Promenade autour de la Tokyo Skytree

Rues commerçantes du « shitamachi »

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L’achèvement de la tour Tokyo Skytree attire une foule de badauds dans les quartiers anciens des environs, les faubourgs « shitamachi » (littéralement "ville basse") encore intacts. Pour ces ruelles, dont le principal attrait tient à l’atmosphère traditionnelle et à une forte couleur locale, cet afflux de visiteurs constitue à la fois une opportunité et un défi.

Les années du boom économique de l’après-guerre

Un calme étrange règne dans les ruelles de cet ancien quartier de plaisirs. Les façades carrelées laissent deviner que ces bâtiments étaient autrefois des lupanars. A droite, le rappel d’un âge antérieur aux smartphones.

Bien que cela soit difficile à imaginer aujourd’hui, dans les années suivant la fin de la guerre, Hato-no-Machi était un quartier de plaisirs animé, l’une des zones dans lesquelles les autorités d’occupation laissaient la prostitution avoir cours. Le nom du quartier (« La rue des tourterelles ») viendrait d’un terme d’argot utilisé pour désigner les femmes qui travaillaient ici. Les bâtiments de plusieurs maisons closes existent encore, reconnaissables à leur façade carrelée comme l’intérieur d’une salle de bains. Sur l’une d’entre elles, des carreaux rose et vert vif habillent les piliers aux formes extravagantes et l’avant-toit ; l’entrée est condamnée et un parapluie bon marché gît sur le pas de la porte, abandonné.

Le restaurant « Eden » doit son nom au film « A l’est d’Eden », adapté du roman de Steinbeck. L’intérieur n’a guère changé depuis l’époque de James Dean.

Le café-restaurant Eden a ouvert ses portes en 1959, quand le quartier vivait ses beaux jours. « A l’époque, il fallait être prudent », se souvient le patron, un sourire aux lèvres. « Il y avait encore beaucoup de ces types dans le coin », dit-il en faisant glisser un doigt sur sa joue, un geste pour désigner les yakuzas. « Mais cela fait bien longtemps qu’ils sont tous partis ; il ne reste plus que les gentils, maintenant. » La majorité des fidèles clients de l’Eden viennent ici depuis des décennies, le café est un lieu de réunion et de détente pour les habitants. « Quel jour sommes-nous, au fait ? » demande un homme âgé assis au comptoir quand son plat du jour lui est servi.

Le patron sert le plat du jour. A l’entrée, un vieux téléphone trône à côté d’un boulier.

Matsuhashi Kazuaki : « Nous voulons préserver notre atmosphère et notre histoire uniques. »

« L’histoire de la rue commerçante Hato-no-Machi remonte à presque 80 ans », explique Matsuhashi Kazuaki, propriétaire du salon de coiffure Cut Bank et président de l’association de quartier des commerçants. « Quand les maisons closes ont fermé dans les années 1950, la rue a prospéré en devenant une rue commerçante normale, spécialisée dans les produits frais. Pendant un temps, les maisons de geishas et les restaurants traditionnels du quartier voisin de Mukôjima ont été nos principaux clients. Mais quand ces établissements n’ont plus attiré les faveurs des huiles – les politiciens et les hommes d’affaires – toute la zone a décliné. Les habitants vieillissaient et beaucoup de commerces ont définitivement fermé. »

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