Tokyo, une ville en perpétuelle métamorphose

La naissance de Tokyo : comment un village marécageux est-il devenu la plus grande mégalopole du monde

Culture Architecture

Il y a quatre siècles, Tokyo n’était qu’une modeste bourgade au pied du château que le shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616) venait de faire construire le long d’une anse de la baie d’Edo. Depuis, la ville a connu une remarquable expansion qui ne s’est jamais démentie. En dépit des multiples destructions dont elle a été victime, elle a en effet réussi chaque fois à renaître de ses cendres avec une énergie décuplée. Dans l’article qui suit, nous vous proposons un aperçu de son étonnante histoire, et en particulier des circonstances dans lesquelles elle a pris son apparence actuelle.

Les incendies : un véritable fléau

Une grande partie de la population toujours croissante d’Edo était entassée dans les quartiers de la « ville basse » (shitamachi) installés sur les berges des rivières. Elle habitait dans des structures précaires en bois divisées en petites unités. Les incendies dus à la négligence ou à la malveillance étaient très fréquents. Et certains étaient suffisamment graves pour réduire régulièrement en cendres des pans entiers de la ville. En fait, ils étaient si courants qu’ils faisaient partie des grandes attractions de la capitale shogounale. Les gens de l’époque disaient volontiers : « les incendies et les bagarres sont les fleurs d’Edo ».

Un des plus terribles de ces sinistres, celui de l’ère Meireki, s’est produit au cours de l’hiver 1657. Bien que les témoignages dont on dispose ne concordent pas, on pense qu’il a détruit 60 % du centre de la ville, notamment les arrondissements actuels de Chiyoda, Chûô et Bunkyô. Le château a lui aussi été ravagé par les flammes. Seule l’enceinte de l’ouest (nishinomaru) a été épargnée. Le feu a en outre réduit totalement à néant 550 résidences de daimyô, 770 demeures de vassaux directs du shôgun, 350 temples bouddhiques et sanctuaires shintô, et 60 ponts.

Après cette catastrophe, le shogounat a pris rapidement des mesures pour rebâtir la ville. Les résidences des trois branches principales – Owari, Kii et Mito – de la famille Tokugawa, ainsi que celles des bureaucrates du shogunat, construites dans l’enceinte du château ont été déplacées vers l’extérieur et remplacées par des écuries, des enclos à chevaux et des jardins de plantes médicinales destinés à servir de coupe-feu. De nouvelles zones – celles de Honjo et Fukagawa – ont été aménagées du côté de l’est, au-delà du fleuve Sumida, pour accueillir les demeures des familles de samouraïs ainsi que des temples et des sanctuaires. La plupart des gens du peuple ayant perdu leur maison sont partis vers l’ouest et les secteurs de Tama et Mitaka. Les grands incendies d’Edo ont donc tous contribué à repousser les limites de la ville. Moins d’un siècle après la mainmise des Tokugawa sur le pouvoir, le minuscule village du bord de l’anse de Hibiya s’était transformé en une vaste métropole, la « Grande Edo aux 808 quartiers » (Ô Edo happyakuya chô) comme on l’appelait à l’époque.

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