La modernité de l’esthétique traditionnelle

Une journée type dans une écurie de lutteurs de sumo

Culture Sport

Une écurie de sumo est le lieu où les lutteurs, les rikishi, s’entraînent, mais aussi où ils vivent ensemble. Chez Takadagawa, une écurie du quartier de Kiyosumi-shirakawa à Tokyo, nous avons pu les voir à l’entraînement dès le petit matin, mais aussi au repos plus tard dans la journée.

Un entraînement ardu

Vers huit heures, alors que les lutteurs commencent à suer à grosses gouttes, le chef de l’écurie, l’oyakata Takadagawa, arrive dans la salle d’entraînement. L’atmosphère, pourtant déjà très studieuse, le devient encore plus. Sous son regard, les combats commencent dans l’arène, tout d’abord entre les lutteurs les moins qualifiés. C’est le môshiai : le vainqueur désigne son adversaire pour le prochain combat, et ainsi de suite.

De temps à autre, le chef donne des instructions. Il corrige en particulier les postures dangereuses, qui augmentent les risques de blessure : « Le but de l’entraînement n’est pas de gagner. C’est contre soi-même qu’on se bat. On peut perdre un jour et gagner le lendemain ; mais si on se blesse, c’est la fin d’une carrière. »

Quand l’oyakata passe son mawashi, la ceinture que porte les lutteurs, l’entraînement reprend de plus belle.

Chaque écurie est affiliée à un groupe appelé ichimon. Les 47 écuries actuelles sont regroupées en 6 ichimon (4 écuries ne sont rattachées à aucun groupe). Les écuries d’un même groupe sont en relation étroite. Ce jour-là, deux lutteurs de rang sandanme de l’écurie Minezaki, du même groupe Nishonoseki, participent à l’entraînement. L’oyakata leur prodigue des conseils, comme à ses propres disciples. Il leur montre comment pratiquer l’exercice de base qu’est le shiko, en insistant sur les détails : « Ce n’est pas parce qu’on en fait longtemps que le mouvement est correctement exécuté. Il faut bien se baisser, garder la position même si c’est dur. Cet exercice, on le fait pour soi-même. On ne se ment pas à soi-même, n’est-ce pas ? »

Entraînement au corps à corps (butsukari)

Après l’entraînement môshiai entre lutteurs de niveau équivalent, la séance s’achève souvent par un entraînement au corps à corps, le butsukari. Les lutteurs forment deux groupes : l’attaquant se jette contre le torse de son adversaire et doit le pousser de tout son corps jusqu’au bord de l’arène, où il s’entraîne à chuter sans se blesser. La plupart du temps, le rikishi le plus fort endosse le rôle de celui qui se laisse pousser, on dit qu’il « prête son torse ». Au bout de cinq minutes, il a le torse tout rouge, tandis que l’attaquant, à bout de souffle, peine à tenir sur ses jambes.

En dernier, ce sont les sekitori qui s’affrontent dans l’arène. Le spectacle est puissant.

L’oyakata clôt la séance en prononçant quelques mots, puis chacun, en position traditionnelle, frappe dans ses mains.

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