Du bon riz !

Le bol de riz suprême

Culture Vie quotidienne

Nishijima Toyozô, expert en riz, répond à nos questions sur la préparation d’un délicieux bol de riz, avec des conseils sur la meilleure façon de choisir, de cuire et de servir le riz. Nishijima est propriétaire de Suzunobu, un magasin de riz à Tokyo offrant l’un des plus grands choix du pays.

Astuces pour mieux utiliser l'autocuiseur

— Y a-t-il des choses à faire ou à éviter lorsqu’on utilise un autocuiseur de riz ?

NISHIJIMA Les derniers modèles ont beaucoup de fonctions. Certains autocuiseurs déterminent automatiquement le temps nécessaire pour faire tremper le riz et d’autres bipent lorsque le riz est prêt et cuit à la vapeur. Vous devez vérifier pour voir quelles sont les fonctions automatiques de votre autocuiseur. Lorsque le riz ne cuit pas correctement, cela vient généralement d’un problème dans la durée du trempage ou dans la quantité d’eau utilisée. Parfois l’autocuiseur est doté d’un gobelet doseur pour le riz qui ne se lave pas. Faites attention à ne pas l’utiliser pour le riz ordinaire, car la quantité d’eau ne sera pas la bonne.

Une étape que beaucoup de gens oublient, c’est d’aérer le riz après sa cuisson, en le remuant doucement avec la spatule à riz et en amenant ainsi sur le dessus le riz qui se trouve au fond de la cocotte. L’aération permet de redistribuer l’hydratation pour que chaque grain en ait une part égale et à enfermer ainsi l’arôme. Si vous omettez cette étape, les grains du haut vont sécher et perdre leur saveur et le riz du fond sera détrempé. L’aération est l’étape finale – et essentielle – pour obtenir un riz délicieux.

L’importance de l’éducation

— Pensez-vous que l’augmentation du nombre des nouvelles marques va changer la façon dont les Japonais considèrent le riz ?

NISHIJIMA Les Japonais ont cultivé et mangé du riz depuis la période Yayoi (environ 300 ans av. J.-C. à environ 300 ans ap. J.-C.). Le riz était pour eux quelque chose allant de soi, comme l’eau ou l’air. De nouvelles variétés ont été mises au point pour mieux convenir aux exigences du climat et aux goûts des Japonais. Aujourd’hui, le riz sur le marché est uniformément de haute qualité. L’inconvénient dans ce cas, toutefois, c’est que le prix devient plus important que la marque ou la région dans laquelle le riz a été cultivé. Les fermiers choisissent Koshihikari, le type de riz le plus populaire, pour ne pas prendre de risque. Avec de moins en moins de cultivateurs désireux de produire des variétés locales inusuelles, nous avons vu une augmentation des terres retournées en jachère et un manque de jeunes désireux de reprendre l’exploitation familiale.

Mais récemment, il y a eu de plus en plus de mouvement dans les zones rurales, et notamment parmi les jeunes paysans, pour inverser cette tendance en développant des marques locales spécifiques. Une des initiatives dans lesquelles je suis engagé est la production du Riz Projet Suzunobu. Elle rassemble les fermiers, les administrations locales, les stations agricoles expérimentales et d’autres entités pour créer de nouvelles marques. Nous avons jusqu’à présent mis au point une soixantaine de marques.

Les objectifs à long terme de ce projet sont d’inciter les consommateurs à choisir du riz sur la base de leurs préférences en matière de goût et d’éliminer les notions préconçues sur les endroits où le “meilleur” riz est cultivé. Ce projet est conçu pour rapprocher l’écart entre les régions et pour préparer la voie à un nouvel âge du riz. Nous déployons des efforts également pour l’éducation alimentaire en informant mieux les enfants sur le riz.

Un étranger m’a demandé un jour : “Je ne comprends pas pourquoi la production du riz coûte si cher au Japon. Est-ce que ce ne serait pas plus économique de le cultiver sur une grande échelle et sur des terrains plus vastes ?” Mais le riz au Japon a bon goût précisément grâce à nos montagnes et à notre eau. Les connaissances que possèdent les fermiers sur la saveur, les techniques de culture, le contrôle de sécurité, et autres, ont été acquises dans ces petites rizières. C’est ce qui nous permet de produire certains riz de la meilleure qualité du monde. Je suis heureux que les étrangers en sachent plus sur le riz japonais, mais j’aimerais également que les Japonais aient des connaissances plus profondes sur le sujet. Ceci nous permettrait, je pense, de rendre le riz du Japon encore plus délicieux.

(D’après un texte original en japonais. Photographies par Matsuzaki Nobusato)

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