Vivre à Fukushima — un an après le séisme

Le charme immuable d’Aizu

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Aizu-Wakamatsu, l’une des premières destinations touristiques de la préfecture de Fukushima. Sur fond de désaffection des touristes depuis la catastrophe du 11 mars 2011, une auberge traditionnelle résiste aux vents contraires et attire plus de monde que jamais. Découvrons ensemble ce qui fait l’attrait de cet établissement qui mise sur la « permanence ».

Répondre aux attentes des habitués

La salle de bains de la chambre où ont séjourné le docteur Noguchi Hideyo et l’ancien Premier ministre Koizumi Junichiro. Elle a subi de nombreuses rénovations depuis sa construction à l’ère Meiji, tout en conservant son aspect d’origine.

Lors d’une réunion des acteurs du secteur touristique de la municipalité d’Aizu-Wakamatsu, certaines inquiétudes ont été exprimées : « Dans la situation actuelle, Aizu aura du mal à retrouver son statut de région touristique avant plusieurs années. Ne vaudrait-il pas mieux se consacrer au soutien logistique des zones sinistrées ? » Avec le soutien de la préfecture et de la commune, Higashiyama-Onsen a décidé d’accueillir des habitants de la localité d’Okuma, où se trouve la centrale nucléaire ; l’auberge Mukaitaki a au contraire choisi de ne pas ouvrir ses portes aux réfugiés. Hirata Yuichi explique sa décision.

« Immédiatement après le séisme, j’ai lancé un appel sur internet en expliquant que je ne pouvais servir que des onigiri (boulettes de riz) pour les repas, mais que l’eau chaude abondait, et j’ai invité les gens à venir se reposer. Pourtant, personne n’a souhaité se réfugier chez nous. En revanche, j’ai reçu des messages de clients fidèles : "nous viendrons dès que possible", "je voudrais acheter vos spécialités par correspondance". Refuser d’accueillir les réfugiés a été un choix difficile, mais je préférais répondre aux attentes des habitués qui soutiennent l’auberge depuis de longues années. »

Avec la reprise du service sur la ligne de shinkansen Tôhoku entre Tokyo et Fukushima le 12 avril, les clients sont revenus, majoritairement des habitués. En avril, la fréquentation a baissé de 40% par rapport à 2010. Ensuite, le nombre de nuitées a continué à progresser : toutes les chambres étaient occupées durant les huit jours de la Golden Week (du 29 avril au 6 mai 2011). Au mois de mai, le chiffre d’affaires a enregistré une progression de 30% par rapport à 2010.

Le « temps », un ami de 140 ans

Le principal attrait de Mukaitaki est la possibilité de savourer la même atmosphère que celle connue par Noguchi Hideyo ou Ito Hirobumi. La combinaison entre la façade chargée d’histoire et les chambres au confort moderne a toujours remporté du succès, mais, d’après M. Hirata, depuis le séisme, deux fois plus de clients laissent le commentaire suivant : « Ne changez rien. »

« Certaines personnes pensent qu’en construisant des bains extérieurs, on gagnerait des clients, mais avec des bains flambant neuf, il serait difficile de se présenter comme "l’auberge où a dormi Noguchi Hideyo". En général, avec le passage du temps, les choses s’abîment. Mais nous, en prenant continuellement soin de ce lieu qu’est Mukaitaki, nous avons mis le temps de notre côté. »


Mukaitaki en hiver.


Mukaitaki aux premiers jours de l’été.


Le hall d’entrée, riche de 140 années d’histoire.


                   Hirata Machiko, la patronne de l’auberge.


Le jardin, orné en hiver de « bougies pour admirer la neige ». Les supports en bambou sont tous de fabrication artisanale.


                   Les employés s’occupent des bougies. Même par grand froid, ils maintiennent                           leur tour de ronde dans le jardin pour vérifier qu’aucune ne s’est éteinte.


Le jardin aux premiers jours de l’été. 


                   Le couloir soigneusement ciré.


Les escaliers luisants de propreté.


Le « bain du renard », le plus ancien de l’auberge.


Le vaste « bain des singes ».


Les spécialités de l’auberge : la daurade mijotée et le saké Bishukakô (« Alcools fins et cuisine raffinée »)

Suite > Les geishas de Higashiyama s’engagent pour la reconstruction

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