Allons voir les festivals japonais !

Matsuri : une des traditions les plus vivantes du Japon

Société Culture

Yamamoto Tetsuya [Profil]

Les Japonais célèbreraient chaque année entre 100 000 et 300 000 fêtes (matsuri). Dans pratiquement chaque communauté de l’Archipel, il existe un matsuri unique en son genre avec des origines et des caractéristiques tout à fait particulières. Dans les lignes qui suivent, Yamamoto Tetsuya, un passionné de matsuri, nous en dit davantage à ce sujet.

Les fêtes d’été pour conjurer les épidémies, les ravages des insectes et les typhons

Les matsuri célébrés en été en milieu urbain et dans les zones rurales ne sont pas identiques. Dans le Japon ancien, les habitants des villes croyaient que les épidémies de l’été étaient provoquées par des divinités mécontentes et des esprits courroucés. A l’origine, une grande partie des fêtes estivales avaient donc pour objectif de conjurer les maladies et les épidémies. Parmi elles figurent le Gion Matsuri et le Tenjin Matsuri qui sont célébrés respectivement, à Kyoto durant le mois de juillet, et à Osaka les 24 et 25 juillet. Un grand nombre des régions qui entretenaient des relations commerciales très étroites avec Kyoto étaient elles aussi victimes d’épidémies et célébraient des fêtes inspirées par le Gion Matsuri.

Un feu d’artifice illumine le ciel pendant le Tenjin Matsuri. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire Tenmangû d’Osaka pour la photographie)

Mais les habitants des campagnes étaient confrontés à d’autres problèmes que ceux des villes. Pour eux, l’été correspondait à la saison où les récoltes étaient le plus menacées par les insectes, les typhons et les inondations. C’est pourquoi un grand nombre des matsuri célébrés en été dans les zones rurales avaient pour objectif de protéger les récoltes contre les insectes — comme le Nebuta Matsuri qui a lieu du 2 au 7 août dans le préfecture d’Aomori — et les typhons, comme le Etchû Owara Kaze-no-Bon qui se déroule du 1 au 3 septembre dans la préfecture de Toyama.

La fête d’Etchû Owara Kaze-no-Bon (Avec l’aimable autorisation de l’Association de tourisme Etchû Yatsuo)

Toutefois la fête japonaise de l’été par excellence, c’est celle du o-bon (ou bon), un matsuri bouddhique en l’honneur des esprits des morts, qui a lieu au mois d’août. Le o-bon est célébré dans tout le Japon. Beaucoup de gens prennent un congé pour se rendre dans leur famille et sur les tombes de leurs ancêtres. Dans presque tous les villages de l’Archipel, une danse spéciale appelée bon odori rassemble les membres de la communauté dans la fraîcheur du soir qui succède à la chaleur étouffante de la journée. Pendant le rituel bouddhique appelé okuribi (littéralement : feux accompagnant le départ), on allume des feux pour éclairer sur le chemin du retour les esprits des morts revenus parmi les vivants le temps de la fête du o-bon. Le plus connu des okuribi est le Gozan Okuribi, appelé aussi Daimonji, qui a lieu le 16 août à Kyoto.

Des feux okuribi allumés dans les montagnes, à proximité du Kinkakuji (le temple du Pavillon d’or), à Kyoto. Ils dessinent l’idéogramme dai (littéralement : grand). (Avec l’aimable autorisation du Bureau des affaires culturelles et civiles de Kyoto)

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Yamamoto TetsuyaArticles de l'auteur

Né à Osaka en 1970. Prend part régulièrement à des fêtes traditionnelles par plaisir, et écrit des textes à leur sujet pour les mêmes raisons. La passion de Yamamoto pour les matsuri a commencé à l’époque où il était étudiant, quand il a participé au festival Nebuta d’Aomori. Depuis lors, il n’a pas cessé de sillonner le pays pour se rendre à des fêtes traditionnelles. Yamamoto Tetsuya publie des textes et donne des conférences sur les matsuri en tant que tradition vivante du Japon, dans le cadre de différents medias.
website:http://www.yamamototetsuya.com/index.html

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