Les îles japonaises méconnues

Akuseki, l’île des effroyables dieux masqués

Culture Tourisme

Saitô Jun [Profil]

Au sud de l’île de Kyûshû, entre les îles de Yakushima et d’Amami Ôshima, se trouve le petit archipel des Tokara, un chapelet de sept îles disposées du nord au sud. L’une d’elles, celle qui occupe le centre de l’archipel, possède un nom à faire frémir : Akuseki, qui signifie « les pierres maléfiques ». Cet endroit est pourtant plein de charme, possédant une gastronomie unique, des sources chaudes en pleine nature, et des dieux portant des masques mystérieux…

Gastronomie insulaire

L’île d’Akuseki, dressée au milieu du courant marin du Kuroshio, bénéficie de ressources extraordinaires de la mer : bonites, poissons volants, baracoudas, langoustes, turbos (une sorte de mollusque), etc. Mais l’aliment le plus connu de la gastronomie des Tokara est sans conteste le tofu d’Akuseki, obtenu par coalescence du lait de soja non pas au chlorure de magnésium, mais à l’eau de mer. Cela lui donne un petit goût salé qui fait remarquablement ressortir le sucré du soja et donne une extraordinaire richesse de parfum. Le yose dôfu, (du tofu à peine durci) est tellement parfumé que même mangé seul, il vous apporte la satisfaction physique d’une soupe complète.

Fabrication du tofu de l’île. Le soja est bouilli, pressé, filtré, et durci à l’eau de mer.

Un autre ingrédient est indispensable pour toutes les occasions festives de l’île : les pousses de bambou des Ryûkyû, qui poussent naturellement partout sur Akuseki, et sont également appelés de divers autres noms vernaculaires : le daimyô takenoko ou le deme. Plusieurs variétés de bambous sont consommées dans la préfecture de Kagoshima, à laquelle appartient administrativement l’île d’Akuseki, mais il paraît que le deme est le plus apprécié.

Qu’il soit bouilli, sauté ou frit, le pousse de bambou est délicieux, mais je vous le recommande plutôt grillé. Si possible cuit au feu de bois directement dans sa gangue. La douceur et le goût restent ainsi concentrés dans la chair, et lorsque son arôme vous parvient, on savoure alors un instant de bonheur...

Les daimyô takenoko avant leur mise en vente.

Suite > La plus secrète des sources chaudes

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Saitô JunArticles de l'auteur

Écrivain indépendant. Né en 1954 à Morioka, dans la préfecture d’Iwate. Depuis l’époque où il était étudiant, il voyage dans tout le pays, spécialement les îles et régions reculées, d’abord pour un magazine touristique, puis en indépendant. Ses thèmes de prédilection sont notamment les cultures insulaires, les voyages, les cultures gastronomiques locales, l’agriculture, les forêts, la pêche artisanale. Il a visité chacune des 421 îles habitées de l’archipel (à l’exception de Minamitori-shima). Auteur entre autres de Nippon shima isan (Les îles du patrimoine japonais), Nihon no shima kikô (Voyages dans les îles japonaises), etc.

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