Allons voir les festivals japonais !
Savez-vous danser l’Awa odori ?
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Tout festival traditionnel d’été se doit d’avoir son bon odori, une danse pour les âmes des morts à l’occasion du festival O-bon, la fête des morts. Le style de danse est variable selon les régions. Dans sa forme la plus générale, les gens dansent en formant une ronde autour d'une yagura, scène à étage en bois montée spécialement pour l'occasion, sur laquelle se juche un petit orchestre ou un simple tambour.
L’Awa odori appartient à cette catégorie de danses en l’honneur des morts, c’est même l’une des trois variantes locales de bon odori les plus importantes du Japon. Son nom signifie « Danse d’Awa », Awa étant l’ancien nom de cette province aujourd’hui située dans la préfecture de Tokushima. Depuis 400 ans, chaque ville et village de la préfecture organise son défilé d’Awa odori, et même au-delà puisque on remarque depuis quelques décennies une acclimatation de l’Awa odori dans tout le Japon. La plus célèbre des Awa odori « hors les murs » est certainement celle de Kôenji, à Tokyo, qui se donne depuis 1957.
La plus importante reste néanmoins celle de Tokushima, ville principale de la préfecture du même nom. Du 12 au 15 août, chaque année, la population de la ville, de 260 000 habitants le reste de l’année, monte à 1,35 millions.
Les groupes appelés ren composés de danseurs et de musiciens progressent dans les rues de la ville, au rythme binaire de hayashi joué aux shamisen, tambours, cloches et flûte.
Les paroles pendant le défilé sont assez particulières et faciles à retenir pour vous les donner en entier :
Erayattcha, erayattcha, yoi yoi yoi yoi !
Odoru ahouni miru ahou
Onaji ahounara odorana sonson !
Yatto-saa ! Yatto-saa !
(« C’est la fête, c’est la fête, yoi yoi yoi yoi !
Il y a les fous qui dansent et les fous qui regardent
Tant qu’à être fou, pourquoi pas danser !
Allez ! Allez ! »)
Plusieurs milliers de ren participent à l’Awa odori de Tokushima. Chaque groupe possède son histoire et ses membres se transmettent leurs variantes de costume, de pas et de musique d’accompagnement. Les performances des ren les plus réputées sont une véritable explosion pour les yeux comme pour les oreilles.
La tradition de l’Awa odori évolue
L’un de ces ren les plus fameux, le Gojahei, a participé à son 68e festival en 2014. Ses caractéristiques sont une musique relativement lente, son pas glissé (suriashi) qui rappelle le Nô, les mouvements des danseurs qui symbolisent les gestes des pêcheurs qui remontent leur filet (amiuchi), l’élégance et le maintien des figures des femmes (onna-odori). Pour atteindre un tel niveau de perfection pendant les 4 jours d’été que dure le festival, les 350 membres se sont entraînés toute l’année sous la direction de leur chef de la septième génération, M. Oka Hideaki.
L’année 2014 était celle du 1 200e anniversaire de l’ouverture des lieux saints de Shikoku par Kôbô Daishi Kûkai, le fondateur du bouddhisme Shingon. À cette occasion, le Gojahei a relevé un nouveau défi : exprimer le syncrétisme de la spiritualité de Kûkai et de la modernité contemporaine par la danse Awa odori, dont on fait remonter l’origine aux « danses des esprits » animistes.
La narration commençait par l’évocation chorégraphique des pratiques ascétiques auxquelles se soumet Kûkai jusqu’à parvenir au satori, la pureté et l’innocence du cœur, la terre de la métempsycose qui évolue jusqu’au temps présent. À l’issue de ce véritable spectacle aux accents fantastiques et symbolistes, le public, muet d’émotion, éclata en applaudissements enthousiastes.
(Adapté d’un original écrit par Yoshimoto Naoko. Photo du titre : Nakano Haruo. Remerciements à Gojahei et à l’Association pour le Tourisme de la préfecture de Tokushima)