L’affaire Hakamada : un homme de 88 ans acquitté après sa condamnation à mort

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Hakamata Iwao en février dernier
Hakamada Iwao en février dernier

La justice japonaise a acquitté jeudi un homme de 88 ans après qu’il avait été condamné à mort pour le meurtre de quatre personnes en 1966.

Le tribunal du district de Shizuoka a déclaré que la culpabilité de Hakamada Iwao « n’était pas reconnue », estimant que les preuves de son implication avaient été falsifiées.

C’est la cinquième fois depuis la fin de la guerre qu’un individu au Japon est innocenté après que la peine capitale a été prononcée.

Hakamada Iwao, un ancien boxeur professionnel qui travaillait dans une usine de fabrication de miso (pâte de soja fermentée), avait été arrêté en 1966 car soupçonné d’avoir tué son patron, sa femme et ses deux enfants, et mis le feu à leur domicile. Il avait avoué le quadruple meurtre, mais s’était ensuite rétracté après avoir déclaré s’être fait maltraiter par la police.

Condamné à la peine capitale, il avait passé 46 ans dans le couloir de la mort, avant d’être libéré en 2014 à la suite d’analyses ADN. Celles-ci avaient montré que les taches de sang de cinq habits retrouvés dans un tonneau de miso 14 mois après le crime n’avaient aucun rapport avec celui-ci.

L'un des cinq habits qui avaient constitué la preuve de la culpabilité de Hakamata Iwao.
L’un des cinq habits qui avaient constitué la preuve de la culpabilité de Hakamada Iwao.

Si les procureurs ont fait appel de la décision, la Haute cour de Tokyo a rejeté leur demande. Mais en 2020 cependant, la Cour suprême lui a finalement renvoyé l’affaire et un nouveau procès s’est ouvert depuis octobre de l’année dernière, et le ministère public avait de nouveau requis la peine de mort.

Lors du verdict de ce 26 septembre, le tribunal de Shizuoka a estimé que les aveux de Hakamada « avaient été obtenus au prix d’interrogatoires inhumains aux lourdes conséquences sur sa santé mentale et physique, violant en même temps son droit de garder le silence et poussant à faire de fausses déclarations ». La cour a aussi souligné qu’il n’était pas possible de reconnaître que les vêtements aient pu garder leur teinte rougeâtre après avoir été trempés pendant plus d’un an dans un tonneau de miso.

Sa sœur Hideko, 91 ans, s’est toujours battue pour son faire innoncenter son frère, qui souffre de troubles dissociatifs sévères en raison de sa longue période d’emprisonnement. « Il ne nous reste plus beaucoup de temps à vivre, alors je demande à ce que Iwao puisse passer ses dernières années de manière décente, comme un être humain », avait-elle dit en mai dernier.

Les procureurs n’ont pas encore annoncé s’ils allaient faire appel de l’acquittement.

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