Les milles et une merveilles de Kyoto
Le Musée des « kanji » : un insolite lieu de visite à Kyoto
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Le premier musée au Japon consacré aux caractères japonais, les kanji, a ouvert ses portes en juin 2016 à Kyoto. Il est situé tout proche du sanctuaire Yasaka, sur le site d’un ancien collège désormais vacant du quartier de Gion. Son objectif : « Faire connaître davantage la culture des kanji à travers le monde », explique l’Association japonaise de test d’aptitude en kanji, chargée de l’administration du musée.
De l’écriture ossécaille à la machine à écrire
En pénétrant dans le bâtiment, impossible de rater « la tour des 50 000 kanji », un grand pilier de 7,8 mètres gravé d’idéogrammes. Ici sont inscrits absolument tous les kanji répertoriés dans le dictionnaire considéré comme le plus grand au monde : Dai Kan-Wa jiten (« le Grand dictionnaire des kanji », redigé par Morohashi Tetsuji). Les caractères devant être assimilés de l’école primaire jusqu’au lycée y sont inscrits en plus grosse taille, et peuvent également être arrangés par couleur selon leur importance.
En levant les yeux vers cette tour, difficile de ne pas perdre la tête devant le nombre incroyable d’idéogrammes existant en ce bas monde. Cependant, soulageons-nous un tant soit peu en se disant qu’il n’est pas nécessaire de tous les connaître. En effet, seule une infime partie d’entre eux s’avèrent indispensables à la vie en société.
Au rez-de-chaussée nous est présentée l’histoire des idéogrammes chinois, qui ont évolué ou se sont transformés pour devenir des caractères japonais à part entière.
L’écriture ossécaille de la Chine antique, qui a donné naissance aux kanji, s’illustrait sur les carapaces de tortue et avait des vertus divinatoires. Un modèle géant de carapace est exposé où il est possible de s’initier à la structure de cette écriture en utilisant des images.
Les caractères chinois ont été introduits au Japon au Ve siècle, et se sont modifiés progressivement afin de faire partie intégrante de la langue japonaise.
Au cours de la visite, notre regard se porte sur de nombreux documents très rares tels que le recopiage des Entretiens de Confucius par un enfant de 12 ans, datant du VIIIe siècle, ou encore des griffonnages de poèmes chinois.
Au même étage, la suite de la visite présente l’évolution des matériaux et des outils d’écriture des idéogrammes, où nous pouvons admirer des antiques lattes de bois gravées de caractères tout comme de véritables modèles ou des répliques de machines à écrire du XXe siècle. Le musée propose de même une initiation aux méthodes primitives d’écriture, lorsqu’en Chine, avant l’apparition de l’écriture ossécaille, il était supposé que les tout premiers kanji s’inscrivaient sur le sable ou le sol à l’aide d’une branche d’arbre.
Le premier étage propose aux visiteurs d’apprendre tout en s’amusant la structure ou les spécificités des idéogrammes. Dans un coin de l’exposition par exemple nous est présentée un modèle géant de tasse à thé, sur laquelle sont inscrits des caractères de noms de poissons, communément utilisée dans les restaurants de sushi, et il est possible de jouer à un quiz prenant place dans un kaiten-zushi (restaurant de sushi sur tapis roulant). Sont également mis à notre disposition un jeu à écran tactile basée sur les yoji jukugo, les expressions japonaises composées de quatre caractères, tout comme des explications sur les kanji particuliers qui ont exclusivement été crées au Japon, ou encore ceux en usage uniquement dans une certaine région.
Les kanji à la conquête du monde
L’Association japonaise de test d’aptitude en kanji est un organisme qui se consacre à diffuser la culture des idéogrammes, allant de la mise en place du test d’évaluation officiel (appelé communément Kanken), jusqu’à être chargé à chaque fin d’année de déterminer « le kanji de l’année », celui qui aura symbolisé le plus la société durant un an. Aucune statistique officielle n’existe mais ces dernières années ont vu une augmentation progressive du nombre d’étrangers candidats au Kanken.
Hayashida Toshiko, membre de la fondation, a observé bon nombre de ces étrangers venant des pays au langage pourtant bien éloignés des idéogrammes, obtenir d’épatants résultats à ces examens. « Afin d’étudier les kanji de manière efficace, ces personnes procèdent en deux étapes », précise-t-elle.
En premier lieu, ils apprennent la signification de base du caractère, puis assimilent les différentes lectures de celui-ci, les lectures dites on-yomi et kun-yomi, et enrichissent leur vocabulaire. Si l’on prend en exemple le kanji 犬, ils commencent par connaître sa signification, à savoir « chien », puis ses différentes lectures, c’est à dire inu et ken, et il ne leur reste ensuite qu’à retenir les mots pouvant se composer de ce caractère (exemple : 番犬 banken signifiant « chien de garde »), une méthode relativement facile à suivre.
Le musée des kanji
Adresse : 551, Gionmachi Minamigawa, Higashiyama-ku, Kyoto
Heures d’ouverture : 9 h 30–17 h 00 (dernière admission à 16 h 30)
Fermeture hebdomadaire : le lundi (ou le jour suivant s’il tombe un jour férié)
Tarifs : Adultes – 800 yens ; Étudiants et lycéens – 500 yens ; Collégiens et écoliers – 300 yens ; Enfants de moins de 6 ans – gratuit
Site officiel (uniquement en japonais) : http://www.kanjimuseum.kyoto/
(Texte de Richard Medhurst, de Nippon.com. Photos : Ôshima Takuya)