial afin d’y créer un quartier d’affaires moderne sur le modèle de la City, le pôle financier de Londres. À cette fin, elle a recruté Josiah Conder (1852-1920) un architecte anglais ayant choisi de rester au Japon après avoir travaillé pour les autorités de l’Archipel. Elle lui a demandé de dessiner les plans du Mitsubishi ichigôkan (littéralement « bâtiment Mitsubishi n° 1 »), le premier immeuble de bureaux du quartier Marunouchi de Tokyo. Mitsubishi a ensuite fait construire trois autres édifices en brique rouge de trois étages à usage de bureaux dans cette même zone appelée « quartier londonien » à cause de sa ressemblance avec la capitale britannique. Le Mitsubishi ichigôkan a été démoli en 1968, puis reconstruit en 2009 avec la volonté de réaliser une réplique aussi fidèle que possible à l’original. Depuis, on le désigne sous le nom de « Musée du Mitsubishi ichigôkan ».

Dès la fin du XIXe siècle, le centre de Tokyo avait donc déjà pris en partie l’apparence d’une métropole occidentale.

Le Musée du Mitsubishi ichigôkan de Tokyo, construit en 2009, est une réplique à l’identique du bâtiment du même nom en briques rouges du début de l’époque Meiji (1868-1912). Pour arriver à un résultat aussi fidèle que possible, les architectes ont eu recours, à l’intérieur comme à l’extérieur, aux techniques et aux matériaux employés au départ.

(Texte et photos de Nippon.com. Photo de titre : Tokyo vu du haut de la tour Tokyo Skytree, dans l’arrondissement de Sumida)

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Tokyo histoire architecture urbanisme Edo

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