À la redécouverte du japonais : l’univers fascinant des onomatopées
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Le japonais, une langue riche en onomatopées
« Arrête de te prélasser (goro-goro) et occupe-toi du petit ! »
« Ne passe pas ton temps (dara-dara) au téléphone ! »
« Tu me gênes, ne traîne pas dans mes pattes (uro-uro) ! »
…Ces remarques de mon épouse me font toujours frémir (biku-biku).
En japonais, les nombreuses onomatopées formées de syllabes redoublées (une, deux, parfois même trois) sont bien pratiques pour décrire de façon nuancée une situation précise.
Bien entendu, toutes les langues ont leurs propres onomatopées, mais leur impact diffère dans chacune.
Les onomatopées japonaises se divisent en deux grands groupes : giongo et gitaigo. Les giongo sont des onomatopées à proprement parler, c’est-à-dire qu’elles reproduisent un son ou le cri d’un animal, par exemple.
Les gitaigo sont, pour leur part, l’une des grandes spécificités de la langue japonaise, qui en regorge. Ils traduisent un état, une situation. Parfaitement naturelles pour tout locuteur natif, ils peuvent surprendre les locuteurs étrangers qui se lancent dans l’apprentissage du japonais.
Parmi les onomatopées, ces locutions nées d’un redoublement expressif sont particulièrement amusantes à apprendre et faciles à retenir pour un débutant. Voyons-en quelques-unes.
Quelques exemples d’onomatopées
Ira-ira (イライラ)Exprime un désagrément qui suscite l’agacement
Exemple : Densha ga okurete ira-ira suru (Le train est en retard, cela m’agace)
Exprime le lustre, le brillant
Exemple : Kutsu wo pika-pika ni migaku (Lustrer ses chaussures)
Exprime l’excitation engendrée par l’espoir ou la joie
Exemple : Asu no dêto ni waku-waku suru (Je suis surexcité[e] à l’idée de mon rendez-vous amoureux demain)
Désigne quelque chose de léger et gonflé, ou cette même chose qui flotte dans l’air
Exemple : Aozora ni shiroi kumo ga fuwa-fuwa uiteiru (Des nuages blancs flottent dans le ciel bleu)
1. Exprime la consistance légère et moelleuse d’un aliment
Exemple : Kono pan wa mochi-mochi shite oishii (Ce pain léger et moelleux est délicieux)
2. Désigne une peau lisse et souple
Exemple : Akachan no hada wa mochi-mochi shiteiru (La peau des bébés est lisse et souple)
Désigne un visage souriant et réjoui
Exemple : Niko-niko shite, nani ka ii koto atta no ? (Tu as l’air bien gai(e), que t’arrive-t-il ?)
1. Exprime la faim
Exemple : Onaka ga peko-peko da (J’ai faim)
2. Exprime l’obséquiosité
Exemple : Aitsu wa jôshi ni dake peko-peko suru (Lui, il ne fait des ronds de jambe qu’aux chefs)
Exprime la joie, l’inquiétude, la peur, la surprise, toutes les émotions qui font battre le cœur à cent à l’heure
Exemple : Hito mae de hanasu to doki-doki suru (Quand je dois parler en public, j’ai le trac)
Exprime la fluidité de l’expression orale, en particulier la maîtrise d’une langue étrangère
Exemple : Kare wa eigo ga pera-pera da (Il parle couramment l’anglais)
Des onomatopées précises
Le japonais, peut-être parce qu’il est plus pauvre que d’autres langues en verbes et adjectifs, ne possède qu’un seul verbe pour dire qu’un animal crie : naku. Les corbeaux, les oiseaux, les chiens, les chats, les moutons, les grenouilles et même les insectes, tous « crient » (naku). En contrepartie, une onomatopée adverbiale permet de préciser la nature de ce cri.
Par exemple, le corbeau dit kaa-kaa, l’oiseau chun-chun, le chien wan-wan et le chat nyaa-nyaa.
Par ailleurs, le japonais compte une vaste panoplie d’onomatopées et de redoublements expressifs permettant de qualifier une façon de rire, de marcher, de manger ou autre. Prenons l’exemple du rire, qui peut être gai : kera-kera ; à gorge déployée : gera-gera ; sous cape : kusu-kusu ; juste esquissé et cacher une intention peu louable : niya-niya ou nita-nita ; ou esquissé mais plus sympathique : niko-niko.
Une onomatopée, plusieurs significations
Goro-goro (ゴロゴロ)1. Le grondement du tonnerre
Exemple : Kaminari ga goro-goro to natteiru (Le tonnerre gronde)
2. Une masse imposante et lourde qui roule
Exemple : Iwa ga goro-goro to michi ni korogatta (Un rocher a dégringolé sur la route)
3. Une gêne dans l’œil
Exemple : Kontakuto renzu ga goro-goro suru (Mes lentilles de contact me gênent)
4. Un mal de ventre
Exemple : Furui gyûnyû wo nondara onaka ga goro-goro shite kita (J’ai bu du lait périmé et maintenant mon ventre se met à gargouiller)
5. Quelque chose de terriblement commun
Exemple : Anna otoko wa goro-goro iru (Des types comme lui, on en trouve à la pelle)
6. L’oisiveté
Exemple : Yasumi no hi wa ie de goro-goro shite iru (Les jours de repos, je traîne à la maison)
Exprimer précisément la douleur
Pour exprimer la douleur, le japonais dispose d’onomatopées variées comme kiri-kiri (une douleur lancinante), zuki-zuki (des élancements), piri-piri (des picotements), jin-jin (des fourmillements), zukin-zukin (des élancements encore plus forts), biri-biri (comme des décharges électriques), chiku-chiku (une démangeaison) ou encore gan-gan (un fort mal de tête).
Elles sont très utiles pour exprimer le type de douleur et ainsi mieux l’expliquer. Par exemple, au lieu de dire « j’ai des douleurs répétées à l’estomac, comme si on me le tordait », on peut se contenter de dire « i ga (l’estomac) kiri-kiri suru » et le médecin ou notre interlocuteur verra très bien de quoi il retourne.
Pour ma part, je ne maîtrise pas encore suffisamment les onomatopées japonaises, ce qui redoublerait plutôt mes maux d’estomacs… mais il suffit de retenir ces simples expressions redoublées pour s’exprimer plus librement, sans souffrir.
Utiliser pleinement les onomatopées rend la communication beaucoup plus aisée. J’aime cet univers particulier, que j’entends bien continuer à faire mien.
(D’après un original en japonais. Illustrations : Mokutan Angelo)