Bienvenue dans le monde de l’horreur au Japon

L’univers de Gomi Hirofumi, producteur de maisons hantées

Culture

Une « maison hantée » (obake yashiki) est un espace étrange où l’on vient quand on aime avoir peur. Depuis un quart de siècle, Gomi Hirofumi conçoit, produit et met en scène des maisons hantées un peu partout au Japon. Nous lui avons posé des questions sur les coulisses de son étrange activité.

Gomi Hirofumi GOMI Hirofumi

Né en 1957 dans la préfecture de Nagano. Producteur de maisons hantées. En 1992, il a introduit le concept de récit dans l’élaboration d’une maison hantée, une innovation qui n’existait pas jusqu’à lui. C’est ainsi qu’en 1996, il organise « Le Musée des horreurs Panorama – L’enfer avec bébé », dans lequel les visiteurs marchent dans la maison en tenant un bébé dans les bras, les visiteurs passant donc d’observateurs passifs à participants du récit. Auteurs de plusieurs livres : « Pourquoi avons-nous peur ? » (Media factory), et même un roman : La dent possédée – La demeure aux 7 mystères (Gentôsha Pocket, 2013).

Les successeurs d’Oiwa

Quand l’installation de la maison hantée de Tokyo Dome City est achevée, Gomi Hirofumi ne manque pas de se rendre sur la tombe d’Oiwa, au centre de Tokyo. C’est pour lui un événement annuel.

Oiwa est l’héroïne d’une histoire d’horreur très célèbre, Yotsuya Kaidan, ou « Histoire horrifique de Yotsuya », basée sur une histoire vraie qui se déroula au XVIIe siècle. Oiwa, sauvagement assassinée par son mari qui la trompait, se vengea de celui-ci en venant le hanter en tant que fantôme. Depuis toujours, l’histoire d’Oiwa est si célèbre qu’elle donna lieu à une quantité de pièces de théâtre, films de cinéma et de télévision, et on dit que tous les acteurs, producteurs et personnels impliqués dans ces productions doivent aller sur la tombe d’Oiwa dans le sanctuaire Oiwa Inari Tamiya jinja, spécialement édifié pour apaiser l’âme d’Oiwa, pour éviter tout malheur pendant le tournage ou les représentations de ces adaptations.

Or, pour Gomi Hirofumi, l’image d’Oiwa exerce encore une énorme influence sur toute histoire de fantôme au Japon.

« Les fantômes japonais sont presque exclusivement des femmes. Opprimées ou assassinées, elles n’ont pas pu entrer dans le paradis de Bouddha. Sadako, l’héroïne du film d’horreur Ring, ou Kayako, de la série des films Ju-on, sont des personnages dans la lignée d’Oiwa. Si leurs façons de se venger ou leurs pouvoirs sont différents, fondamentalement, elles restent fidèles à l’image classique. Cette pérennité du modèle est une forme particulière du goût japonais. »

Le « style Gomi » passe par une attention extrême aux moindres détails de l’expression des mannequins.

Les films d’horreur japonais comme Ring ou Ju-on connaissent une très grande popularité à l’étranger. Est-ce parce que la spécificité de l’effroi japonais est nouvelle pour les étrangers ?

« Je pense que l’horreur made in Japan a été accueillie avec surprise dans les pays étrangers. Sans doute parce qu’ils découvraient un type de peur qu’ils n’avaient jamais connu. La peur qu’engendre une puissance physique dangereuse est commune à tous les êtres humains. Mais les fantômes japonais, plus qu’une force physique, possèdent un pouvoir de rancune qui poursuit mentalement leurs victimes, c’est leur caractéristique. »

Si le type de est différent, les fantômes japonais féminins sont néanmoins suffisamment puissants pour effrayer même les étranger...

Suite > J’aimerais transmettre la peur de chaque région

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