Les endroits à visiter à tout prix !
Un « temple souterrain géant » qui protège la région tokyoïte d’une inondation
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Un lieu de tournage rêvé pour des effets spéciaux
C’est un cagibi quelconque au coin d’un terrain de football, en bordure de la rivière Edogawa. Mais une fois descendu les 116 marches de l’escalier se trouvant à l’intérieur, vous débouchez sur un espace de 177 mètres de long, 78 mètres de large et 18 mètres de hauteur, soutenu par 59 piliers de béton dont chacun pèse près de 500 tonnes. L’endroit est tellement impressionnant que ses nombreux fans dans le monde entier l’ont baptisé « le temple souterrain ». Bienvenue dans le réservoir géant du réseau de contrôle anti-inondation, à Kasukabe, préfecture de Saitama. Depuis que l’endroit a été popularisé par la série télé Kamen Riders, il est également devenu un lieu de prises de vues très apprécié pour des scènes d’effets spéciaux, des photos de mode, des clips vidéos d’artistes en vogue, et des tournages de films pour le cinéma.
Dans la salle de contrôle du système de drainage, située à Shôwa et rattachée au réservoir d’eau, il est possible d’explorer le Ryû-Q-kan, le « Musée du dragon Q ». Après une introduction aux installations et après avoir admiré l’ingéniosité du système, les groupes de visiteurs se dirigent vers l’intérieur du réservoir. Malgré la fermeture au public en cas de mise en marche du système et pendant les opérations de maintenance, plus de 400 000 personnes ont déjà expérimenté « le temple souterrain ». Les photographies sont autorisées, pour le plus grand bonheur des fans, et les enfants en profitent pour se faire immortaliser avec leurs figurines ou leurs accessoires de super-héros favoris.
Yabe Takayuki, du Bureau de l’Edogawa au ministère du Territoire, des Infrastructures et des Transports, nous explique :« La célébrité du réservoir souterrain anti-inondation de la métropole a eu pour effet d’éveiller l’intérêt d’un plus grand nombre de personnes au système de rétention d’eau lui-même. Le public venant visiter l’installation en profite non seulement pour comprendre l’aspect technologique et admirer la performance technique de cette réalisation en passant dans les salles d’exposition du « Musée du Dragon Q », mais également pour se sensibliser à la prévention des catastrophes naturelles, et des inondations en particulier. C’est pour cette raison que nous accueillons avec plaisir les demandes de reportages des médias. »
Une immense rivière souterraine de 6,3 kilomètres
La commune de Kasukabe et ses environs occupent un creux de basse altitude, entouré par plusieurs grandes rivières, la Tonegawa, l’Edogawa et l’Arakawa. Les précipitations s’y accumulent et les cours d’eau qui la traversent comme la Nakagawa ne sont pas suffisament inclinés pour évacuer rapidement ces surplus d’eau, ce qui provoque des crues soudaines dès que les précipitations dépassent une certaine quantité. En outre, l’urbanisation de la zone le long de ces rivières empêche ces surplus d’eau de pénétrer rapidement dans le sol. Toutes ces conditions combinées engendrent des inondations de plus en plus dévastatrices en aval. Les travaux du système de régulation souterrain ont commencé en mars 1993, avant sa première mise en service, partielle en juin 2002, puis totale en juin 2006.
La fameuse image du réservoir souterrain ne représente en fait qu’une partie infime du réseau souterrain de contrôle anti-inondation. Cet immense système est par ailleurs constitué de 5 silos souterrains de 70 mètres de profondeur et 30 mètres de diamètres, reliés, à 50 mètres sous terre, le long de la Nationale 16, par un canal souterrain de 10 mètres de diamètre et de 6,3 kilomètres de long, le tout complété par une structure de drainage composée de 4 pompes actionnées par des turbines d’avions modifiées qui rejettent l’eau dans la rivière Edogawa.
Lorsque de fortes précipitations causent des crues dans les cours d’eau, menaçant d’envahir les territoires en contrebas, l’eau se déverse et se répartit dans les cinq silos souterrains tous reliés par un canal souterrain. Une fois celui-ci rempli, l’eau s’accumule dans les silos. Arrivée à un certain niveau, l’eau du silo n° 1 finit par se déverser dans le réservoir géant qui lui est directement relié : le fameux temple souterrain.
La capacité totale de stockage représente environ 670 000 m3 (soit le volume d’un immeuble de 60 étages). Quand le réservoir lui-même atteint son niveau limite, les quatre pompes du système de drainage entrent en action et évacuent l’eau dans l’Edogawa à raison d’un débit total de 200 m3 par seconde (soit l’équivalent d’une piscine de 25 mètres).
