Quand gourmandise rime avec plaisir

Les prunes salées « umeboshi » peuvent-elles être appréciées hors du Japon ?

Culture Gastronomie

Les umeboshi, ou prunes macérées dans le sel puis séchées au soleil, sont un aliment traditionnel très prisé des Japonais. Les umeboshi sont par ailleurs bons pour la santé et peuvent se conserver longtemps. Cependant, elles sont loin de faire l’unanimité à l’étranger. Son goût extrêmement acide et salé en fait l’une des spécialités japonaises les plus détestées hors des frontières de l’Archipel. Mais regardons plutôt de plus près le charme et les bienfaits de ce petit aliment.

Les umeboshi, loin d’avoir la cote à l’étranger

La province Kii (l’actuelle préfecture de Wakayama) est depuis toujours le lieu de production par excellence de l’umeboshi. C’est de là notamment que proviennent les nanko-ume, une variété de prunes de première classe.

La société Shôkibai, dont la siège se trouve dans la ville de Wakayama, propose des umeboshi de grande qualité en emballage individuel et rencontre un franc succès notamment lors des périodes d’échanges de cadeaux.

Afin de faire apprécier les umeboshi à l’étranger, Suzuki Takafumi, le responsable des ventes de Shôkibai, avait participé à un salon gastronomique en Turquie. Malheureusement bien loin de ses espérances, de nombreux visiteurs avaient recraché les umeboshi, prétextant que c’était immangeable. Un vrai choc pour M. Suzuki.

Kiwami, produit haute gamme phare de l’entreprise Shôkibai. Une boîte de 10 coûte 2 700 yens, au moins cinq fois plus cher que la plupart des nanko-ume umeboshi et même dix fois plus cher que les umeboshi ordinaires.

Mais M. Suzuki ne se laisse pas abattre. Il envisage encore à l’heure actuelle de faire apprécier les umeboshi en dehors du Japon car il est convaincu que leur saveur, bien sûr, mais également leurs bienfaits pour la santé seront aussi reconnus à l’étranger.

« Autrefois, les étrangers n’aimaient pas le wasabi ou le gari (gingembre mariné). Mais grâce au succès des sushis dans le monde entier, ils sont maintenant appréciés aux quatre coins de la planète. En accommodant les umeboshi et les plats et recettes utilisant ces prunes salées, elles trouveront très facilement leur place sur les marchés à l’étranger. La popularité au-delà des frontières de l’Archipel de la cuisine japonaise, ou washoku, s’explique notamment par ses bienfaits pour la santé. Si les nombreuses vertus des umeboshi se font également connaître à l’étranger, ce sera à n’en pas douter le début d’une longue histoire à succès. »

Suzuki Takafumi (à droite) et Kubo Takaharu (à gauche), son fournisseur de prunes, ont décidé « d’essayer quelque chose de nouveau afin de rehausser la valeur des umeboshi ».

Quand acidité rime avec santé

Au Japon, les umeboshi, ont depuis longtemps fait leurs preuves en tant qu’alliés de la santé : elles vous redonnent des forces quand nous n’en avons plus, peuvent se conserver longtemps ou encore aider à se prémunir contre le rhume, etc. À l’époque Heian (794-1185), les umeboshi étaient utilisées en tant que médicaments, puis à l’époque Sengoku (l’époque des Provinces combattantes, fin du XVe s.-fin XVIe s.), mélangées à de la poudre de riz et à des cristaux de sucre pour faire des umeboshigan, vivres de réserve pour les guerriers.

Cependant, même encore à l’heure actuelle, peu connaissent les diverses propriétés de cet aliment. C’est pourquoi, à Minabe-machi, où les cultivateurs de prunes sont nombreux, on ne ménage pas ses efforts pour faire connaître les umeboshi. Dans la mairie de la ville, la « section ume » s’occupe d’organiser des événements dans le but de faire connaître les mille et un attraits des prunes. Un manga décrivant les vertus bienfaitrices de ces fruits salés est même publié par la mairie.

En haut à gauche : la mairie de Minabe-machi. En haut à droite : le bureau de réception du département ume, avec différentes affiches vantant les mérites des umeboshi. En bas : l’onigiri (boulette de riz), la façon traditionnelle de déguster les umeboshi.

Les umeboshi doivent leur acidité à l’acide citrique qu’elles contiennent. Une prune, si petite qu’elle soit, contient 2 à 3 fois plus d’acide citrique qu’un citron.

L’acide citrique a pour propriété de fluidifier le sang, de renforcer le système immunitaire et ainsi de permettre au corps d’être moins sujet aux rhumes ou à la grippe. L’acide citrique est également connu pour réduire les méfaits de la bactérie pylori pouvant être notamment à l’origine de gastrites, d’ulcères ou de cancers de l’estomac. Il est également efficace pour récupérer des forces lors des épisodes de fatigue. En effet, en activant le métabolisme énergétique, il décompose l’acide lactique responsable de cette fatigue et provoque son évacuation.

Des prunes nanko-ume dans l’exploitation de M. Kubo

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