Introduction au zen

Hakuin Ekaku et l’art zen

Culture

Le bouddhisme zen a exercé une profonde influence sur la culture et la société japonaises. Aujourd’hui, l’« attention juste» du zen (autrement appelée la « pleine conscience») suscite de l’intérêt dans le monde entier. Penchons-nous sur les grands maîtres du temps jadis et examinons en quoi le zen reste pertinent pour les gens de la société contemporaine.

Le zen et la culture japonaise

Les moines zen n’étaient pas les seuls personnages au regard dérangeant présentés dans l’exposition. Il y avait des dragons dont les yeux semblaient vous suivre tout autour de la pièce et des tigres féroces qui avaient l’air prêts à bondir hors de la toile pour se jeter sur vous. Ces œuvres exprimaient avec puissance la passion et l’énergie propres au zen rinzai, ainsi que sa capacité toujours intacte à bouleverser les gens qui les regardent.

Dragons et tigres (panneau de gauche), par Kano Senraku, bien culturel important, XVIIe siècle, Myôshin-ji, Kyoto.

Dragons et tigres (panneau de gauche), par Kano Senraku, bien culturel important, XVIIe siècle, Myôshin-ji, Kyoto.

Tigres (élément d’une série de panneaux peints destinés à la chambre de l’abbé du Nanzenji), par Kano Tan’yu, bien culturel important, XVIIe siècle, Nanzenji, Kyoto.

Était également exposée une flûte shakuachi ayant appartenu à Ikkyû Sôjun (1394-1481), moine zen et poète excentrique. Les visiteurs avaient la possibilité d’écouter le son de la flûte. Il y avait aussi des trésors nationaux illustrant l’histoire de la cérémonie du thé – qui a pris son essor sous l’influence du zen –, dont plusieurs bols et boîtes à thé d’une valeur inestimable. Ces objets témoignaient avec éclat de la profonde imprégnation du zen dans bien des aspects de la culture japonaise classique.

Trouver la concentration au milieu du mouvement

La richesse et la diversité de la culture zen sont indéniables. À l’occasion de ma visite de l’exposition, j’ai demandé à Hasunuma Yoshinao, le directeur du Conseil mixte pour le zen Rinzai et Ôbaku, quelle était la meilleure façon d’aborder le zen dans la société contemporaine. Il m’a répondu sans détours : « Il faut tout simplement pratiquer le zazen, et tendre vers l’illumination dans votre vie quotidienne. » Ce grand personnage du zen japonais est un homme d’une présence imposante, presque intimidante, doté d’un regard perçant. Mais dès qu’il commence à parler, son visage prend une expression plus douce, plus avenante.

« Il s’agit tout simplement de s’asseoir, de ne pas être dispersé. Cela conduit à l’état de mushin [le non-esprit] et de shôjôshin [l’esprit pur]. Imaginez que vous versez de l’eau boueuse dans un verre. Au début elle est trouble et opaque, mais si vous la laissez reposer un certain temps, elle s’éclaircit peu à peu, jusqu’à devenir transparente, et vous pouvez alors voir au travers. « Mais ne tentez pas de jeter la boue. Tout le monde a un peu de boue dans sa vie. »

Pour bien des gens de notre époque, qui ont une vie affairée, il est toutefois très difficile de consacrer de longs moments à l’assise en zazen. Le révérend Hasunuma, qui semble lire mes pensées, poursuit : « Mais vous n’avez même pas nécessairement besoin de vous asseoir pour pratiquer le zen. Vous pouvez le faire dans le train, ou en marchant. Il suffit de marcher le cœur en paix, sans se soucier de tout ce qui se passe autour de vous. C’est dôchû no kufû, la concentration au sein de l’activité. Il n’est pas nécessaire de toujours rechercher la pleine conscience dans la tranquillité, on peut aussi la chercher dans le mouvement et l’activité. Hakuin disait même que cette concentration en mouvement peut être cent fois, mille fois, dix mille fois supérieure à la concentration dans l’immobilité. »

Le zen a un long avenir devant lui

Inspiré par les paroles du révérend Hasunuma, je me concentre sur la sensation des pavés mouillés sous mes pieds tandis que je m’éloigne du musée. Une douceur, née de la pluie récemment tombée, s’attarde dans l’air. La verdure des arbres du parc resplendit de fraîcheur.

Le zen semble parfois d’une simplicité aveuglante et en même temps d’une complexité déconcertante. Peut-être sont-ce cette profondeur et cette complexité qui lui ont permis de préserver l’impact qu’il a toujours sur tant de peuples et de cultures.

Les premières paroles prononcées par le révérend Hasunuma à l’exposition me reviennent à l’esprit : « La plupart des gens sont comme des bateaux dans le brouillard. Le zen transcende le temps et le lieu, et il continuera de répandre sa lumière dans la vie des hommes jusque dans un avenir lointain. »

(D’après un texte original en japonais de Koyama Tetsuya. Photo de titre : Nippon.com – Dix moines cherchent l’illumination à travers la concentration dans le mouvement et l’activité. « Dix grands disciples debout », Temple Rokuô-in, Kyoto. Autres photos avec l’aimable autorisation du Musée national de Tokyo, sauf indication contraire.)

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