Les défis artistiques de Natsuki Mari

Société Culture

Elle donne sa voix à un personnage du film Le Voyage de Chihiro de Miyazaki Hayao, elle chante dans un groupe inspiré de Janis Joplin, la carrière de Natsuki Mari couvre un champ énorme. Ses autres activités vont de créations théâtrales acclamées sur les scènes internationales pour leur exploration de la performance physique, à l’aide en faveur des familles dans les pays en développement. Son CV multifacettes lui vaut de nombreuses adeptes parmi les jeunes femmes japonaises.

Natsuki Mari NATSUKI Mari

Née en 1952 à Tokyo. A entamé sa carrière de chanteuse en 1971 et obtenu son premier succès avec « Kinu no kutsushita » (Les bas de soie) en 1973. Est apparue comme actrice dans de nombreux films et séries télévisées. A reçu le Prix d’encouragement pour les Arts du ministre de l’Éducation en 1984 et le Prix de la meilleure actrice dans un second rôle de la Japan Academy en 2003. Donne des représentations de sa série de spectacle conceptuel Inshôha (Impressionniste) à l’étranger depuis 1993, et dirige l’organisation d’aide One of Love Project depuis 2009. Possède encore de nombreuses cordes à son arc, y compris narratrice, présentatrice d’émission de radio, éditrice en chef d’un magazine internet, et auteur. En 2014, elle a été nommée conseillère auprès du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo.

Succès international au théâtre

L’une des œuvres les mieux reçues de Natsuki Mari est sa série de spectacle conceptuel Inshôha (Impressionniste), qui explore sur un mode très personnel la question de la performance physique face à l’art, au langage et à l’espace. La série a reçu un accueil enthousiaste en Grande-Bretagne, France, Allemagne et Pologne. La série se compose aujourd’hui de 10 spectacles, dans lesquels Natsuki Mari est à la fois auteur et interprète. Elle a fondé en 2007 la compagnie MNT (Mari Natsuki Terroir) pour former de jeunes performers dans l’espoir de produire leurs spectacles à la fois au Japon et à l’étranger. En 2014, le dernier opus de la série Impressionniste était une adaptation de Cendrillon, avec une nouvelle approche du conte classique comme incarnation de la beauté.

L’Impressioniste NÉO Vol. 2 : Cendrillon, juin 2014 (photo : Hiro Kimura)

NATSUKI MARI  J’ai commencé la série Impressionniste en 1993. Je suis allée jouer le spectacle en France et en Pologne parce qu’il n’avait pas été bien accepté au Japon. Parce que c’était une œuvre d’avant-garde, il n’a pas été compris ici, au point que les journaux en ont dit que je me complaisais dans l’autosatisfaction. Alors je suis allée à l’étranger pour voir quelle réaction il recevrait, et nous avons été abreuvés de bravos à Paris, en Pologne et en Allemagne. C’était le jour et la nuit comparés à la froideur de la réception que nous avons eue au Japon. Et comme je suis du genre à donner le meilleur de moi-même pour peu que je me sente encouragée, j’en ai écrit un autre et nous l’avons fait tourner en différents lieux majeurs du théâtre comme Avignon et Edinburgh. De retour au Japon, je me suis vraiment demandée pourquoi je n’arrivais pas à faire venir le public japonais à mon spectacle et j’ai lancé ma propre compagnie pour que la série Impressionniste puisse se poursuivre.

——Peut-être le public étranger a trouvé votre spectacle positif et stimulant ?

NATSUKI  En effet. On m’a dit que les artistes japonais en tournée à l’etranger entretenaient presque obligatoirement toute une quantité de traditions, comme le kimono, mais qu’il n’y avait rien de japonais chez moi. En même temps, ce que j’ai senti difficile à l’étranger, c’est quand, lors de ma première interview, on m’a posé des questions sur la politique. J’ai également eu des questions sur ma philosophie, et ces expériences m’ont aidée à devenir plus forte et à polir mon jeu. Je savais que si je voulais amener Impressionniste jusqu’au bout, je devais me blinder et m’y donner à fond.

Soutenir les mamans et les enfants d’Éthiopie

——Je suis également intéressé par votre action de soutien en Éthiopie, où en 2010 vous avez initié le projet One of Love Project. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cela ?

Au concert « One of Love Project Gig », 21 juin 2014 (photo : Ryûgo Saitô)

NATSUKI  Du fait que je n’ai pas d’enfants moi-même, au début j’ai simplement choisi trois pays où je n’étais jamais allée, et j’ai envoyé de l’argent en tant que sponsor pour des enfants. Plus tard, j’ai trouvé un partenaire pour ma vie en la personne d’un musicien [Saitô Nobu, percussionniste – N.D.L.R.], nous envisagions de voyager et nous avons décidé d’aller rencontrer ces enfants en apportant des instruments de musique. En définitive nous sommes revenus enchantés de ce voyage, et nous avons créé une organisation appelée One of Love Project afin d’apporter encore plus d’aide.

Le projet a commencé en Éthiopie, où nous aidons à l’amélioration de l’environnement éducatif des enfants et l’environnement de travail des femmes. Nous levons des fonds que nous envoyons en Éthiopie, en organisant un concert live chaque année le 21 juin à l’occasion de la fête internationale de la musique, et la vente de roses avec des fleuristes qui nous soutiennent.

Suite > L’inspiration de Janis Joplin

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