La modernité de l’esthétique traditionnelle

À l’approche des vrais ninjas

Culture

Il n’y a pas qu’au Japon que les ninjas connaissent une popularité exceptionnelle. Ils sont connus dans le monde entier, comme le prouve le succès des films, d’animation ou en prises de vues réelles, qui les mettent en avant. Or, jusqu’à présent, leur réalité historique était plongée dans un mystère. Ce n’est que très récemment que certaines recherches sont parvenues à lever une partie du voile.

Les ninjas ne se battent pas

Le Pr Yamada explique la vie quotidienne des ninjas :

« Les habitants d’Iga et de Kôka sont cultivateurs. Ils s’occupent de leur rizière ou de leur champ le matin, et remplissent leur mission l’après-midi. »

Essentiellement, la « mission » d’un ninja est une mission de « renseignement » : recueillir des informations sur les ennemis et informer le seigneur. Ce qui implique d’éviter le combat à tout prix, et de revenir vivant. Une fois en territoire ennemi, vous pouvez être attaqué à tout moment, n’importe quoi peut arriver. L’entraînement de base se concentrera donc sur les techniques de défense et d’esquive, de façon à échapper à l’ennemi, et non pas sur les techniques d’attaque et de victoire.

L’accent est donc mis non seulement sur la force musculaire et l’endurance mais également sur la respiration et la maîtrise de son corps afin d’augmenter les capacités de mouvement. D’autre part, les ninjas participant à des missions à risque, leur force mentale était également très développée. Leur entraînement leur permettait d’acquérir une grande flexibilité mentale, pour répondre à toutes les situations : aussi bien la sérénité absolue que la réaction instantanée.

Les shuriken n’ont que très rarement été utilisés en combat réel (Terrain d’entraînement du « Village ninjutsu de Kôka »).

On dit souvent que les ninjas soutenaient leurs aptitudes par une grande ingéniosité et une réflexion rationnelle, voire scientifique. Et il est vrai que les ninjas, à côté d’un entraînement qui leur permettait d’acquérir une maîtrise absolue de certaines techniques, savaient utiliser les informations qu'ils obtenaient pour augmenter leur savoir. C’est ainsi que le ninjutsu pouvait être considéré comme un ensemble de techniques de survie. La psychologie, par exemple, était utilisée pour frapper là où l’adversaire s’y attendait le moins. L’ongyôjutsu, ou art de la dissimulation, en particulier, permet de devenir « invisible » à autrui en prenant une posture qui échappe totalement à l'adversaire.

« Les ninjas d’Iga et de Kôka possédaient de grandes connaissances, sur les poudres ou en médecine, par exemple. La proximité de Kyoto, dans ce sens, favorisait la connaissance des armes à feu aussi bien que les connaissances médicales ou pharmaceutiques, par l’intermédiaire des ascètes yamabushi. Et ils faisaient preuve d’une très grande curiosité intellectuelle, comme le montre le fait qu’ils étudiaient les textes du bouddhisme. On pense que leurs connaissances sur les différents mélanges de poudre explosives en fonction des ingrédients et des dosages, était testés par de nombreuses expériences. C’est ainsi que sont vraisemblablement nés des outils scientifiquement pertinents, comme des torches qui résistaient au vent ou des techniques de feu à fumée verticale pour envoyer des signaux.

Costumes et outils très fonctionnels des ninjas (Musée des ninjas d’Iga)

Suite > L’esprit du ninja toujours d’actualité

Tags

ninja

Autres articles de ce dossier