Les grandes figures historiques du Japon

Saigô Takamori, le « dernier samouraï » de l’histoire du Japon

Culture

Saigô Takamori est l’un des personnages les plus populaires de l’histoire du Japon moderne, notamment en tant qu’incarnation du mythe du héros vaincu. Voici un aperçu du parcours tragique et contrasté de ce guerrier d’origine modeste qui a été l’un des principaux artisans de la Restauration de Meiji (1868). Penchons-nous à nouveau sur cette existence hors du commun.

Au Japon, Saigô Takamori (1828-1877) est considéré comme l’un des trois grands héros qui ont joué un rôle essentiel dans la chute du shogunat Tokugawa et la Restauration de Meiji, au même titre qu’Ôkubo Toshimichi (1830-1878) et Kido Takayoshi (1833-1877). Il est surtout célèbre pour avoir réussi à négocier la reddition sans condition et sans effusion de sang du château d’Edo, où résidait le dernier des shôguns, et pour s’être révolté neuf ans plus tard contre le gouvernement de Meiji qu’il avait pourtant contribué à instaurer. Bien que qualifié un temps de traître et de rebelle, il a fini par être pardonné et réhabilité par l’empereur en 1889.

Un premier suicide raté

Saigô Takamori naît en 1828 dans le fief de Satsuma, tout au sud de l’île de Kyûshû. Fils d’un guerrier de rang inférieur, il s’occupe de tâches subalternes liées à la construction de routes et de ponts et du contrôle de la production du riz. Mais la série de rapports qu’il rédige sur la gestion agricole locale finit par attirer l’attention du daimyô (seigneur féodal) de Satsuma, Shimazu Nariakira, un fervent partisan de l’ouverture du Japon et du retour au pouvoir de l’empereur. Saigô rentre alors à son service en 1854, à l’âge de 26 ans. Le daimyô emmène sa nouvelle recrue avec lui à l’occasion d’une des visites régulières qu’il effectue régulièrement à Edo (Tokyo), la capitale shogounale. Sur place, Saigô Takamori exerce la fonction de « maître-jardinier » qui recouvre en fait celle d’espion et d’agent de liaison. Il rencontre ainsi des personnages de premier plan dont les idées l’influenceront fortement. En particulier Fujita Tôko – homme de confiance de Tokugawa Nariaki, daimyô du fief de Mito (préfecture d’Ibaraki) –, un ardent défenseur de la doctrine sonnô jôi (littéralement « Révérer l’empereur et expulser les barbares »).

Stèle de pierre élevée en mémoire de Saigô Takamori là où il est né, dans le quartier de Kajiya de la ville de Kagoshima (préfecture de Kagoshima).

En peu de temps, Saigô Takamori forme un réseau de guerriers originaires de divers fiefs, dont celui de Mito, tous favorables au retour au pouvoir de l’empereur. Sa franchise et sa grande sensibilité lui valent une véritable confiance de la part de Shimazu Nariakira, tant et si bien que celui-ci le considère comme une sorte de conseiller. Mais les choses changent à partir de 1857, avec la disparition d’Abe Masahiro, membre du conseil des anciens (rôjû) du shôgun, qui avait encouragé l’ouverture du Japon via de nombreux traités avec les puissances occidentales et avait permis à son ami Shimazu Nariakira de devenir daimyô. Et plus encore un an après, quand ce dernier meurt à son tour et se fait remplacer par son frère cadet, Shimazu Hisamitsu, qui rentrera en conflit d’idées avec Saigô Takamori. La même année, Ii Naosuke devient tairô – le ministre d’état le plus important du régime shogunal – et en profite pour réprimer les partisans du mouvement sonnô jôi.

Ayant perdu son protecteur, Saigô Takamori se retrouve dans une position vraiment difficile. Très affecté par la disparition de son maître, il fuit en direction du fief de Satsuma avec Gesshô, le supérieur de temple Kiyomizudera de Kyoto et fervent partisan du retour au pouvoir de l’empereur. Mais les deux hommes une fois sur place, tout espoir les ayant quittés, finissent par se jeter dans la baie de Kagoshima pour mettre fin à leurs jours. Gesshô périt noyé, mais Saigô Takamori, lui, survit miraculeusement.

Suite > Une conception de la vie fondée sur le « respect du ciel et l’amour des hommes »

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