Les grandes figures historiques du Japon

Saigô Takamori, le « dernier samouraï » de l’histoire du Japon

Culture

Saigô Takamori est l’un des personnages les plus populaires de l’histoire du Japon moderne, notamment en tant qu’incarnation du mythe du héros vaincu. Voici un aperçu du parcours tragique et contrasté de ce guerrier d’origine modeste qui a été l’un des principaux artisans de la Restauration de Meiji (1868). Penchons-nous à nouveau sur cette existence hors du commun.

L’homme qui a négocié la reddition du château d’Edo sans effusion de sang

En 1864, Saigô Takamori se réconcilie avec Shimazu Hisamitsu et se fait envoyer à Kyoto en tant que commandant des troupes du fief de Satsuma. Sa mission consiste à mater les troupes de fief de Chôshû alors qu’elles tentent de pénétrer dans le palais impérial. Bien que ces dernières soient également partisanes du retour au pouvoir de l’empereur, leurs méthodes extrémistes et leur ancienne rivalité avec Satsuma en font l’ennemi à combattre. Cet épisode passera dans l’histoire sous le nom de Hamaguri gomon no hen (« incident de l’enceinte interdite du palais impérial ») où pour la première fois, Saigô Takamori a l’occasion de mener des troupes au combat. La même année également, il devient commandant en chef de l’armée envoyée pour mener une expédition punitive envers le fief de Chôshû. Mais deux ans plus tard, Satsuma et Chôshû concluent une alliance scellée sous l’égide de Sakamoto Ryôma (voir article « Sakamoto Ryôma, héros mythique de l’histoire du Japon moderne ») et Saigô Takamori prend la tête des forces qui renversent le régime shogunale des Tokugawa.

En janvier 1868, les fiefs de Satsuma et de Chôshû proclament la restauration officielle du pouvoir à l’empereur. Mais les partisans du shôgun résistent et déclenchent ce que l’on appellera la Guerre de Bôshin, qui durera deux ans. Mais dès le mois de mars 1868, les troupes favorables à l’empereur remportent une victoire décisive avec la reddition du château d’Edo où réside le shôgun Tokugawa. Au péril de sa vie, Saigô Takamori entre dans la place-forte pour négocier, accompagné seulement par une poignée d’hommes. Les tractations qu’il mène sur place avec le grand homme politique Katsu Kaishû aboutissent à un accord par lequel le shôgun accepte de quitter les lieux sans condition…et sans effusion de sang.

Pour l’historien Iechika Yoshiki, Saigô Takamori est le seul des trois grands héros de la Restauration de Meiji capable d’arriver à un tel résultat. « Sans lui, la Restauration de Meiji n’aurait peut-être jamais eu lieu et c’est sans doute à cause de lui que les Japonais considèrent cet épisode d’un œil favorable. S’il avait abouti à une guerre civile sanglante, il aurait laissé une image bien différente de cette période cruciale de l’histoire de l’Archipel. Saigô Takamori n’était pas un homme politique d’une aussi grande envergure qu’Ôkubo Toshimichi, mais il le dépassait largement par l’amour et les qualités de cœur uniques qui l’animaient ».

La grotte de Saigô Takamori située à mi-chemin du sommet du mont Shiroyama. C’est là que le héros aurait passé les cinq derniers jours de sa vie, cerné par les forces gouvernementales, avant de se donner la mort.

Suite > La rebellion du « dernier samouraï »

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