Les défis artistiques de Natsuki Mari

Société Culture

Elle donne sa voix à un personnage du film Le Voyage de Chihiro de Miyazaki Hayao, elle chante dans un groupe inspiré de Janis Joplin, la carrière de Natsuki Mari couvre un champ énorme. Ses autres activités vont de créations théâtrales acclamées sur les scènes internationales pour leur exploration de la performance physique, à l’aide en faveur des familles dans les pays en développement. Son CV multifacettes lui vaut de nombreuses adeptes parmi les jeunes femmes japonaises.

Natsuki Mari NATSUKI Mari

Née en 1952 à Tokyo. A entamé sa carrière de chanteuse en 1971 et obtenu son premier succès avec « Kinu no kutsushita » (Les bas de soie) en 1973. Est apparue comme actrice dans de nombreux films et séries télévisées. A reçu le Prix d’encouragement pour les Arts du ministre de l’Éducation en 1984 et le Prix de la meilleure actrice dans un second rôle de la Japan Academy en 2003. Donne des représentations de sa série de spectacle conceptuel Inshôha (Impressionniste) à l’étranger depuis 1993, et dirige l’organisation d’aide One of Love Project depuis 2009. Possède encore de nombreuses cordes à son arc, y compris narratrice, présentatrice d’émission de radio, éditrice en chef d’un magazine internet, et auteur. En 2014, elle a été nommée conseillère auprès du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo.

L’inspiration de Janis Joplin

——Quelles sont vos racines musicales ?

Au concert « One of Love Project Gig », juin 2014 (photo : Ryûgo Saitô)

NATSUKI  Je dirais que mes racines viennent de la musique classique. Mon père était employé dans une maison de commerce, mais il adorait la musique, et j’ai grandi en l’écoutant jouer du piano classique. Donc voilà où elles sont, mes racines ! Puis j’ai grandi, et à l’adolescence j’ai écouté du rock occidental, et les chansons et la voix de Janis Joplin m’ont tellement électrifiée que j’ai voulu devenir chanteuse comme elle. C’est sa voix qui m’a réellement capturée. Ça a été la première fois que j’ai réellement réfléchi à faire carrière dans la musique. Mais quand j’ai réussi à obtenir une proposition pour devenir chanteuse et un premier album, c’était pour faire dans le genre de la pop japonaise ordinaire de l’époque, qu’on appelait kayôkyoku. Pendant très longtemps, la musique de Janis est restée uniquement ce que j’écoutais pour moi seule. C’est 30 ans plus tard, quand j’ai formé mon propre groupe, que j’ai pu chanter ses chansons et faire réellement du blues rock.

Les années cabaret

——Vous avez eu des moments difficiles en tant qu’artiste…

NATSUKI  Quand je regarde en arrière, pour moi, le pire est d’avoir été une mauvaise chanteuse. Bien sûr, j’ai eu deux ou trois succès, mais si j’avais eu un vrai talent, je pense que ces succès auraient pu en générer d’autres et je serais devenue une chanteuse qui aurait rempli des stades. Mais mes chansons, ma voix… n’avaient pas la magie qu’il fallait. Alors pendant 8 ans j’ai fini par chanter dans des cabarets. Ça a parfois été difficile, comme quand le public m’insultait, ce genre d’expériences déprimantes, mais disons que ça, je savais comment le surmonter. C’est mon manque de talent pour chanter qui me décourageait le plus.

L’Impressioniste NÉO Vol. 2 : Cendrillon, juin 2014 (photo : Hiro Kimura)

Un jour, j’ai décidé de persévérer dans ce métier au moins tant que je resterais jeune, même si ma carrière ne décollait pas. Puis quand j’ai écouté ma voix de trentenaire, là j’ai dit à mon agent que je laissais tomber. Et un peu plus tard j’ai eu une proposition pour faire du théâtre.

——C’était dans les années 1980.

NATSUKI  Oui. Et au début des années 1990, j’ai commencé Impressionniste. Ce n’est donc qu’à mes 40 ans que j’ai trouvé ce que je voulais vraiment faire. Toute ma carrière jusque là n’avait été qu’un prologue. Au théâtre, j’ai eu la chance de progresser, des petites productions jusqu’aux comédies musicales, et travailler avec des metteurs en scène comme Ninagawa Yukio ou Suzuki Tadashi m’a beaucoup aidée à mettre ma carrière d’actrice sur la bonne trajectoire. J’ai eu de la chance. Maintenant, mon travail se développe dans trois directions : Impressionniste, chanter, et One of Love Project, et l’idéal serait que je puisse vivre et créer de ces trois facettes.

Suite > Actrice de doublage pour un film de Miyazaki

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