Sous le feuillage des arbres géants du Japon

À la rencontre des géants de la forêt automnale

Culture

Takahashi Hiroshi [Profil]

Grâce à sa variété considérable d’essence d’arbres à feuilles caduques, la forêt automnale du Japon peut se vanter d’être l’une des plus belle du monde. Cependant, parmi les espèces d’arbres géants, celles qui prennent de jolies couleurs ne sont pas si nombreuses.

Le hêtre « Dieu de la forêt » (Aomori)

Espèce : hêtre du Japon (Fagus crenata)
Localisation : Okuse, Towada-shi, Aomori-ken 034-0301
Circonférence : 6,01 m, hauteur : 29 m, âge : 400 ans
Taille ★★★★
Vigueur  ★★★★★
Forme  ★★★★★
Branchage ★★★★
Majesté  ★★★★

C’est seulement en 2007 que ce hêtre géant a été identifié. En général, quand on parle d’un hêtre géant dans la préfecture d’Aomori, on pense immédiatement au Shirakami-Sanchi, le site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais cet arbre, jusque là non répertorié, a été trouvé au milieu de la forêt à proximité du ruisseau Oirase, sur la commune de Towada, sur la côte Pacifique. Quand un ami m’a proposé d’aller vérifier cet arbre, j’ai d’abord douté qu’il fût réellement de dimensions exceptionnelles. En effet, son fut est droit et élevé, sa silhouette élancée, il ne paraît pas si énorme que ça vu de loin. Mais ses mensurations effectives font ouvrir de grands yeux : ses plus de 6 mètres de circonférence au pied en font le plus gros hêtre solitaire de tout le Japon.

Je me suis rendu à la saison des feuilles d’automne. Son apparence divine dans la lumière du matin confirmait tout à fait son surnom de « Dieu de la forêt ». Très mystérieusement, aucun autre hêtre ne pousse à proximité. L’exploitation forestière dans ce secteur a éliminé tous les hêtres, et seul le Dieu de la forêt semble en avoir réchappé. Devant sa figure altière, solitaire, courageuse, je voulais l’appeler « le hêtre qui vit au-dessus des affaires du monde ».

Le tronc du Dieu de la forêt se subdivise tout d’abord en trois branches principales. Le nombre « trois » a toujours été un nombre sacré au Japon. C’est ainsi qu’il y a « trois trésors sacrés ». Il est fort probable que l’idée qu’un Dieu habitait cet arbre divisé en trois, comme un refus de la hache, parmi les bûcherons de la région, l’a fait échappé à l’abattage. Ce sont plusieurs chances comme celle-ci qui lui ont valu de rester debout au cours des siècles. D’ailleurs, la chance elle-même est un signe des Dieux. C’est pour ainsi dire un miracle de voir un arbre aussi énorme d’une forme aussi parfaite, sans aucune trace de branche cassée ou de trou. Récemment, une zone limite et une pancarte explicative le protègent, car nul doute qu’il devienne très vite une attraction touristique importante pour Towada. Cependant, peu de temps après l’installation de cette pancarte, celle-ci a été griffée par un ours. Si vous lui rendez visite, notez bien qu’il se trouve sur le territoire des ours.

Suite > Le gingko « Kubikake Ichô » (Tokyo)

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Takahashi HiroshiArticles de l'auteur

Photographe d’arbres géants. Né en 1960 dans la préfecture de Yamagata, il a grandi à Hokkaido. Depuis sa première rencontre avec les arbres géants en 1988, il en a photographié plus de 3 300. Il est l’auteur d’À la rencontre des arbres sacrés (Tokyo Chizu Publishing), Les Arbres géants du Japon (Takarajimasha) et Mille années d’existence – les arbres géants (Shin Nihon Shuppan), entre autres. Commentateur au Musée forestier d’Oku-Tama, gestionnaire de la base de données des arbres géants du ministère de l’Environnement et président de l’Association tokyoïte des arbres géants.

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