Les grandes figures historiques du Japon

Saigô Takamori, le « dernier samouraï » de l’histoire du Japon

Culture

Saigô Takamori est l’un des personnages les plus populaires de l’histoire du Japon moderne, notamment en tant qu’incarnation du mythe du héros vaincu. Voici un aperçu du parcours tragique et contrasté de ce guerrier d’origine modeste qui a été l’un des principaux artisans de la Restauration de Meiji (1868). Penchons-nous à nouveau sur cette existence hors du commun.

La rebellion du « dernier samouraï »

En 1871, Saigô Takamori entre au gouvernement de Meiji en tant que conseiller (sangi) et devient général de l’armée de terre en 1873. Mais il démissionne de ses fonctions à peine un an plus tard, quand sa proposition d’envoyer une expédition en Corée pour forcer ce pays à s’ouvrir reste sans suite. Il retourne alors chez lui, dans la préfecture de Kagoshima, où il consacre son temps à l’agriculture et à la chasse. Mais en 1877, il a pris la tête d’une insurrection fomentée par d’anciens guerriers du fief de Satsuma, insatisfaits du nouveau système gouvernemental, qui a entre autres interdit le port du sabre et aboli la caste des samouraï. Les rebelles livrent bataille aux forces gouvernementales dans différents endroits de l’île de Kyûshû avant d’être encerclés et vaincus sur le mont Shiroyama. Saigô Takamori se donne alors la mort par suicide rituel (seppuku), le 24 septembre 1877. Il a 49 ans.

Le cimetière de Nanshû, sur une colline de Kagoshima, donne sur le volcan Sakurajima, situé à 8 kilomètres de la ville. Au centre, la tombe de Saigô Takamori entourée par celles de plus de 2 000 de ses fidèles partisans.

Saigô Takamori est considéré comme « le dernier samouraï » du Japon parce qu’il a continué à défendre les valeurs traditionnelles de son pays au moment où celui-ci était en train de les abandonner pour se moderniser. Douze ans après sa mort tragique, le gouvernement de Meiji lui a accordé son pardon pour la rébellion de Satsuma et en 1898, une statue en bronze représentant « le dernier samouraï » en compagnie de son chien a été érigée dans le parc d’Ueno de Tokyo. Près d’un siècle et demi après sa disparition, ce personnage hors du commun est toujours une icône historique et culturelle très populaire de l’Archipel.

Statue en bronze de Saigô Takamori accompagné de son chien, située dans le parc d’Ueno, à Tokyo. Une œuvre du sculpteur Takamura Kôun (1852-1934).

L’histoire de Saigô Takamori a selon toute vraisemblance inspiré le film Le dernier samouraï (The Last Samurai) d’Edward Zwick sorti en 2003 et le personnage fictif du chef rebelle Katsumoto Moritsugu interprété par Watanabe Ken. Tom Cruise incarne quant à lui le capitaine de l’armée américaine Nathan Algren, un héros de la Guerre de Sécession venu au Japon pour y enseigner les techniques militaires occidentales. Katsumoto Moritsugu déplore la disparition de la « voie du guerrier » (bushidô) provoquée par la modernisation du Japon et Nathan Algren celle d’un code similaire, celui de la cavalerie. Ce qui rapproche les deux hommes.

(D’après un texte en japonais de Nagasawa Takaaki. Photographies : Kusano Seiichirô. Photo de titre avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

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