La modernité de l’esthétique traditionnelle

Les « ama », des femmes résolues à sauver une tradition plurimillénaire

Société

Julian Ryall [Profil]

Il y a un demi-siècle, le Japon comptait encore 17 000 ama (littéralement « femmes de la mer »), des plongeuses en apnée perpétuant une tradition vieille de 3 000 ans. Mais depuis, leur nombre a tellement diminué qu’aujourd’hui, il se limite en tout et pour tout à 2 000 dont la moitié vit dans la préfecture de Mie, sur la côte à l'est d'Osaka. Qui plus est, la population des ama a tendance à vieillir rapidement. Comment faire pour susciter des vocations parmi les jeunes afin que cette activité traditionnelle continue à exister ?

Une jeune passionnée pour le métier d’ama

Mais certaines jeunes femmes sont encore disposées à affronter les éléments et les dangers de l’océan pour garder en vie les traditions des ama.

Ôno Aiko, une nouvelle recrue de la communauté des ama. Après sa journée de travail, elle s’apprête à retirer sa ceinture de plongée lestée de poids.

« J’ai toujours aimé l’océan, depuis ma plus tendre enfance. Je pratique toutes sortes de sports nautiques notamment le surf, le canoë-kayak et la plongée avec un scaphandre autonome », dit Ôno Aiko. Cette jeune femme de 38 ans a commencé à travailler en tant qu’ama à partir du mois d’octobre 2016 après avoir répondu à une offre de la municipalité de Toba en quête d’apprenties désireuses de vivre dans une communauté rurale et d’y travailler en tant qu’ama. Jusque-là, elle vivait à Tokyo en tant que photographe professionnel.

Aiko a longtemps vécu à Tokyo mais aujourd’hui, elle considère qu’elle fait partie de la « famille des ama ».

Pendant toutes les années que j’ai passées à Tokyo, j’ai toujours eu envie de vivre dans un endroit où je pourrai voir l’océan », affirme Aiko. « En fait, j’étais destinée à devenir une ama. »

La jeune femme nous dit que sa vie est beaucoup plus simple et qu’elle ne s'est jamais sentie aussi heureuse depuis son installation dans la péninsule de Shima. Mais elle reconnaît à la fois que vivre dans un village où il y a très peu de personnes de son âge n’est pas toujours facile.

« Quand je suis arrivée, j’étais une étrangère. J’ai donc eu un peu de mal à m’intégrer mais maintenant, je fais partie de la famille des ama », déclare-t-elle en souriant.

En tant que membre de la communauté des plongeuses d’Ijika, Aiko s’est donnée pour mission de contribuer à protéger le mode de vie des ama et d’éviter qu’il ne disparaisse. « Une partie de mon rôle consiste à donner une image sympathique des ama et à montrer que leur façon de vivre convient parfaitement à des jeunes femmes », ajoute-t-elle. « Je veux vraiment faire tout mon possible pour que la tradition des ama ne meure pas. »

Le site officiel de la « cabane des ama »

(D’après un original en anglais. Photos : Motono Katsuyoshi)

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Julian RyallArticles de l'auteur

Journaliste. Correspondant du quotidien britannique The Daily Telegraph pour la Corée et le Japon. Titulaire d’un diplôme de troisième cycle de journalisme de l’Université centrale du Lancashire (UCLan), obtenu en 1992. Premier voyage au Japon en 1992. Réside actuellement à Yokohama.

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