Kirino Natsuo, la romancière des jeunes filles perdues

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L’écrivaine Kirino Natsuo, qui a dépeint des femmes se débattant dans des situations extrêmes, brosse dans « Le X de la rue » (Rojô no X) un portrait réaliste des jeunes filles asservies par le « business des lycéennes ». Une suite est d’ailleurs prévue à ce roman. Pourquoi s’attacher aujourd’hui à représenter des jeunes femmes ? Kirino Natsuo offre sa réponse dans nos colonnes.

Kirino Natsuo KIRINO Natsuo

Romancière née en 1951, couronnée de nombreux prix – prix Edogawa Ranpo pour « La pluie sur mon visage » (Kao ni furikakaru ame) en 1993, prix des auteurs japonais de romans policiers pour Out en 1998, prix Naoki pour Disparitions en 1999, prix littéraire Izumi Kyôka pour Monstrueux en 2003, prix Shibata Renzaburô pour « Notes cruelles »(Zangyakuki) en 2004, prix Tanizaki Junichirô pour L’île de Tokyo en 2008. Décorée de la médaille honorifique au ruban pourpre en 2015. Son dernier roman, « Un murmure perpétuel » (Tomedonaku sasayaku) est paru aux éditions Gentôsha en 2019.

Une lueur d’espoir au bout du tunnel ?

Dans ses œuvres de fiction, Kirino Natsuo s’inspire souvent de la société, notamment de faits divers réels comme l’affaire de l’armée rouge unifiée dans les années 1970 ou le meurtre d’une employée de la compagnie d’électricité de Tokyo en 1997. « J’écris toujours avec la peur au ventre. Parce qu’on ne sait jamais quel impact une fiction inspirée de faits réels peut avoir sur la réalité, quels débats elle peut soulever… »

« Baraka », écrit avant « Le X de la rue », a commencé à paraître en feuilleton deux mois après le séisme et le tsunami de mars 2011 dans le nord-est du Japon. Alors qu’au départ, l’intrigue ne devait avoir aucun lien avec la catastrophe, Kirino Natsuo s’est lancée dans une dystopie mettant en scène un Japon dans lequel la centrale nucléaire de Fukushima-daiichi avait été totalement dévastée. « La situation sur le plan nucléaire évoluait de jour en jour, et je faisais attention à ne pas écrire de choses fausses. Mais après cette catastrophe, je ne pouvais pas faire comme si de rien n’était. »

Pendant la parution en feuilleton du « X de la rue », Kirino Natsuo s’est sentie comme dans « un tunnel obscur et sans fin » qui ne permettait pas d’imaginer un futur aux jeunes héroïnes. « Après avoir fini la rédaction de ce livre, se rappelle-t-elle, je suis restée sur ma faim ; du coup, j’ai souhaité écrire une suite. Je m’interrogeais sur cette fin dénuée d’espoir… »

Une lumière se fera-t-elle jour au bout du tunnel ? Les lecteurs l’espèrent sans doute.

(Interview et texte de Itakura Kimie, de Nippon.com. Photos de Nippon.com)

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