Nakajima Haruo, l’homme-Godzilla

Culture Cinéma

L’acteur qui interpréta le « rôle » de Godzilla dans les premiers films de la série, M. Nakajima Haruo, dut surmonter toutes sortes de difficultés pour jouer sous les 100 kilos de son costume. Il se remémore pour nous divers épisodes de cette époque, la surprise des enfants à l’apparition du monstre, les conseils de mise en scène de Tsuburaya Eiji, surnommé « le dieu des effets spéciaux ».

Nakajima Haruo Nakajima Haruo

Né à Yamagata en 1929. Après avoir fait plusieurs petits boulots pendant les cinq premières années d’après-guerre, il est entré dans la société de production cinématographique Toho à l’âge de 21 ans. En tant que figurant, cascadeur et « suit actor » (acteur revêtu de costume de latex pour des films de monstres), il a joué dans plus de 80 films produits par la Toho. Il est considéré par beaucoup comme le meilleur suit actor, notamment pour le rôle de Godzilla qu’il joua des années 1950 jusqu'au début des années 1970. À partir de la fin des années 1990, il participe à divers festivals du film aux États-Unis. Il a sortie en 2010, son autobiographie « Vie de monstre : Nakajima Haruo, l’acteur dans le costume de Godzilla » (Yôsensha). En 2011, le titre de Citoyen d'honneur lui a été decerné par la ville de Los Angeles.

Avec 100 kg de caoutchouc sur le dos

Les effets spéciaux de King Kong, la première version de 1933, reposaient sur la technique du stop-motion. Mais pour Godzilla, la Toho avait la contrainte de sortir le film avant 6 mois, l’équipe de tournage n’avait donc pas le temps de le filmer image par image. C’est Tsuburaya Eiji qui a pris la décision de la technique de l’acteur dans un costume de monstre au milieu d’un décor miniature.

Cependant, jouer dans le costume de Godzilla première génération n’était pas aussi simple que ce qu’il avait pu imaginer. Il était en caoutchouc dur, comme des pneus de voiture, il pesait 100 kg au total. Et il fallait le porter sans rien d’autre aux pieds que des geta, des socques de bois (des bottes de caoutchouc furent autorisées à partir du film suivant). Il n’était vraiment pas facile de bouger avec ça !

Tsuburaya Eiji (au centre avec le chapeau), directeur des effets speciaux, sur le plateau de tournage de l'un des films de la série Godzilla

NAKAJIMA  Qu’est-ce que je me sentais seul dans ce costume ! J’étais entièrement pris par mon prochain mouvement tout en essayant de garder mon équilibre, je n’avais pas vraiment le loisir de penser à autre chose ! 

Cela n’empêcha pas M. Nakajima de faire preuve d’ingéniosité et d’imaginer toutes sortes de trouvailles pour donner de la personnalité aux gestes de Godzilla. Il étudia pendant des jours les mouvements des éléphants et des ours au zoo d’Ueno à Tokyo, cette histoire est désormais célèbre parmi les fans de Godzilla. Tsuburaya Eiji avait aussi réglé la vitesse de défilement de la pellicule 2,5 à 3 fois plus rapide, de façon à faire apparaître les mouvements de Gozilla plus lents. Mais le point essentiel dans la technique de déplacement de Godzilla est son « pas glissé ».

NAKAJIMA  Il ne fallait pas qu’on lui voie la plante des pieds. Tout en pas glissés, sinon l’impression de force ne passe pas. Comme les lutteurs de sumo…

L’Aigle du Pacifique, le premier film dans lequel jouait Nakajima Haruo en tant que cascadeur, était une collaboration entre le réalisateur Honda Ishiro et Tsuburaya Eiji aux effets spéciaux, peu de temps après son retour professionnel suite à la purge des studios organisée par les forces d’occupation.

Suite > Je n’ai pas oublié cette lumière dans les yeux des enfants

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