Quand gourmandise rime avec plaisir

Produire le fameux « katsuobushi » en Espagne : le défi accompli d’une entreprise japonaise

Société

Dans la cuisine japonaise, impossible de se passer de bonite séchée, ou « katsuobushi ». Cet ingrédient essentiel est pourtant frappé d’une interdiction d’importation dans l'Union européenne. Mais le président d'une entreprise japonaise a réussi à contourner cet obstacle tout en se conformant à la législation du bloc européen : il a délocalisé sa production. Il possède maintenant une usine en Espagne, à partir de laquelle son katsuobushi est exporté dans vingt pays du continent.

De la Pologne à l’Allemagne, pour atterrir en Espagne

En 2014, M. Wada décida d'ouvrir sa propre usine de production de katsuobushi dans l'Union européenne, où les réglementations d’importation sont strictes. Il choisit tout d’abord la ville portuaire de Gdansk, en Pologne, pour installer son unité de production. Il demanda à un fabriquant de fumoir de faire des essais sur un certain type de maquereau sans générer de benzopyrène. Après un an de tâtonnements, il trouva finalement une méthode de fumage. Pour des raisons de confidentialité, nous n’avons pu demander de plus amples détails à M. Wada, mais ce dernier nous a tout de même confié avoir réellement remué ciel et terre pour parvenir à ce résultat.

Ensuite, il emmena le produit ainsi obtenu en Allemagne pour le faire analyser. Il parvint enfin à obtenir un certificat portant la mention tant attendue : « Ne contient pas de benzopyrène ». M. Wada nous a confié conserver même encore à l’heure actuelle avec le plus grand soin le précieux document dans une pochette plastifiée. « Parvenir à trouver cette machine nous a pris énormément de temps et coûté beaucoup d’argent. Cela a vraiment été très difficile, vous savez », dit-il en se remémorant les difficultés passées. Seulement, tout ne se passa pas comme prévu. On lui demanda à de nombreuses reprises de changer les plans de construction de l’usine, ce qui lui prit bien plus de temps qu’il ne l’avait pensé et entraîna des dépenses considérables bien au-delà du budget initial.

Au bout d’un an, les procédures administratives n’avançant toujours pas, Wada Sachiyuki dut se résigner et abandonner son projet en Pologne. C’est alors qu’il décida de se tourner vers l’Espagne et plus précisément vers la ville portuaire de Vigo, qui présentait des avantages pour l’approvisionnement. Autre chose et de taille : Vigo est le plus important centre d’arrivage de bonite de toute l'Europe.

Poisson frais de l'océan Atlantique au marché aux poissons de Vigo

Début 2015, M. Wada se mit vite en route pour Vigo et une fois les procédures nécessaires terminées, il envoya deux gros camions remplis de machines pour pouvoir se mettre au travail. En Espagne, il obtint tout de suite les autorisations nécessaires. C’est ainsi qu'en avril de la même année, il loua une partie d’une conserverie locale et commença la production. Un an plus tard, à la recherche d’un endroit plus vaste dont il serait le propriétaire, il déménagea à O Porriño. Aujourd'hui, grâce à huit employés, il peut traiter entre une et deux tonnes de poissons par jour.

La matière première version congelée : la bonite

Quatre employés affairés au découpage de bonite décongelée

Une fois coupé, le poisson est bouilli dans de l'eau pendant environ une heure. Ensuite, les arrêtes sont retirées pour commencer le processus de fumage.

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Espagne alimentation poisson

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