La modernité de l’esthétique traditionnelle

Enseigner la voie des samouraïs à travers l’archerie à cheval

Tradition Art

Ogasawara Kiyomoto est l’héritier d’une école de tir à l’arc pratiqué à cheval par les samouraïs, appelé yabusame, et d’un code protocolaire dont les règles remontent à plus de huit siècles. Il enseigne aujourd’hui ces arts anciens sous la supervision de son père Kiyotada, chef de la 31e génération de la tradition Ogasawara-ryû.

Ogasawara Kiyomoto OGASAWARA Kiyomoto

Neuroscientifique, professeur de tir à l’arc, d’équitation et de code protocolaire de l’école Ogasawara. Né à Setagaya, Tokyo, en 1980. Il commence son entraînement au tir à l’arc à cheval à trois ans et participe pour la première fois au tir à l’arc rituel yabusame au Sanctuaire Tsurugaoka Hachimangû de Kamakura alors qu’il est en cinquième année d’école primaire. Après avoir terminé ses études à l’Université d’Osaka, il obtient un doctorat en neurosciences à l’Université de Tsukuba. Respectant la règle de la famille Ogasawara de « ne pas vivre de l’enseignement du kyûhô – code et tir à l’arc », il travaille actuellement comme chercheur dans une entreprise pharmaceutique. Auteur d’ouvrages parmi lesquels Ogasawara-ryû yabusame.

Avoir des manières correctes et gracieuses

——Y a-t-il une raison pratique pour que votre école observe des détails protocolaires comme la manière d’ouvrir les portes coulissantes fusuma ?

OGASAWARA Il est important d’apprendre la manière correcte d’ouvrir les portes coulissantes fusuma. Parce qu’elles font partie des meilleurs instruments pour un entraînement physique du code protocolaire. La base de notre enseignement est d’adopter et de conserver les postures correctes du corps. C’est-à-dire avoir des mouvements précis et exacts, et agir de la bonne manière en fonction de la situation, du moment et de la personne avec laquelle on est en contact.

Des élèves de yabusame de l’école Ogasawara à l’échauffement avant l’entraînement

——Est-il correct de dire que le kata est le point commun entre le code protocolaire et le yabusame ?

OGASAWARA Le kata est un terme qui peut facilement prêter au contresens. La pratique du kata ne signifie pas une observation rigoureuse de la forme et du mouvement. Si le kata cristallise l’expérience et la sagesse des anciens maîtres, la véritable signification de la pratique du kata est de saisir l’essence de la forme et du mouvement et de se les approprier. Bien sûr, vous devez connaître les bases pour apprendre une discipline. Dans le yabusame, par exemple, vous devez entraîner les muscles de vos jambes parce qu’il faut une force considérable pour s’assurer une position stable en restant debout dans les étriers, sans s’asseoir sur la selle.

De même, dans le code protocolaire, des postures comme le seiza, être assis jambes repliées sur les tatamis, demandent d’avoir de la force dans les jambes. En fait, les samouraïs n’avaient pas besoin de faire de la musculation ou des étirements parce tous ces mouvements faisaient partie de leur vie quotidienne sur les tatamis. Même pour tirer à l’arc et utiliser le sabre, les samouraïs utilisaient les muscles des bras qu’ils développaient tous les jours parce qu’ils tenaient les objets d’une manière différente de celle des gens d’aujourd’hui, qui ne vivent plus sur les tatamis.

Ogasawara Kiyomoto sur un cheval de bois <em>mokuba</em> pendant un cours de <em>yabusame</em>.

——Quel est votre message pour les lecteurs des pays étrangers qui se montrent intéressés par la culture japonaise, le yabusame, et son code protocolaire ?

OGASAWARA Il y a beaucoup de cultures diverses au Japon, basées sur différentes façons de penser. Je pense que le mieux est de s’immerger dans une culture et de pratiquer ce qui convient le mieux à sa propre sensibilité. Même si on peut trouver une masse d’informations sur une certaine culture, cela ne signifie pas nécessairement que ces données sont correctes ou appropriées et je pense qu’il est essentiel de se concentrer strictement sur l’essence de cette culture pour pouvoir véritablement l’expérimenter.

Le site de l’école de tir à l’arc Ogasawara-ryû [EN]

(Photos : Tim Hornyak, sauf la photo de titre fournie par Ogasawara-ryû)

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