Lieux sacrés du Japon

Le pèlerinage des 88 temples de Shikoku fête ses 1 200 ans

Culture Tourisme

2014 marque le 1 200e anniversaire du circuit de pèlerinage créé par le moine Kûkai (774-835) à travers 88 temples bouddhistes répartis sur les quatre pays (aujourd’hui préfectures) de l’île de Shikoku. Ce chemin, singulier voyage empli de sérénité, compte de nombreux adeptes.

Une hospitalité désintéressée

On appelle les pèlerins les « ohenro san ». Il n’existe pas de tenue obligatoire mais généralement, ils portent une longue robe blanche et un chapeau conique qui les protège de la pluie et des rayons du soleil. Il est aujourd’hui possible de se procurer à prix raisonnable la panoplie du henro, et d’entrer dans la peau d’un vrai pèlerin.

(À gauche) Un mannequin est vêtu des accessoires du pèlerin : 1/ chapeau conique, 2 / robe blanche, 3/ canne en bois, 4/ sac en tissu. (À droite) Les articles vendus au Ryôzenji, premier point du circuit.

Autrefois, il n’était pas rare que des pèlerins périssent pendant le voyage ; c’est pour cette raison que leurs habits sont blancs, couleur symbolisant l’égalité de tous les hommes devant Bouddha.

L’un des autres aspects importants du henro est l’hospitalité offerte aux pèlerins, la nourriture et le gîte. Dans le monde des affaires, on attend un retour d’ascenseur, mais pas ici : les offrandes sont bénévoles et elles n’impliquent pas de récompense. On peut dire que le concept d’hospitalité typiquement japonais puise sa source dans cet acte désintéressé, considéré comme un geste de gratitude envers Kûkai. Mais il existe un terme pour désigner les personnes qui essayent de tirer profit de cette hospitalité sans réellement parcourir le chemin : nise henro (faux pèlerin).

Une guest house pour accueillir les étrangers

Le henro suscite un intérêt croissant chez de nombreux étrangers, venus de tous les pays du monde.

La guest house « Sen », à Matsuyama dans la préfecture d’Ehime, assiste les touristes étrangers qui désirent effectuer le circuit de pèlerinage. L’établissement est tenu par un couple nippo-américain, Noriko  et Matthew Iannarone, respectivement 37 et 35 ans. Depuis son ouverture il y a deux ans, Sen a accueilli environ 5 000 personnes, des étrangers pour plus de la moitié, principalement des Occidentaux venus de France, d’Allemagne, des Pays-Bas et des États-Unis.

Noriko et Matthew Iannarone à la réception de la guest house Sen

Matthew fit la connaissance, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, d’un Japonais qui lui parla du henro des 88 temples de Shikoku, qu’il parcourut plus tard en 40 jours, lorsqu’il vint au Japon. Il note des différences entre les deux routes : « Le chemin du henro est circulaire, alors que celui de Saint-Jacques est une ligne droite. En Espagne, le chemin était dénué d’embûches et je buvais du vin tous les jours. Au Japon, c’est un parcours éprouvant à travers monts et vallées, mais aussi une expérience religieuse très enrichissante. »

Originaire du Texas, Matthew a fait des études d’anthropologie à l’université et il a vécu trois ans en Corée du Sud avant d’habiter au Japon. « La double croyance au shintoïsme et au bouddhisme est un phénomène rare et surprenant, mais également très intéressant ; il est fantastique que cette tradition autour de l’esprit de Kûkai soit toujours perpétuée. »

Un fort intérêt pour la culture et la religion japonaises

Matthew souligne que si beaucoup d’Occidentaux portent un grand intérêt au zen, rares sont ceux qui connaissent la secte bouddhiste Shingon créée par Kûkai. Sa femme Noriko note qu’ils reçoivent davantage de visiteurs venus directement de l’étranger que de résidents au Japon, mais certains ont vécu au Japon dans le passé.

« Beaucoup viennent pour approfondir leurs connaissances sur la culture et la religion japonaises. » En deux ans d’activité, l’établissement a reçu environ 2 500 visiteurs étrangers et « n’a connu quasiment aucun problème ». La majorité d’entre eux l’ont trouvé sur des pages web comme Rakuten Travel ou Lonely Planet.

La guest house offre des explications sur les modalités du pèlerinage et les règles à respecter, ainsi que sur le sutra bouddhiste Hannya Shingyô que les pèlerins récitent pendant le parcours. Elle dispose de sept chambres, toutes bon marché – 4 500 yens pour une chambre individuelle et 7 000 yens pour une double. En règle générale, les occupants restent deux ou trois nuits, mais certains séjournent plus longtemps : le record est d’un mois et demi.

Hall d’entrée de la guest house Sen

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