Une nouvelle ère pour le kabuki

L’histoire extraordinaire des théâtres de kabuki

Culture

Durant les quatre siècles de l’histoire du kabuki, les théâtres où ses représentations ont été données ont connu eux aussi des histoires extraordinaires. Nous vous présentons ici certains des épisodes les plus hauts en couleur de ces lieux hors du commun.

Péril et sauveur

Grande estampe en couleur d’Ichikawa Danjûrô, réalisée par Utagawa Kunisada en 1812. (Crédit photo : Musée de la Ville de Chiba : reproduction interdite sans autorisation.)

La période Genroku (1688-1704) a été l’apogée du kabuki, avec quatre théâtres pour Edo seulement. Outre le Saruwakaza, il y avait le Ichimuraza (à Nigyôchô), le Moritaza (Kobikichô, dans le même quartier que le Kabukiza d’aujourd’hui) et le Yamamuraza (à Kobikichô). Jusqu’à l’établissement du Kabukiza durant l’ère Meiji, le Moritaza était le plus célèbre des théâtres de kabuki à Edo.

C’est juste après l’ère Genroku que se produit un incident qui a pratiquement mis en péril l’existence même du kabuki : l’affaire Ejima-Ikushima de 1714.

Ejima était le nom d’une dame de haut rang dans le Ôoku — le harem du Shôgun dans le château d’Edo. Sortant un jour du château pour aller visiter deux temples de la ville nommés Kan’ei-ji et Zôjô-ji, elle se rend ensuite au Yamamuraza pour assister à une représentation de kabuki. Une fois le spectacle terminé, elle invite l’acteur Ikushima Shingorô et d’autres artistes à prendre part à des festivités dans une maison de thé. En pleine réjouissance, elle oublie de revenir au château d’Edo à l’heure convenue. Ceci fut considéré comme un scandale et l’outrage qui a suivi a ébranlé les fondations du shogunat. Ejima est alors placée sous garde dans un domaine féodal situé dans la préfecture actuelle de Nagano, loin de la capitale ; Ikushima fut exilé et le Yamamuraza détruit. Plus de mille personnes en tout furent punies en résultat de ce scandale.

Le kabuki a été sauvé de cette crise grâce au second acteur de kabuki se produisant alors sur scène, Ichikawa Danjûrô. Il réorganise les théâtres, supprimant les représentations tardives en soirée, afin de pouvoir conserver les trois théâtres restants. Le premier Danjûrô, incidemment, a été l’inventeur d’un style de kabuki combatif et centré sur l’action qui est devenu caractéristique du kabuki d’Edo, connu sous l’appellation de style aragoto. Comme tous les autres noms de scène célèbres du kabuki, la lignée des Ichikawa Danjûrô possède une longue et brillante histoire.

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