Les grandes figures historiques du Japon

Sakamoto Ryôma, héros mythique de l’histoire du Japon moderne

Culture

Il y a un siècle et demi, Sakamoto Ryôma (1836-1867) a joué un rôle clé dans l’histoire du Japon moderne en négociant une alliance entre les fiefs de Satsuma et de Chôshû en vue de renverser le shôgunat et rendre le pouvoir à l’empereur. Mais il n’a pas eu le temps de voir ses efforts aboutir, ayant été assassiné en 1867, à l’âge de 31 ans. Le 150e anniversaire de la mort de ce héros particulièrement cher au cœur des Japonais a été marqué par toutes sortes de manifestations. Nous vous proposons de découvrir le parcours étonnant d’un homme qui, bien que né dans une famille de guerriers de rang modeste, a eu une influence décisive sur l’instauration d’un État moderne dans l’Archipel.

Une conception entièrement nouvelle de l’État japonais

Outre ses activités politiques, Sakamoto Ryôma continue à s’illustrer dans le domaine de la marine et se lance même dans le commerce. En 1865, il fonde une compagnie commerciale – Kameyama shachû, installée à Nagasaki – qui lui permet notamment d’acheter des armes et des bateaux pour le fief de Chôshû au nom de celui de Satsuma et ainsi de renforcer le potentiel militaire de l’alliance.

En 1866, le bakufu organise une seconde expédition punitive contre le fief de Chôshû. Sakamoto Ryôma et des membres de la compagnie Kameyama se trouvent à bord du bateau de guerre Union – fourni à Chôshû par une entreprise britannique –, quand celui-ci se trouve impliqué dans la bataille, à Shimonoseki. C’est la seule et unique fois de sa courte vie que Sakamoto Ryôma participe à des combats de ce type.

Fac-similé de la bannière de Kameyama shachû. Par la suite, la compagnie maritime fondée par Sakamoto Ryôma prend le nom de Kaientai (littéralement « Troupe de soutien maritime ») et elle se rallie au fief de Tosa.

Sakamoto Ryôma doit aussi sa notoriété au Senchû hassaku (littéralement « Huit mesures sur un bateau »), un programme en huit points pour la création d’un État moderne axé, entre autres, sur la restitution du pouvoir à l’empereur (taisei hôkan) et la création d’un parlement. À l’occasion d’un voyage en bateau de Nagasaki à Hyôgo, il expose son plan à Gotô Shôjirô, un guerrier du fief de Tosa qui, profondément impressionné, le consigne par écrit.

Gotô Shôjirô encourage le fief de Tosa à adresser une requête à Tokugawa Yoshinobu (1837-1913), le dernier shôgun d’Edo, lui enjoignant de restituer le pouvoir à l’empereur. À l’époque, le régime shogunal est tellement affaibli que Tokugawa Yoshinobu quitte ses fonctions le 9 novembre 1867. Par la suite, le programme en huit points de Sakamoto Ryôma joue un rôle capital dans la Restauration de Meiji. Il est d’abord remanié et transformé par son auteur en un « plan en huit points pour l’établissement d’un nouveau gouvernement » (Shin-seifu kôryô hassaku) avant d’inspirer directement le « Serment impérial en cinq articles » (Gokajô no Goseimon) promulguée en 1868 par l’empereur Meiji (1852-1912), lors de son accession au pouvoir.

Fac-similé du Shin-seifu kôryô hassaku, une version remaniée du programme en huit points (Senchû hassaku) de Sakamoto Ryôma. On notera qu’il n’y est plus question de restituer le pouvoir à l’empereur.

L’assassinat de Sakamoto Ryôma : un mystère non élucidé

Le 10 décembre 1867, un mois après la restauration du pouvoir impérial, Sakamoto Ryôma est assassiné en même temps que Nakaoka Shintarô, un autre guerrier du fief de Tosa, à l’auberge Ômiya de Kyoto, où il a coutume de se rendre. Il est âgé d’à peine 31 ans. Ce meurtre donne lieu à une foule de théories à propos de ses commanditaires et de ses auteurs. Il est officiellement attribué au Mimawari-gumi, une organisation de Kyoto chargée du maintien de l’ordre par le bakufu d’Edo.

Le 27 janvier 1868, peu de temps après ce crime, l’armée du nouveau gouvernement – dont le noyau dur est constitué par des troupes des fiefs de Satsuma, Chôshû et Tosa – affronte les partisans de l’ancien régime shogunal lors de la bataille de Toba-Fushimi. La guerre civile qui s’ensuit, dite de Boshin, dure un an et prend fin en 1869 par la victoire de l’armée impériale et la création d’un nouvel État autour de la personne de l’empereur par les autorités de Meiji.

Reconstitution de l’assassinat de Sakamoto Ryôma par la technique du théâtre d’ombres. Le jeune guerrier est lâchement attaqué alors qu’il converse, assis et sans arme, avec Nakaoka Shintarô, un autre partisan de la restauration impériale.

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