Les dommages évités représentent une économie supérieure à trois fois les coûts de construction
Le coût total de la construction du réseau s’est élevé à 230 milliards de yens. Un montant qu’il faut mettre en perspective avec les performances obtenues. Le système entre en service en moyenne huit fois par an. Au total, à la date du 25 octobre 2016, c’est un total de 105 inondations que le système a permis d’éviter depuis la mise en service partielle en 2002.
Lorsque le typhon n° 3 de juillet 2000 a causé des précipitations de 160 mm sur le bassin de la Nakagawa-Ayase, 137 hectares ont été inondés et 248 maisons gravement endommagées. Mais lorsque la même région reçoit 199 mm de précipitations lors du passage du typhon n° 22 d’octobre 2004, c’est-à-dire après la mise en service partielle du système, les dégâts des eaux se sont réduits à 72 hectares et 126 habitations touchées. Puis, en décembre 2006, après la mise en service complète du système, les dégâts provoqués par des précipitations de 172 mm ont pu être davantage diminués : 33 hectares et 85 maisons touchées.
Selon les données rendues publiques en 2012 par le ministère des Transports, en 10 ans d’activité, même partielle, les dégâts évités par le système anti-inondation représentent un montant de 48,1 milliards de yens. Extrapolées sur 50 ans, cela représente une économie de 743,7 milliards de yens, soit trois fois les coûts investis.
« Les silos sont ouverts en moyenne huit fois par an, et trois fois seulement avec un recours des quatre pompes du système de drainage, comme lors du passage des typhons géants n° 17 et 18 de 2015. Nous avons ainsi atteint une très grande capacité de contrôle des inondations. Mais il faut comprendre que le système ne permet d’éviter que les inondations dues à des débordements des rivières en crue. Il ne protège pas de la totalité des dégâts des eaux. Les habitants de la zone couverte par le réseau anti-inondation ne doivent pas se sentir à l’abri en toutes circonstances. Ce serait une erreur. Nous encourageons au contraire un sensibilisation accrue de la population à la prévention des catastrophes », précise M. Yabe.
Une esthétique du fonctionnel qui parle au monde entier
Dans Tokyo même, les travaux de lutte anti-inondation se sont intensifiés, et les installations souterraines se sont multipliées ces dernières années. 28 emplacements sur 12 cours d’eau sont d’ores et déjà en service, et plus de 10 autres sont en travaux ou planifiés. S’agissant là aussi de structures souterraines, leur conception et leur fonctionnement laisseraient facilement penser à tort qu’ils sont similaires à ceux du réseau de Saitama, et pourtant, il existe une différence importante.
« Le réseau souterrain anti-inondation de Saitama a pour fonction d’éviter les inondations en collectant les eaux des systèmes fluviaux lors des crues provoquées par des précipitations abondantes, puis de retenir temporairement ces eaux, avant de les réinjecter dans le fleuve. C’est avant tout un réseau d’évacuation , autrement dit, il ne se contente pas de maintenir l’eau, mais la réinjecte également dans l’Edogawa. Voilà précisément l’utilité du réservoir souterrain et de la station de drainage », explique M. Yabe.
Il est possible de s’inscrire à une visite depuis l’étranger. Néanmoins, les explications étant en japonais uniquement, prévoyez un interprète.
« Comme les installations sont entièrement souterraines, nous souhaitons que le public en comprenne correctement le fonctionnement, et par conséquent, nous mettons l’accent sur la venue et la participation des médias, ainsi que sur l’organisation de visites. Bien évidemment, le réservoir n’a pas été conçu dans le but de réunir des foules ou de servir de lieu de prise de vues pour des films. Le réseau métropolitain souterrain anti-inondation accumule un grand nombre de prouesses technologiques et de premières mondiales. L’atmosphère presque sacrée que l’on ressent dans ce lieu, c’est l’esthétique du fonctionnel… Une esthétique qui dépasse les frontières, et c’est sûrement la raison pour laquelle tant de gens s’y intéressent », ajoute M.Yabe.
Réservoir géant du réseau de contrôle anti-inondation à Kasukabe
Adresse : 720, Kamikanasaki, Kasukabe, Saitama-ken
Site officiel [EN]
Accès : 40 minutes à pied de la gare de Noda ou du Minami-Sakurai sortie nord, ligne Tôbu, ou 7 minutes en taxi (environ 3 km)
*Kasukabe est desservie par une ligne de bus locale, mais il convient de vérifier les horaires et les jours de service.
(Photos : Miwa Norikatsu. Reportage réalisé grâce à la collaboration du bureau de l’Edogawa au ministère du Territoire, des Infrastructures et des Transports.)