Les différents courants de l'animation japonaise

Hosoda Mamoru, l’héritier de la tradition de l’anime japonais

Culture

Hikawa Ryûsuke [Profil]

L’avenir de l’anime japonais semble avoir encore de beaux jours devant lui, avec le retour de Miyazaki Hayao, le chef d'œuvre Your Name de Shinkai Makoto, et... Hosoda Mamoru, un réalisateur extrêmement talentueux dont nous vous invitons à faire la connaissance dans cet article.

Une passion précoce pour l’anime

Hosoda Mamoru est né le 11 septembre 1967. À l’âge de 12 ans, il aurait écrit « je veux devenir réalisateur d’anime » dans sa rédaction de fin d’études primaires. À l’époque – c’est-à-dire en 1979 –, Miyazaki Hayao venait tout juste de sortir Le Château de Cagliostro, son premier long-métrage en tant que réalisateur. Le jeune Mamoru a appris comment les films d’animation sont réalisés à partir de dessins en lisant le livret vendu dans la salle de cinéma.

Après avoir étudié la peinture à l’huile à l’École des beaux-arts de Kanazawa, Hosoda Mamoru a passé un concours pour entrer au studio Ghibli. Sa candidature n’a pas été retenue mais il a reçu une lettre d’encouragement de Miyazaki Hayao en personne. Voici en quoi elle consistait d’après un entretien accordé par Hosoda Mamoru à la revue Freeestyle (numéro 7). « J’ai pensé que si nous t’engagions maintenant, ce serait au détriment de ton talent. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas le faire. » Quand on considère ces paroles avec le recul du temps, on se dit qu’elles étaient vraiment pleines de sens.

En 1991, Hosoda Mamoru a commencé à travailler pour les studios Tôei Animation où il a d’abord exercé le métier d’animateur. En 1995 – il avait alors 28 ans –, il a réussi un examen interne qui lui a permis de réaliser son vœu le plus cher : accéder au département de la production. Hosoda Mamoru a travaillé sur des épisodes de séries télévisées et il s’est fait tout de suite remarquer à cause de son style très personnel. En 1999, il a fait ses débuts en tant que réalisateur de film pour le grand écran avec un court métrage de 20 minutes, Digimon Adventure, qui a été projeté au cours de la Fête de l’anime célébrée au printemps par Tôei Animation. En l’an 2000, il a réalisé une suite de 40 minutes intitulée Digimon adventure – bokura no war game !. Le graphisme très moderne du film et son sujet en phase avec l’ère du numérique et d’Internet lui ont valu les éloges unanimes de la critique.

Peu après, Hosoda Mamoru a travaillé temporairement pour le studio Ghibli au Château ambulant. Mais ce projet, qui différait sensiblement de la version réalisée par Miyazaki Hayao en 2004, a fini par être abandonné pour diverses raisons. Quand Hosoda Mamoru est retourné chez Tôei Animation en 2003, l’artiste plasticien Murakami Takashi lui a demandé de réaliser un court métrage de promotion des produits Louis Vuitton auquel il a donné le nom de Superflat Monogram. Murakami Takashi était un fervent admirateur de Hosoda Mamoru depuis son second film de la série Digimon, et l’un des premiers à avoir repéré son immense talent.

Tôei Animation est une sorte de « fabrique d’anime » qui produit essentiellement des œuvres répondant aux désirs de ses clients et de son public, constitué avant tout par des enfants. Mais dans le même temps, les producteurs sont partagés parce qu’ils sont convaincus que pour qu’un film réussisse sur le plan commercial, il faut qu’il porte la marque d’un créateur. C’est pourquoi ils se sont intéressés de très près au travail de Hosoda Mamoru, dont la créativité est tout à fait remarquable.

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Hikawa RyûsukeArticles de l'auteur

Né en 1958. Chercheur spécialisé dans les films d’animation et les effets spéciaux (tokusatsu). Professeur invité à l’Institut de recherches de troisième cycle de l’Université Meiji. A travaillé en tant qu’ingénieur informaticien. Ecrivain et critique spécialiste de l’image y compris du point de vue technique. Membre du jury du Festival Japan Media Arts pour la catégorie animation. Auteur de divers ouvrages dont Firumu to shite no Gundam (À propos des trois films Mobile Suit Gundam, Ohta shuppan, 2002)

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