Exploration de l’histoire japonaise

La Restauration de Meiji : la fin du shogunat et la construction de l’État japonais moderne

Culture

L’année 2018, qui marque le 150e anniversaire de la Restauration de Meiji, a donné lieu à de nombreuses célébrations au Japon. L’année 1868 a certes joué un rôle crucial dans la chute du shogunat et l’instauration d’un nouveau mode de gouvernement, mais la bonne compréhension du contexte historique demande une plus large perspective. L’article qui suit présente un panorama succinct de l’histoire du Japon entre l’arrivée des « navires noirs » de la marine américaine en 1853 et la promulgation de la Constitution de Meiji en 1889.

Une alliance secrète

Les conflits séparés qui les opposèrent à la Grande-Bretagne, puis à une coalition internationale en 1863-1864, fournirent aux puissants domaines de Satsuma et Chôshû l’occasion de faire l’expérience de la force déployée par les armées étrangères. La pénible conclusion s’imposa alors qu’il était impossible d’« expulser » purement et simplement les étrangers. Pour éviter que le Japon devienne une colonie, il était indispensable de construire sans délai un État moderne.

En 1866, les domaines anciennement rivaux formèrent en secret l’alliance Satsuma-Chôshû, scellée grâce à l’action de Sakamoto Ryôma. La même année, Satsuma refusa de participer à la seconde expédition contre Chôshû lancée par le shogunat et choisit de soutenir son allié en lui fournissant clandestinement de grandes quantités d’armes. La défaite du shogunat à l’issue de cette campagne contre un unique domaine stimula grandement le mouvement d’opposition.

Combats entre forces du shogunat et de Chôshû durant la seconde expédition contre Chôshû. (Photo avec l’aimable autorisation du musée préfectoral de Yamaguchi)

La plongée dans la guerre civile

Le dernier shogun, Tokugawa Yoshinobu (1837-1913), réagit au déclin de l’autorité shogunal par une déclaration, prononcée en novembre 1867, où il renonçait pacifiquement au pouvoir au profit du jeune empereur Meiji, monté sur le trône plus tôt la même année après la mort de l’empereur Kômei, bien qu’il continuât de nourrir le projet de participer au nouveau gouvernement siégeant à la cour impériale. Mais à Satsuma et Chôshû, un complot se forma en vue de renverser le shogunat par la force. En janvier 1868, ces activistes prirent le contrôle du palais impérial de Kyoto et publièrent un décret restaurant le pouvoir impérial (ôsei fukko). Ce coup d’État est généralement vu comme l’événement crucial de la Restauration de Meiji. Le soir du même jour, lors d’une réunion de représentants du nouveau gouvernement, les tenants de la ligne dure l’emportèrent sur les éléments modérés, issus de domaines comme Tosa et Echizen (dans les préfectures actuelles de Kôchi et de Fukui) qui étaient favorables à un compromis avec Yoshinobu. Il fut décidé à l’issue de la réunion que ce dernier devait démissionner et rendre toutes les terres des Tokugawa à la cour.

Le clan Satsuma-Chôshû visait ainsi à provoquer une réaction violente de l’ancien shogunat, mais Yoshinobu transféra paisiblement ses quartiers du château Nijô de Kyoto à celui d’Osaka, pour y observer l’évolution de la situation. Au sein du gouvernement, les modérés prirent provisoirement le dessus et il fut décidé que Yoshinobu pouvait être intégré dans le cabinet. Mais quand Saigô Takamori, un samouraï de Satsuma tenant de la ligne dure, envoya un groupe de guerriers semer le désordre à Edo (l’ancienne Tokyo), cela déclencha la colère des partisans du shogunat, qui réduisirent en cendres la résidence que le domaine de Satsuma occupait dans la ville.

Ces événements provoquèrent également le courroux des partisans de Yoshinobu à Osaka et celui-ci, n’étant pas en mesure de les contrôler, les autorisa à marcher sur Kyoto. Telles furent les prémisses de la bataille de Toba-Fushimi, au sud de la ville. Ce premier affrontement marque le début de la guerre civile de Boshin. Les forces du nouveau gouvernement de Meiji infligèrent une défaite à celles de l’ancien shogunat et Yoshinobu s’enfuit à Edo.

Tokugawa Yoshinobu, dernier shogun du shogunat d’Edo. (Photo avec l’aimable autorisation du musée d’histoire de Fukui)

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