
Hashimoto Seiko, « patronne » des Jeux olympiques de Tokyo et ancienne ministre pour l’autonomisation des femmes
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Athlète olympique et membre de l’assemblée
Hashimoto Seiko a été une force pionnière dans la société japonaise pendant presque quatre décennies. Elle a battu des records en tant qu’athlète de deux sports, participant à sept Jeux olympiques consécutifs – trois jeux d’été et quatre jeux d’hiver, pour le plus grand nombre de participation jamais réalisé par une Japonaise – et a remporté une médaille de bronze aux 1 500 mètres en patinage de vitesse à Albertville en 1992. Dans l’arène politique également, sa volonté inébranlable et sa détermination à contester les normes la servent en tant que membre de la Chambre des conseillers (la Chambre haute de la Diète) et en tant que l’une des deux seules femmes ministres du cabinet du Premier ministre Suga Yoshihide (avec la ministre de la Justice Kamikawa Yôko), jusqu’à sa démission le 18 février pour prendre la place de présidente du Comité d’organisation olympique.
Fabriquer un nouvel environnement dans la société japonaise dominée par les hommes est une entreprise particulièrement délicate, et Mme Hashimoto a suscité à plusieurs reprises des réprimandes sévères de divers milieux pour ses décisions. En tant qu’élue de la Chambre des conseillers, siège qu’elle a remporté pour la première fois en 1995, elle a poursuivi sa carrière sportive et a obtenu une place en cyclisme pour les jeux d’Atlanta l’année suivante, incitant les critiques à ouvertement remettre en question sa capacité à équilibrer ses deux engagements. Mme Hashimoto admet que les examens minutieux incessants qu’elle subit – y compris les insinuations selon lesquelles la scène cycliste de compétition au Japon ne devait pas être bien difficile d’accès si elle pouvait gagner une place olympique sans se consacrer à l’entraînement – a nui à son bien-être mental, mais fidèle à sa forme, elle a refusé de céder à la pression, fermant le rideau sur sa brillante carrière seulement après avoir participé aux Jeux de 1996, ses septièmes Jeux olympiques.
Se marier et accoucher tout en étant au gouvernement, un choc
En se consacrant au gouvernement, elle a continué à faire la une des journaux en rompant avec les conventions. En 1998, sa décision d’épouser son partenaire, un homme faisant partie de la garde de la Diète ayant déjà trois enfants, a fait sensation parmi ses collègues. Deux ans plus tard, à l’âge de 36 ans, elle est redevenue le centre d’attention lorsqu’elle a donné naissance à une fille nommée Seika, un nom signifiant « flamme olympique ». Mme Hashimoto rappelle les effets de ces deux événements.
« Il n’était déjà pas conventionnel à l’époque pour un membre de la Diète en exercice d’épouser quelqu’un, mais le fait que j’ai décidé d’avoir un bébé peu après a encore plus choqué l’opinion publique. »
Elle note que jusque-là, la seule autre naissance au sein de l’arène politique était celle de l’enfant de Sonoda Tenkôkô, membre de la Chambre basse, en 1949, un demi-siècle plus tôt.
Comme on pouvait s’y attendre, les détracteurs ont perdu peu de temps pour demander à Mme Hashimoto de démissionner, arguant que prendre soin d’un jeune enfant l’empêcherait de s’acquitter de ses obligations législatives. Mme Hashimoto a pour sa part vu dans cette situation une occasion de prouver à l’establishment politique qu’elle pouvait être une bonne mère tout en continuant à servir ses électeurs. Une semaine après avoir accouché, elle était de retour au travail, logeant avec sa petite fille dans le dortoir des membres de la Diète, la soignant à son bureau et l’emmenant même en voyage officiel.
Le Premier ministre Mori Yoshirô porte la fille de Mme Hashimoto, Seika, âgée d’un mois, en juin 2000. Mme Hashimoto, qui a elle-même été nommée en l’honneur des Jeux olympiques de Tokyo de 1964, a choisi pour sa fille le nom de « Seika », qui signifie « flamme olympique », en hommage aux Jeux de Sydney de l’an 2000, année de sa naissance. (Jiji Press)
Mme Hashimoto raconte comment la naissance de sa fille lui a permis d’observer et de s’attaquer à l’énorme déséquilibre entre les sexes dans la politique japonaise.
« Jusque-là, l’accouchement n’était même pas une raison officiellement reconnue pour manquer une séance à la Diète. Maintenant que de plus en plus de représentantes ont des enfants, l’atmosphère a changé et les collègues masculins sont moins susceptibles de réagir négativement lors de leurs absences. »
Après avoir donné naissance à une fille, Mme Hashimoto a mis au monde deux fils, leur donnant également des noms à saveur olympique : Girisha (« Grèce ») et Torino (« Turin », pour l’hôte des Jeux d’hiver de 2006).
