Tokyo, une ville en perpétuelle métamorphose

Shibuya : un quartier qui changera de visage

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Alors que le redéveloppement urbain de la ville en vue des Jeux olympiques et paralympiques de 2020 se poursuit, le visage de Tokyo se transforme chaque jour davantage. Le phénomène est particulièrement visible à Shibuya, dont le célèbre croisement et la statue de Hachikô seront bientôt totalement revisités.

Une promenade le long de la rivière Shibuya

La gare de Shibuya deviendra plus pratique et plus sûre, voilà qui est acquis. Mais ne va-t-elle pas perdre cet aspect de joli dédale complètement chaotique qui faisait son charme ? À cela, le projet répond qu’on ne touchera pas au croisement de Shibuya, et que tout sera fait pour éviter l’impression d’uniformité entre les différents secteurs du quartier.

Prenons par exemple la tour Shibuya Stream, qui occupera la zone Sud et ouvrira à l’automne 2018. Compte tenu du fait que la tour s’élèvera précisément à l’endroit où la rivière Shibuya ressort de son cours souterrain, cette particularité sera mise à profit pour aménager une promenade au bord de l’eau de près de 600 mètres de long, sur les deux berges, qui drainera de l’activité économique et de l’animation dans la direction de Daikanyama.

Lors des Jeux olympiques de 1964, les impératifs de la croissance économique rapide avaient conduit à ignorer les cours d’eau de Tokyo, en les cachant dans des canaux souterrains, ou en construisant des autoroutes aériennes par-dessus. Cette fois, au contraire, ils seront mis en valeur. Espérons que l'atmosphère agréable qu'ils apportent se déploie dans toute la métropole. En commençant par Shibuya.

Shibuya Stream (Avec l’aimable autorisation de Tôkyû Corporation)

Image de la rivière Shibuya après l’achèvement de la tour Shibuya Stream (Avec l’aimable autorisation de Tôkyû Corporation)

Une ville transformée pour attirer de nombreux travailleurs créatifs

La Tour Est, dont nous avons parlé plus haut, comprendra 73 000 m2 de surface de bureaux en location, et d’autres importantes surfaces de bureau viennent compléter l’offre locative dans les autres zones du projet global, pour une surface totale de 26 millions de m2. Cette importante extension de l’offre envers les entreprises s’explique par une raison particulière.

Au cours de la « bulle des technologies de l’information » de la fin des années 90, Shibuya avait été appelée la « Bit Valley », par référence à la Silicon Valley. Le surnom était également un jeu de mot sur le nom même de Shibuya, qui signifie littéralement « La vallée amère », ou bitter valley en anglais. De nombreuses start-ups s’étaient installées dans le quartier, attirées par l’ambiance libre et dynamique qui y régnait. Or, vers le milieu des années 2000, les entreprises du secteur ont commencé à faire migrer leur siège social vers d’autres quartiers de Tokyo.

L’une des principales causes était la faiblesse de l’offre en surface de bureau par rapport à d’autres quartiers, en particulier le manque cruel de grandes surfaces bien aménagées. Les start-ups qui s’étaient installés se trouvaient contraintes de déménager ailleurs dès qu’elles augmentaient leur personnel. Il fallait que ce problème fondamental soit résolu dans le cadre de l’actuel projet de réaménagement du quartier.

La nouvelle offre de surface de bureau bénéficiera en outre de « l’esprit Shibuya ». Les étages de bureau de la tour Shibuya Stream, qui s’étendront du 13e au 34e étage, présenteront des espaces flexibles. Le plafond du hall d’accueil de l’espace bureau, au 4e étage, présentera un design en arche, reprise du « toit en quenelles de poisson » du célèbre quai aérien de la ligne Tôkyû-Tôyoko. Le 3e étage sera consacré à un incubateur d’entreprises, avec espaces de co-working et mini-surfaces, qui donneront progressivement vers l’atrium. Cet espace conçu pour favoriser les rencontres et les échanges d’idées, vise à attirer les travailleurs créatifs.

Outre le projet principal, mené essentiellement autour du groupe Tôkyû, la reconstruction du grand magasin et immeuble de mode Parco qui draine la culture jeune autour de la mode, l’art et le théâtre, actuellement en cours, sera elle aussi achevée en 2019. Le chantier d’un immeuble de 19 étages a démarré le 17 mai dernier, qui comprendra, outre les espaces commerciaux et le théâtre, une pépinière de créateurs pour la formation et le soutien de jeunes entrepreneurs.

Le hall d’accueil de la zone bureaux de Shibuya Stream

Shibuya Parco après sa reconstruction

La palissade temporaire qui protège le chantier de Shibuya Parco le temps de la reconstruction est mise à profit comme « mur d’art ». Premier artiste à prendre possession du support, le mangaka Ôtomo Katsuhiro a posté une illustration sur le thème AKIRA 2019.

D’autre part, le 28 avril dernier a ouvert Shibuya Cast, composé d'un espace commercial, de bureaux et d'habitations, le tout axé sur une mise en valeur de la créativité. Le rez-de-chaussée et le 1er étage seront confiés à Co-lab, un promoteur qui a une bonne expérience des espaces de travail collaboratif. Du 12e au 15e étage, ce seront des logements conçus selon l'idée des collective house et service appartment : des gens de différents milieux se regroupent pour vivre en proximité et mêler leurs divers modes de vie. Ce nouveau complexe sera situé à l'entrée de la « Cat street », berceau de la culture street fashion de « Ura-Harajuku ». Futur endroit emblématique de Miyashita-chô, quartier reliant Shibuya et Harajuku, il deviendra sûrement le point de rencontre entre ces deux cultures.

Shibuya Cast devrait donner le coup d’envoi à une accélération du processus d’évolution du quartier de Shibuya. Les aménagements touristiques, la commodité améliorée, et l’effet synergique attendu de l’expansion de l’offre en bureau et logements, augmenteront davantage le potentiel de Shibuya. Un quartier toujours plus attirant, tout en restant le centre d’une culture urbaine unique, voilà ce que tout le monde espère.

Shibuya Cast

« Co-lab », un bureau collaboratif spécialement conçu pour les créateurs à Shibuya

Vue du dernier étage de Shibuya Cast, réservé à des logements locatifs : on reconnaît le gymnase de Yoyogi, qui fut construit pour les Jeux olympiques de 1964, le parc de Yoyogi et la verdure autour du sanctuaire Meiji Jingû, et les gratte-ciels de Shinjuku au fond.

(D’après un original en japonais de Katô Jun)

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