Lieux sacrés du Japon

Le pèlerinage des 88 temples de Shikoku fête ses 1 200 ans

Culture Tourisme

2014 marque le 1 200e anniversaire du circuit de pèlerinage créé par le moine Kûkai (774-835) à travers 88 temples bouddhistes répartis sur les quatre pays (aujourd’hui préfectures) de l’île de Shikoku. Ce chemin, singulier voyage empli de sérénité, compte de nombreux adeptes.

Les pèlerins les plus connus

Au XVIIe siècle, le chemin devient populaire et un guide est rédigé à cette époque par le moine bouddhiste Yûben Shinnen, le Shikoku henro michishirube, publié en 1689. Cet ouvrage, détaillant les 88 points du circuit, se vendit énormément jusqu’à l’ère de Meiji (1868-1912) et valut à son auteur le surnom de « père du pèlerinage de Shikoku ».

Le poète haiku Taneda Santôka (1882-1940), qui a comparé le henro à la vie elle-même, a effectué deux fois le parcours.

Plusieurs sentiers de l’ancienne route sont toujours conservés.

On compte parmi les premiers pèlerins étrangers l’anthropologue américain de l’Université de Chicago Frederick Starr (1858-1933), qui visita les 88 temples en 1921. Il était alors connu au Japon pour sa passion pour les ofuda, des plaques rectangulaires porte-bonheur qu’on trouve dans les lieux bouddhistes et shintoïstes de tout le pays.

Plus récemment, en novembre 2013, l’ambassadeur espagnol Miguel Navarro a parcouru la route de Matsuyama dans la préfecture d’Ehime à l’occasion de la célébration du 400e anniversaire des relations bilatérales entre l’Espagne et le Japon. L’Espagne possède en effet un point commun avec le Japon : le chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’un des plus connus au monde et inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO.

Un voyage pour se retrouver soi-même

Alors que le mot standard japonais pour pèlerinage est « junrei », à Shikoku ce pèlerinage porte le nom de henro. On pense que cette appellation vient du mot « hendo » qui signifie « région éloignée », ce qui correspond effectivement à la situation de Shikoku, loin des principaux centres de population japonais. Malgré cet isolement, de nombreux Japonais ont parcouru ce chemin au fil des siècles, en quête d’un nouveau départ dans la vie.

Le circuit est divisé en quatre parties correspondant aux quatre préfectures de l’île, à savoir Tokushima, le « chemin de l’éveil », temples nos 1 à 23 ; Kôchi, le « chemin de l’ascèse », temples nos 24 à 39 ; Ehime, le « chemin de l’illumination », temples nos 40 à 65 ; et Kagawa, le « chemin du nirvana », temples nos 66 à 88.

Ce chemin permet aux pèlerins d’oublier leurs obligations familiales, leur classe sociale, leur position, les soucis matériels qui les oppressent en temps normal ; ainsi, la longue marche du pèlerinage s’est transformée en une quête de soi-même. Bien que le parcours s’effectue normalement seul, l’inscription sur le chapeau en forme de cône du pèlerin indique que l’esprit de Kûkai l’accompagne.

Les chapeaux des pèlerins portent l’inscription « toujours en compagnie » faisant référence à l’esprit protecteur de Kûkai.

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