Katakana : le second syllabaire indispensable pour apprendre le japonais
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Les katakana sont aujourd’hui considérés comme la seconde forme d’écriture japonaise qui doit être apprise après les hiragana. Au Japon, ils figurent en général au programme du cours préparatoire, mais certains enfants les connaissent déjà avant d’entrer à l’école primaire. Chacun des 46 caractères du syllabaire des hiragana a son équivalent dans celui des katakana. Le son « a » écrit あ dans les hiragana devient ア dans les katakana, tandis que « ko » écrit こ dans le syllabaire des hiragana se transforme en コ.
Des mots avec un statut particulier
Les katakana se signalent par des lignes droites et anguleuses qui contrastent vivement avec les courbes caractéristiques des hiragana. Les deux syllabaires sont issus d’idéogrammes (kanji) simplifiés. Mais les hiragana ont été obtenus à partir de la forme cursive et simple de kanji (hira signifie « simple »). Les katakana, eux, proviennent d’une partie de kanji, kata faisant référence à une « portion ».
À première vue, le fait que la langue japonaise ait recours à deux syllabaires spécifiques jouant plus ou moins le même rôle peut paraître quelque peu surprenant voire contestable en termes d’efficacité. Pour mieux comprendre, il suffit de se rappeler que l’alphabet latin moderne comporte à la fois des majuscules et des minuscules dont l’usage est soumis à des conventions en français comme en anglais. Il en va de même pour les katakana, dont l’utilisation a évolué au fil du temps. Quand un mot est transcrit à l’aide de ce syllabaire, cela indique au lecteur qu’il a un statut particulier.
Mots empruntés et noms d’animaux et de plantes
Les katakana sont couramment employés pour écrire des mots empruntés à d’autres langues, notamment l’anglais. C’est ainsi qu’en japonais, « coffee » (« café » en anglais), a pris la forme de コーヒー (kôhi) et « hôtel », celle de ホテル (hoteru). Les Japonais ont également recours au deuxième syllabaire pour transcrire les noms propres d’origine étrangère. Baudelaire s’est transformé en ボードレール (Bôdorêru) et Shakespeare en シェイクスピア (Sheikusupia).
Par ailleurs, les noms d’animaux, de plantes, de légumes ou de fruits, même si ce sont des termes japonais, sont souvent écrits à l’aide des katakana. C’est le cas de トキ (toki, l’ibis à crête japonais) ou de スイカ (suika, la pastèque). Ce système a donc aussi l’avantage de faciliter la lecture en évitant l’emploi de kanji peu usités, justement comme celui de toki 鴇.
Mais pourquoi ne pas utiliser systématiquement les hiragana ? Dans une phrase japonaise typique destinée à des adultes, les noms, les adjectifs et les verbes sont transcrits en kanji et le reste – particules connectives et autres éléments grammaticaux qui structurent l’ensemble – en hiragana. Les katakana correspondent à des mots provenant d’autres langues et ils servent aussi de solution de remplacement à certains kanji. ヤクザ (yakuza), par exemple, serait un substitut de 八九三, la combinaison perdante 8-9-3 d’un jeu de cartes très répandu dans la pègre de l’Archipel. Dans la langue japonaise, chaque type d’écriture est donc clairement affecté à un rôle bien précis. Cette règle n’a bien entendu rien d’absolu mais elle est très souvent appliquée.
La langue japonaise fait aussi appel aux katakana pour mettre par écrit les innombrables onomatopées (voir article À la redécouverte du japonais : l’univers fascinant des onomatopées) qu’elle contient ou pour mettre l’accent sur certains mots. Il arrive également que des termes, à l’origine en kanji, finissent par être transcrits de cette façon quand ils ont un nouvel emploi. L’expression 携帯電話 (keitai denwa), « téléphone mobile » est fréquemment abrégée en ケータイ (kêtai), plus facile à utiliser. Les habitants de l’Archipel se servent en outre des katakana pour transcrire par exemple une façon peu naturelle de parler leur langue ou avec un accent particulier, qui peut être celui d’un étranger comme celui d’un robot…
Similarités et divergences entre les katakana et les hiragana
Les hiragana et les katakana présentent des similitudes comme les majuscules et les minuscules de l’alphabet latin. Les katakana ヘ (he), リ (ri), ヤ (ya), et カ (ka) ressemblent à leurs équivalents du syllabaire des hiragana へ, り, や, et か. Ils sont donc d’autant plus faciles à reconnaître. Pour d’autres, le recours à des procédés mnémotechniques peut s’avérer très utile. ハ (ha) rappelle le haut d’un chapeau (hat en anglais). コ (ko) a deux coins. Et ノ (no) peut faire penser à la courbe du nez (nose en anglais).
Une des difficultés majeures posées par les katakana provient de caractères ayant une forme très proche. C’est le cas de シ (shi) et ツ (tsu) ainsi que de ソ (so) et ン (n) que l’on peut confondre facilement. En présence de ce type de signes graphiques pratiquement identiques, il faut toujours rester vigilant. Un bon moyen pour surmonter le problème consiste à enrichir son vocabulaire, sachant qu’il est toujours plus facile de reconnaître des mots familiers que ceux que l’on n’a encore jamais rencontrés.
Une autre caractéristique des katakana est le trait horizontal placé après les voyelles pour indiquer leur allongement, comme dans キーボード (kîbôdo, clavier) et スーパー (sûpa, supermarché). Il existe aussi de nouvelles combinaisons de caractères pour transcrire les mots et les noms propres d’origine étrangère. En particulierウィ (wi) utilisé pour écrireウィリアム (Wiriamu, William) ; ヴィ (vi) employé dans la graphie de ヴィクトリア (Vikutoria, Victoria) ; et フェ (fe) que l’on trouve dans フェイスブック (Feisubukku, Facebook). Enfin les membres de la communauté des fervents admirateurs de la sub-culture japonaise, appelés otaku au Japon, ont adopté la graphie ヲタク pour se désigner eux-mêmes, en choisissant un caractère peu commun – ヲ (wo) au lieu de オ (o) – pour l’initiale de leur nom, ce qui a provoqué l’apparition de la transcription wotaku en ligne dans d’autres langues.
Tableau des katakana
(D’après un article en anglais du 20 juin 2018. Illustrations de Mokutan Angelo)