Stérilisations forcées sur des Japonais : « J’aurais aimé élever des enfants »

Société

La Cour suprême du Japon a tenu une audience en appel mercredi 29 mai sur cinq recours en justice contre l’État pour avoir procédé à des stérilisations dans les années 1960-1970 au nom de la « Loi de protection eugénique ».

Le président de la cour devrait prononcer son jugement durant cet été au plus tôt. La question est de savoir si le délai de prescription de 20 ans pour les demandes de dédommagement s’appliquent ou non dans le cas de violation de droits de l’homme et de discrimination émanant d’une politique nationale.

« Nous aimerions que votre décision puisse apporter un soulagement aux victimes », a dit Kita Saburô (nom d’emprunt), un plaignant de 81 ans qui avait dû subir une stérilisation forcée à l’âge de 14 ans. « Ma vie a été bouleversée à cause de ça. Je souffre depuis 67 ans maintenant », a-t-il dit.

Une autre plaignante, Nomura Hanako (également un nom d’emprunt), atteinte de surdité, s’est exprimée en langage des signes pour déclarer qu’elle avait été stérilisée sans le savoir. Elle a accusé la « Loi de protection eugénique » de n’être qu’un moyen de discriminer les personnes handicapées, et a dit qu’elle aurait voulu connaître une vie heureuse en élevant des enfants.

La « Loi de protection eugénique » a été en vigueur entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1970. Elle autorisait les stérilisations forcées dans l'« intérêt public » pour les personnes atteintes de handicaps mentaux héréditaires et d’autres pathologies d’ordre génétique. Certains membres de gouvernement de la période d’après-guerre craignaient que la qualité de la population japonaise se dégrade, et cherchaient à limiter au possible les risques d’une « mauvais sélection ». Environ 16 000 personnes ont ainsi subi des stérilisations sans leur consentement. La loi a été abrogée en 1996.

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