Comme les autres mères salariées, elle souhaitait disposer d’une garderie près de son lieu de travail. Avec ses jeunes collègues législateurs du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir), Noda Seiko et Hase Hiroshi, elle a organisé un groupe non partisan plaidant pour la création d’une crèche près du bâtiment de la Diète.
« Si j’avais été le fer de lance de ces actions, j’aurais été accusée de les vouloir pour des raisons égoïstes, alors Noda Seiko est venue défendre la cause avec moi. Hase Hiroshi, quant à lui, a dirigé le groupe afin de faire valoir que la garderie n’est pas seulement une question de femmes ».
Mme Hashimoto a concentré son attention sur la collecte d’informations et la recherche de soutiens.
« Nous voulions la crèche non seulement pour les législateurs, mais aussi pour les membres du personnel et les visiteurs qui venaient pétitionner la Diète. »
Les efforts du groupe ont porté leurs fruits en 2010, lorsque le gouvernement a créé une garderie à l’intérieur d’un complexe nouvellement construit abritant les bureaux des politiciens en face du bâtiment de la Diète. Pour la première fois, toute personne ayant des affaires à la Diète, des politiciens et du personnel aux citoyens ordinaires faisant des visites ou venant pétitionner le gouvernement, pouvait avoir accès à des garderies, tout comme les résidents locaux, qui peuvent également utiliser les services du centre. Si l’installation est arrivée trop tard pour que Mme Hashimoto et d’autres membres principaux puissent l’utiliser, ils l’ont célébrée comme une victoire pour les parents qui travaillent au centre du pouvoir politique du pays.
Renforcer la représentation féminine : l’objectif numéro un
En termes de participation des femmes à la société, le Japon est loin derrière les autres pays du G7, et en fait d’une grande partie du monde, se classant à la 121e place sur 153 pays dans le rapport mondial sur l’écart entre les sexes du Forum économique mondial établi en 2019. Les progrès en matière d’autonomisation politique ont été particulièrement lents. En tant que cheffe du bureau du Cabinet chargé de l’égalité des sexes, Mme Hashimoto avait joué un rôle déterminant dans le projet d’augmenter à 35 % d’ici 2025 le taux de femmes candidates dans chacune des élections à la Chambre des représentants et à la Chambre des conseillers (alors que le taux était de 17,8 % lors des dernières élections à la Chambre des représentants en 2017 et 28,1 % lors des dernières élections à la Chambre des conseillers en 2019). Le Premier ministre Suga Yoshihide a approuvé les objectifs révisés en décembre.
Mme Hashimoto souligne que l’augmentation de la représentation féminine au sein du gouvernement est cruciale pour améliorer le sort des femmes au Japon, qui est devenu encore plus précaire pendant la pandémie. Elle note la façon disproportionnée dont les femmes ont été affectées par la perte d’emplois due au Covid-19, et elle fait valoir que la seule façon pour le Japon de réussir à répondre aux besoins de cette moitié historiquement mal desservie de l’électorat national est d’augmenter le nombre de voix féminines dans les couloirs du gouvernement. Cependant, pour y parvenir, il faudrait une véritable prise de conscience du système politique, en particulier au niveau régional.
« L’augmentation du nombre de femmes parlementaires sur la scène nationale doit s’accompagner d’une participation accrue au niveau local. Tous les partis doivent travailler pour supporter des femmes candidates, et pour cela, nous devrions observer une prise de conscience au niveau de la direction préfectorale des partis. Après tout, ce sont ces groupes qui prennent les premières décisions dans le processus de sélection des candidats. Et nous devrions également créer un environnement permettant aux femmes de participer plus facilement à la politique locale. »
Pour Mme Hashimoto, l’un des domaines qui doit être abordé est la manière dont les campagnes sont menées. Elle note que l’énorme fardeau qu’implique la candidature aux élections empêche de nombreuses femmes compétentes de se jeter corps et âme dans l’arène politique par souci pour leur famille.
« Nous devons nous libérer des idées préconçues sur la façon dont les élections sont censées être, en pensant aux moyens pour les candidates de transmettre des messages sur leurs idées politiques directement au peuple. Avec la levée de l’interdiction des campagnes électorales sur Internet, il sera important de proposer de nouvelles approches de communication efficaces, tout en empêchant le harcèlement en ligne. »
Tous ces emplois impliquent un travail acharné, note-t-elle, mais les efforts inutiles doivent être évités.
« Nous devons travailler pour rendre le processus plus transparent dans son ensemble afin qu’il soit plus facile de déterminer sur quels domaines les politiciens doivent vraiment se concentrer et quelles sont les corvées qu’ils peuvent éliminer. »