Allons voir les festivals japonais !

Gion matsuri : le plus célèbre festival d’été du Japon

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Du premier au dernier jour de juillet, la ville millénaire de Kyoto se pare aux couleurs de « Gion matsuri », le festival de Gion. Ce sont évidemment les temps forts du « yoiyama », du 14 au 16, et la procession des « yamahoko » le 17 qui attirent le plus de monde. L’esprit de l’hospitalité des citoyens de Kyoto, qui allaient jusqu’à importer des objets précieux de l’étranger pour décorer leurs chars, a toujours soutenu ce festival traditionnel, le plus important de tous les matsuri d’été du Japon. (Note : en juillet 2022, le festival a enfin pu se dérouler après deux annulations pour raisons sanitaires en 2020 et 2021)

Les yamahoko sont la fierté des habitants de Kyoto

Ce sont donc les citoyens de Kyoto qui ont fait de la procession des yamahoko, à l’origine événement somme toute subsidiaire d’un rite religieux, l’événement central du Gion matsuri aujourd’hui. Quand la capitale revint à Kyoto à l’époque de Muromachi (1336-1573), les fabricants de saké et les financiers commençaient à former l’élite montante du commerce et de l’industrie. Pour le Gion matsuri, chaque quartier tenait à présenter son yama ou son hoko pour faire étalage de son abondance et de sa richesse. Lors de la guerre d’Ônin (Ônin no ran 1467-1477) qui provoqua la fin du shogunat d’Ashikaga, Kyoto fut incendié et presque entièrement détruite, obligeant à une interruption du Gion matsuri. Mais les citoyens rétablirent le festival dès qu’ils le purent, sous la forme laïque de fête populaire que nous lui connaissons de nos jours.

Quand le commerce devient très actif, au cours de la période Azuchi-Momoyama (1572-1603) et l’époque d’Edo (1603-1868), les yamahoko sont devenus de plus en plus luxueux.

Comme l’explique M. Ishikawa Takashi, président de la Fondation pour la conservation du Kita-Kannonyama : « Depuis lors, chaque quartier rivalise pour présenter un yamahoko plus somptueux et plus beau que les autres.

La plupart des commerçants de Kyoto étaient économes et menaient une vie modeste et frugale. Mais ils étaient prêts à faire des folies de dépenses ostentatoires pour cette occasion annuelle unique. Certains riches marchands du quartier de Rokkaku-chô, comme Mitsui ou Matsuzakaya, qui disposaient de moyens financiers extraordinaires, faisaient venir des tapis précieux de Perse ou du Tibet, et tenaient à payer ce que les artisans pouvaient fabriquer de meilleur et de plus riche. Et surtout, ils invitaient tous les bons clients, ceux à qui ils devaient leur opulence tout au long de l’année, pour cette fête. C’était cela, déployer le sens de l’hospitalité urbain. »

Les chars sont décorés de riches parures.

La compétition que se livraient les bourgeois de chaque quartier pour déployer leur opulence et leur puissance financière a conduit les yamahoko à se transformer en véritables « musées mobiles », remplis jusqu’à la gorge d’objets précieux importés du monde entier. Par ricochet, les yamahoko que l’on se pressait de partout pour venir admirer sont devenus l’orgueil de tous les habitants de Kyoto.

Le festival de Gion est ainsi devenu le prototype de la fête locale d’été, conçue comme propitiatoire pour éloigner les épidémies. C’est ainsi que sont apparues sur son modèle le festival Hakata Gion Yamakasa dans la préfecture de Fukuoka, le Takayama matsuri dans la préfecture de Gifu, le Mikurumayama à Takaoka dans celle de Toyama, et bien d’autres qui présentent une procession de chars pour le plaisir des yeux et des cœurs.

« Omotenashi » ou l’hospitalité kyotoïte

Le sens particulier de l’hospitalité (omotenashi en japonais) des citoyens de Kyoto qui tiennent à déployer ce qu’ils peuvent offrir de meilleurs à leurs hôtes est particulièrement sensible lors du Byôbu matsuri (Festival des paravents), un événement qui fait partie du Gion matsuri et a lieu le soir de yoiyama. À l’origine, les citoyens des quartiers possédant un yamahoko déployaient de splendides paravents dorés à la feuille d’or et d’autres objets précieux de leurs entrepôts pour leurs familles et leurs amis. Ce jour-là, ils les présentent au public, et c’est ce qui forme le festival des paravents.

Une famille du quartier de Kita-Kannonyama ouvre ses porte pour faire admirer ses riches paravents (à gauche). À droite, les touristes attirés par autant de merveilles.

« La nuit de yoiyama est une occasion solennelle pour les citoyens de Kyoto d’accueillir les visiteurs et les clients en leur présentant des objets qui ne sont pas visibles les jours ordinaires, explique M. Ishikawa. Ainsi on ressent l’existence d’un Kyoto qui n’est visible que pendant la période de Gion matsuri. C’est cela, l’essence de l’hospitalité kyotoïte. »

(Photos : Nakano Haruo)

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