Balade à travers les fleurs de l’Archipel
Parfum d’automne : flânerie au jardin Mukôjima Hyakkaen à Tokyo
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Une fleur symbole de l’automne
Après les fleurs aux couleurs vives de l’été, c’est au tour de fleurs plus modestes, telles que le cosmos ou la gentiane de faire leur apparition. Et s’il y en a bien une qui symbolise l’automne, c’est le hagi, ou lespédèze. Et son idéogramme kanji en dit long, puisqu’il s’écrit avec le radical kusa 草, qui signifie « herbe », et le caractère aki 秋, qui veut dire « automne », le tout formant le caractère 萩.
Peu sont ceux qui savent à quoi ressemble le hagi. Si cette fleur est commune à la campagne, elle l’est beaucoup moins en ville. Mais à Tokyo, il existe un endroit où il est possible de les admirer. Il s’agit du jardin Mukôjima Hyakkaen, dans l’arrondissement de Sumida.
Dans ce passage de deux mètres de haut, d’innombrables grappes de fleurs de deux à quatre centimètres aux teintes propres et violacées. De petite taille et discrètes, elles captent l’œil de l’observateur qui s’arrête pour les admirer.
Le hagi, l’une des sept fleurs de l’automne
Les fleurs de hagi font également partie des sept fleurs d’automne, le regroupement appelé aki no nana kusa.
Les sept fleurs d’automne ont été énumérées par le poète Yamanoue no Okura dans deux tanka (poème court) de l’ancien recueil de poèmes japonais Man’yôshû. Il s’agit de la fleur de hagi, du miscanthus (susuki), de la marante d’Asie de l’est (kuzubana), de l’œillet sauvage (nadeshiko), de la patrinia scabiosifolia (ominaeshi), de l’eupatoire japonaise (fujibakama) et de la clochette (asagao). Ces sept fleurs sont toutes cultivées dans le jardin Mukôjima Hyakkaen.
Les sept fleurs de l’automne sont étroitement liées au festival Jûgoya, organisé pour remercier les dieux d’avoir offert une récolte abondante en automne. Ces fleurs sont utilisées en tant que décoration des offrandes faites pour célébrer le Tsukimi. De par sa ressemblance avec un épi de riz, le miscanthus susuki est assimilé à une récolte abondante.
Le jardin Mukôjima Hyakkaen, source d’inspiration dans la littérature
Si les différentes fleurs du jardin Mukôjima Hyakkaen fleurissent aux quatre saisons, il y a d’autres spectacles à admirer. Les herbes et les arbres étant sous une forme proche de celle de l’état sauvage, des bouscarles chanteuses, des mésanges charbonnières et même parfois des martins-pêcheurs viennent se poser dessus. Le chant des différentes espèces de grillons (suzumushi et koorogi) est un des autres charmes offerts par le jardin Mukôjima Hyakkaen.
Le jardin Mukôjima Hyakkaen a ouvert ses portes en 1804, à l’époque où la culture de la population d’Edo (l’ancien nom de Tokyo) connut un grand essor (1804-1830). À l’origine de ce projet ambitieux, un ancien marchand d’antiquités appelé Sahara Kikuu, qui avait obtenu le soutien d’artistes et d’autres amis de lettres pour créer ce jardin sur le site de l’ancienne résidence d’une puissante famille de guerriers. Contrairement aux luxueux jardins construits par des seigneurs daimyô, son goût sophistiqué s’est dès le début fait connaître en tant que source d’inspiration pour de nombreux écrivains.
Le tunnel de hagi du jardin Mukôjima Hyakkaen a vu le jour en 1910. Le fleuve Sumida est entré en crue cet été-là, ce qui provoqua d’importantes inondations. L’eau ne parvenait pas à se retirer, et le jardin fut gravement endommagé puis en proie à des difficultés financières. Le tunnel fut donc conçu comme un moyen d’attirer des fonds pour son financement.
Dans le jardin Mukôjima Hyakkaen, ce ne sont pas moins de dix espèces de hagi qui s’offrent à nos yeux, telles que le yama-hagi (lespédèze des montagnes), le shirobana-hagi (lespédèze à fleurs blanches), le ke-hagi (lespédèze patens), le makie-hagi (lespédèze virgata) ou encore le ki-hagi (lespédèze buergerii).
Même encore à l’heure actuelle, le quartier de Mukôjima où est situé le jardin n’a pas perdu ses traditions. Ainsi, il abrite toujours près de 100 geishas en activité, ainsi que de nombreux restaurants japonais traditionnels de haut de gamme. Les visiteurs auront le choix entre divers types de spécialités allant des sushis au soba en passant par les pâtisseries traditionnelles japonaises… Mais ils peuvent également se laisser tenter par de la nourriture occidentale. Après avoir admiré les fleurs du jardin, ils peuvent se laisser aller à flâner dans les rues de la ville basse, d’où ils pourront même voir la Tokyo SkyTree.
Informations
- Adresse : 3-18-3 Higashi-Mukôjima, Sumida-ku, Tokyo 131-0032
- Ouvert de 9h00 à 17h00 (dernière entrée à 16h30)
- Fermeture : du 29 décembre au 3 janvier (fêtes de fin et début d’année)
- Tarif : général 150 yens, et 70 yens à partir de 65 ans (gratuit pour les enfants jusqu’à 12 ans)
- Accès : 8 min à pied de la gare Higashi-Mukôjima sur la ligne Tôbu Skytree, 13 min à pied de la gare Keisei Hikifune sur la ligne Keisei Oshiage, 2 à 3 min à pied de l’arrêt de bus Hyakkaen-mae sur la ligne de bus Toei Bus Kameido jusqu’à Nippori (n° 22).
- Site officiel : https://www.tokyo-park.or.jp/park/mukojima-hyakkaen/index.html
(Reportage et texte : Abe Manami. Photos : Miwa Noriaki)