Nakajima Haruo, l’homme-Godzilla

Culture Cinéma

L’acteur qui interpréta le « rôle » de Godzilla dans les premiers films de la série, M. Nakajima Haruo, dut surmonter toutes sortes de difficultés pour jouer sous les 100 kilos de son costume. Il se remémore pour nous divers épisodes de cette époque, la surprise des enfants à l’apparition du monstre, les conseils de mise en scène de Tsuburaya Eiji, surnommé « le dieu des effets spéciaux ».

Nakajima Haruo Nakajima Haruo

Né à Yamagata en 1929. Après avoir fait plusieurs petits boulots pendant les cinq premières années d’après-guerre, il est entré dans la société de production cinématographique Toho à l’âge de 21 ans. En tant que figurant, cascadeur et « suit actor » (acteur revêtu de costume de latex pour des films de monstres), il a joué dans plus de 80 films produits par la Toho. Il est considéré par beaucoup comme le meilleur suit actor, notamment pour le rôle de Godzilla qu’il joua des années 1950 jusqu'au début des années 1970. À partir de la fin des années 1990, il participe à divers festivals du film aux États-Unis. Il a sortie en 2010, son autobiographie « Vie de monstre : Nakajima Haruo, l’acteur dans le costume de Godzilla » (Yôsensha). En 2011, le titre de Citoyen d'honneur lui a été decerné par la ville de Los Angeles.

Son rôle de Godzilla lui vaut un respect unanime

Les fans inconditionnels des films de Godzilla ont toujours montré un grand respect pour « l’intériorité » exprimée par le monstre. Or, à l’intérieur du costume de Godzilla se trouvait un acteur, et c’est à cet acteur, Nakajima Haruo, que revient le mérite de cette interprétation saisissante, qui lui vaut, 60 ans plus tard, de nombreux fans dans le monde entier. Nakajima Haruo avait été choisi pour le rôle par Tsuburaya Eiji (1901-1970), le co-réalisateur en charge des effets spéciaux sur le film de 1954.

Nakajima Haruo est souvent invité à participer à des festivals d’effets spéciaux à l’étranger. Il est ainsi allé plus d’une dizaine de fois aux États-Unis. Ci-dessus, avec Takarada Akira, qui jouait le rôle principal dans le premier film Godzilla, et un fan, lors d’un événement en Floride en juin 2014 (photo : Nakajima Haruo)

Nakajima Haruo est né en 1929 et à l’âge de 21 ans, cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il entre à la Toho, une des plus grandes maisons de production de cinéma japonais. Après avoir participé à plusieurs films en tant que figurant, il fit ses vrais débuts dans le film L’Aigle du Pacifique (1953). Il y interprète le rôle d’un pilote de chasse dont l’avion est en flamme. C’est ce rôle de cascadeur qui lui valut, quelques mois plus tard, de recevoir une proposition avec le scénario d’un certain « Projet G ». Mais ni le réalisateur Honda Ishiro, ni le responsable du casting ne furent en mesure de lui donner des détails sur le rôle qu’il aurait à interpréter. « Demandez à Tsuburaya », lui répondit le réalisateur.

« Passe ce costume et montre-moi comment tu bouges… »

À cette époque, Godzilla était encore un projet ultrasecret des studios de la Toho, nommé « Projet G » pour en garantir la confidentialité. Les effets spéciaux, à l’époque encore appelés tokushu gijutsu (littéralement « techniques spéciales »), alors qu’ils sont maintenant connus sous l’appellation tokusatsu (contraction de tokushu satsuei, « prises de vues spéciales ») devaient être supervisés par Tsuburaya Eiji, qui gagnerait bientôt son surnom de « dieu des tokusatsu ».

NAKAJIMA HARUO  Quand je suis allé voir M. Tsuburaya, le story-board ne faisait pas plus d’une dizaine de pages. Il m’a montré deux ou trois feuillets en me disant : « Ce sera dans ce genre-là. » Il m’a dit aussi : « Moi-même, je ne sais pas encore ce que ça donnera. Quand le personnage sera au point, tu mettras le costume et tu me montreras comment tu bouges. Je réfléchirai à une stratégie à partir de là. »

Godzilla (1954), le premier film de la série, co-réalisé par Honda Ishirô et Tsuburaya Eiji (effets spéciaux). Une nouvelle version numérique remastérisée est sortie en DVD / Blu-ray en 2014 à l’occasion du 60e anniversaire de la série. ©TOHO CO.,LTD.

Pour référence, Tsuburaya Eiji montra à Nakajima Haruo une copie du film King Kong. Mais alors que dans ce film américain de l’époque, le personnage était censé avoir une taille de 10 mètres, il en faisait 50 dans le concept initial de Godzilla.

NAKAJIMA  M. Tsuburaya m’avait mis en garde : « En tant qu’acteur, ne te préoccupe que de l’action et de comment tu vas te mouvoir. Moi, je m’occupe de la réalisation des effets spéciaux. C’est moi qui indique quand ça commence, tu devras te tenir prêt à tout moment. Le costume est assez lourd, ça ira ? » Refuser aurait voulu dire arrêter ce métier, alors j’ai dit : « Je le ferai. » Ça l’a mis de bonne humeur. « Faudra pas venir pleurnicher, hein… », il a ajouté. « Pas de problème », j’ai répondu.

Suite > Avec 100 kg de caoutchouc sur le dos

Tags

pop culture cinéma effets spéciaux

Autres articles de ce dossier